Jeudi, 28 mars 2024
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    En guise de bilan de l’année

    Coupe du monde de soccer. Les raisons pour annuler cette coupe du monde ne cessent de croître. Le directeur de la FIFA, Gianni Infantino, dans un long discours a tenté de justifier la tenue de la coupe en pratiquant l’inversion accusatoire, rappelant que les pays occidentaux portaient leur responsabilité dans leur manque de respect des droits de la personne, l’exploitation des travailleurs immigrés. Il n’a pas tort. Mais devant ce constat, Gianni Infantino  aurait pu adopter une attitude différente plutôt que de faire comme eux. Quand il est question d’argent, il n’y a aucune question d’âme. Et l’homme qui dit contrôler à 100% la coupe du monde, — et qui n’hésite pas à dire avec démagogie qu’il se sent qataris, arabe, africain, gai, handicapé et travailleur immigré —, a décidé de sanctionner les équipes dont les capitaines porteront des brassards arc-en-ciel. 


    Le Pays de Galle, la Belgique, le Danemark, l’Allemagne et la Suisse, qui avaient soutenu cette initiative ont demandé à leurs équipes de se plier au diktat du président de la FIFA et du Qatar. Pas vraiment une surprise, il était déjà écrit que le Qatar qui applique la charia ne ferait aucune concession face à ses règles religieuses.

    La coupe du monde de football au soccer représente l’emblème sans contexte de tout ce que nos sociétés doivent changer : 200 milliards de dépense, 3,6 millions de tonnes équivalent CO2 selon la FIFA, lié à la construction et à l’utilisation des stades, sans oublier le nombre des vols lorsque l’on sait que le transport contribue à 90% des émissions de gaz à effet de serre dont la moitié par le transport aérien. Ajoutons 6 500 travailleurs étrangers morts dans la construction des infrastructures, et bien évidemment, la situation des femmes et la condamnation de l’homosexualité par les autorités du Qatar, cette coupe du monde n’est pas celle du sport mais celle de la honte.
     
    Bien sûr, on pourrait citer aussi le nombre de pays dans lesquels rien ne change ou si peu pour les communautés 2SLGBTQ+, et ceux ou les droits et les libertés régressent comme en Russie ou en Hongrie.  Chez nous, on peut se féliciter de nos acquis, de la qualité de vie offerte aux populations 2SLGBTQ+, même s’il y a encore des améliorations à apporter pour celles et ceux de nos communautés qui souffrent encore de discrimination et de rejet dans leur famille, au travail ou même dans certains contextes spécifiques. 
     
    On peut se féliciter d’avoir un Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie, même si on attend le nouveau plan de lutte dont le dévoilement était prévu depuis 2021 et retardé pour cause de pandémie, puis pour cause d’élections, et là pour cause d’un changement de ministère responsable du Bureau de lutte. On passe du ministère de la Justice au ministère des Relations internationales et de la Francophonie, qui est aussi le ministère de la Condition féminine. Une bonne décision selon certain.e.s.
     
    Les raisons de ce changement seraient liées à la surcharge de dossiers du ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette. On a eu vent aussi que les relations entre le ministre et certains groupes communautaires, dont le Conseil québécois LGBT, n’étaient pas des plus harmonieuses. On compte beaucoup sur une meilleure écoute et une meilleure communication avec la nouvelle ministre responsable, Martine Biron. Cependant, compte tenu de ses fonctions de ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Martine Biron sera amenée à être conviée à toutes les grandes rencontres internationales. Il serait peut-être bon qu’une personne soit nommée pour être en charge plus spécifiquement du Bureau de lutte contre l’homophobie et de la transphobie, qui ne soit pas un.e fonctionnaire mais un.e politicien.ne.
     
    Bien sûr, pour les groupes communautaires 2SLGBTQ+, la ligne de revendications reste toujours la même, soit un meilleur financement. Ils pourraient aussi revenir sur le mandat du Bureau de lutte contre l’homophobie et de la transphobie en l’actualisant face aux nouvelles réalités et aux nouveaux défis quitte à en changer le nom. En réduisant sa mission à l’éducation et à la sensibilisation, de nombreux groupes 2SLGBTQ+ ne peuvent se qualifier pour des programmes de subvention. Ainsi Interligne qui est une ligne d’écoute nécessaire pour les personnes 2SLGBTQ+ n’est pas (encore) reconnu comme un organisme d’éducation ou de sensibilisation à la lutte contre les discriminations, ni comme une ressource en santé mentale. De même manière, les Archives gaies du Québec se retrouvent dans les craques du plancher : ni organisme culturel, ni organisme promouvant la diversité, les Archives restent sur le bord de l’autoroute. Certes, selon la mission de l’organisme, celui-ci peut se tourner vers le ministère qui se rapproche le plus de sa mission. Pour Interligne, il s’agirait du ministère responsable des Services sociaux qui ne reconnaît pas (encore) son statut comme ressource en santé mentale. 
     
    Rappelons que le Bureau de lutte contre l’homophobie et de la transphobie devait être à l’origine inter-ministériel et éviter ainsi le travail en silo, en somme de n’avoir qu’une seule porte d’entrée pour que chaque organisme soit soutenu et accompagné dans ses relations et se demandes avec chaque ministère concerné. Ce n’est toujours pas le cas.  On ne connaît pas encore le contenu du prochain plan de lutte. Et, avec retard pris, on peut s’attendre à ce que de nouvelles consultations soient faites avec les organismes communautaires. Il n’est pas certain, que ce plan de lutte voit le jour avant le printemps ou l’automne.
     
    Il serait bon que tout le monde se rassemble pour voir comment on pourrait élargir le mandat du Bureau de lutte et tenter d’éliminer les irritants qui tournent tant autour de l’attribution des subventions, que dans la communication. Il serait aussi peut-être bon que les organismes ne se sentent pas seuls face à ces irritants et que le Conseil québécois LGBTQ s’associent ou portent les dossiers au plus niveau comme ceux des Archives gaies du Québec ou d’Interligne.
     
    Ce petit bilan ne doit pas nous empêcher d’en profiter pour passer de très bons moments en cette fin d’année — en famille biologique et/ou choisie —, à la maison ou dans les restaurants et les bars du Village, car on l’aime le Village — avec ou non l’épithète gai  —, car il a toujours été inclusif. Et souhaitons-nous beaucoup de plaisir et beaucoup de sexe aussi — pourquoi se priver —, seul, à deux ou en groupe, car les rencontres avec les autres, dans un lit ou autour d’une bonne table, c’est un bon moyen de se remplir d’espoir, de joie et d’aborder la nouvelle année avec les batteries rechargées.  

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