Le gouvernement américain devra remettre en ligne des centaines de pages Web supprimées sous l’administration de Donald Trump, portant sur l’identité de genre, la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI). Cette décision découle d’un règlement judiciaire finalisé le 2 septembre, qui oblige le département de la Santé et des Services sociaux (HHS) à restaurer ces ressources effacées.
La juge fédérale Lauren King a statué que ces suppressions avaient privé le public, les médecins et les communautés marginalisées d’informations de santé vitales. Pour plusieurs associations médicales, il s’agit d’une victoire cruciale pour la transparence gouvernementale et l’accès équitable à l’information.
Des contenus ciblant les populations marginalisées, les pages disparues contenaient des données et outils essentiels :
• l’outil de réduction des risques du VIH des National Institutes of Health (NIH),
• une foire aux questions sur le traitement de la variole simienne (Mpox),
• des ressources pour les personnes transgenres et non binaires,
• des conseils liés à la santé reproductive, à la prévention des grossesses non désirées et à la consommation d’opioïdes.
Leur suppression avait alarmé les professionnels de santé, qui y voyaient une attaque directe contre les communautés les plus vulnérables, en particulier la population LGBTQ+, les personnes vivant avec le VIH et les minorités racisées déjà sous-desservies par le système de santé.
Le décret controversé de Trump
En janvier, Donald Trump avait signé un décret présidentiel obligeant le HHS à retirer de ses sites Web tout contenu relatif à l’identité de genre, au VIH et à la diversité. L’argument officiel évoquait la volonté de « rationaliser » l’information gouvernementale. Mais pour les plaignants, il s’agissait clairement d’une tentative d’effacer la reconnaissance institutionnelle des réalités LGBTQ+ et de freiner la diffusion de données de santé publique sensibles.
Cette démarche s’inscrivait dans une série de politiques adoptées par l’administration Trump visant à restreindre la portée des initiatives DEI, tant dans les institutions fédérales que dans les programmes de formation. Les critiques ont dénoncé une offensive idéologique contre les droits des minorités sexuelles et de genre.
Les plaignants : un front médical uni
Face à ce qu’ils considéraient comme un abus de pouvoir gouvernemental, neuf organisations médicales et de santé publique ont intenté une poursuite. La Washington State Medical Association (WSMA), la plus grande association médicale de l’État et chef de file du recours, a salué la décision de justice, déclarant être « ravie » du règlement.
Le président de la WSMA, le Dr John Bramhall, a affirmé être « extrêmement fier » de la communauté médicale pour avoir défendu l’accès libre aux données :
« Ce n’était pas une question partisane. L’information ouverte profite à tout le monde. Garantir sa disponibilité devrait être une priorité bipartisane. »
Parmi les autres plaignants figuraient l’Association des infirmières de l’État de Washington, la section locale de l’Académie américaine de pédiatrie, AcademyHealth, l’Association des infirmières en soins liés au VIH/sida, le Fast-Track Cities Institute, l’Association internationale des fournisseurs de soins en VIH/sida, le National LGBT Cancer Network et la Vermont Medical Society.
Impacts concrets des suppressions
La suppression des pages Web avait eu des effets concrets sur la santé publique. Des patients, des familles et même des cliniciens se sont retrouvés privés d’outils de prévention et d’informations fiables. Dans un contexte où la désinformation sur la santé circule abondamment en ligne, la disparition de ces ressources officielles a accru la vulnérabilité des populations ciblées.
Par exemple, le retrait des pages liées à la prévention du VIH a compromis l’accès à des stratégies de réduction des risques comme la PrEP (prophylaxie pré-exposition), pourtant reconnue comme un outil majeur pour freiner l’épidémie. De même, l’absence d’informations actualisées sur la variole simienne (Mpox) a nui à la réponse rapide lors de la flambée épidémique de 2022.
Un signal politique et symbolique
Ce règlement ne se limite pas à la restauration de quelques pages Web. Il envoie un signal fort : les données de santé publique ne doivent pas être soumises aux aléas de la politique partisane. Pour les associations médicales, il marque une reconnaissance du principe que l’information scientifique doit demeurer accessible, transparente et protégée contre les interférences idéologiques.
Il illustre aussi les tensions persistantes aux États-Unis autour des questions de diversité, d’équité et d’inclusion. Alors que certains États républicains tentent actuellement de limiter l’enseignement ou la reconnaissance institutionnelle des questions LGBTQ+, la décision rappelle l’importance d’un accès universel à des ressources fiables et inclusives.
Une portée au-delà de Washington
Bien que la poursuite ait été initiée par des organisations de l’État de Washington, ses effets s’étendront à l’échelle nationale. La remise en ligne des pages supprimées bénéficiera aux patients, aux cliniciens et aux chercheurs partout aux États-Unis.
Des centaines de pages devraient ainsi être restaurées dans les prochaines semaines, couvrant des thèmes variés : santé reproductive, données sur le VIH, prévention des dépendances, santé mentale et ressources pour les communautés LGBTQ+.
Le règlement imposant au gouvernement de restaurer ces contenus constitue une victoire importante pour la santé publique, la transparence et la reconnaissance des minorités. Il rappelle que l’accès équitable à l’information est une condition essentielle pour assurer la santé de tous et toutes, indépendamment de l’orientation sexuelle, de l’identité de genre ou du statut socio-économique.
Pour les associations médicales, ce jugement représente bien plus qu’un simple retour en arrière : il affirme la primauté du droit à l’information et établit un précédent contre toute tentative future de censure gouvernementale des données de santé.

