Jeudi, 13 novembre 2025
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    Léa Pool recevra l’IRIS hommage 2025

    La cinéaste Léa Pool sera honoré par l’IRIS HOMMAGE 2025, qu’elle recevra le 7 décembre prochain à l’occasion du 27e Gala Québec Cinéma. Ce prix vient célébrer une carrière de plus de 45 ans, marquée par une contribution exceptionnelle au rayonnement du cinéma québécois et portée par une sensibilité unique et un talent remarquable.

    « Depuis plus de 40 ans, Léa Pool pose sur le monde un regard sensible et humaniste à travers une œuvre d’une grande cohérence artistique», déclare Dominique Dugas, directeur général de Québec Cinéma. «La force, la liberté et l’émotion de son cinéma ont ouvert la voie à de nombreuses créatrices québécoises. La remise de l’Iris Hommage 2025 à cette grande cinéaste vient reconnaître l’apport au cinéma et à la société québécoise d’une artiste dont la voix résonne toujours avec autant de justesse et de profondeur. »

    Née en Suisse, arrivée au Québec en 1975 à l’âge de 25 ans, Léa Pool est l’une des plus grandes cinéastes québécoises. Par une démarche cinématographique originale et unique, elle a su imposer son nom, même si à l’époque de ses débuts, être une femme dans ce métier comportait son lot de défis. Aujourd’hui, avec une filmographie riche d’une vingtaine de longs métrages acclamés et primés dans les festivals du monde entier, Léa Pool compte parmi les plus importantes ambassadrices de sa terre d’adoption et du talent d’ici.

    Au Québec, peu de réalisatrices et de réalisateurs ont un parcours aussi dense et riche que le sien. Créatrice d’une œuvre où l’identité et l’intimité sont creusées à travers des personnages forts et complexes, avec ce style singulier, cette manière d’être qui lui est propre, Léa Pool ne raconte pas simplement des histoires, mais fait découvrir à chaque film un pan de l’âme humaine dans ce qu’elle a d’universel.

    Œuvrant dans le milieu cinématographique depuis 1978, Léa Pool a touché à la production, à la scénarisation et à la réalisation, et ce, autant en cinéma de fiction qu’en documentaire et en télévision. Pour Léa Pool, le cinéma est un art de passion, d’émotion et de sensibilité. Les histoires qu’elle raconte sont touchantes, sensuelles et passionnées. Depuis ses premiers films, elle nous fait réfléchir sur l’identité de genre, pose un regard précis, acéré, sur des parcours de personnages à la croisée des chemins, portés par des quêtes existentielles.

    Filmer le désir autrement

    De La femme de l’hôtel à On sera heureux (son plus récent film qui prend l’affiche en novembre) la cinéaste montréalaise Léa Pool n’a jamais cessé de sonder les zones grises du désir, de la solitude et de l’identité. Sans jamais se réclamer d’un cinéma militant, elle a pourtant offert au Québec certaines des représentations queer les plus sensibles et audacieuses de son époque.

    Quand Léa Pool signe La femme de l’hôtel en 1984, le paysage cinématographique québécois est encore dominé par les récits masculins. Dans ce film d’une grande subtilité, une réalisatrice en crise rencontre une jeune femme énigmatique dans un hôtel montréalais. Entre elles s’installe une tension, à la fois créatrice et sensuelle, que Pool filme sans jamais la nommer. Ce désir féminin implicite, souvent perçu comme le premier geste queer de son œuvre, reviendra sous différentes formes tout au long de sa carrière.

    Quatre ans plus tard, avec À corps perdu (1988), elle pousse plus loin cette exploration. Le film suit un photographe engagé dans une relation à trois avec une femme et un homme, entre passion et deuil. Rare pour son époque, cette histoire de bisexualité masculine et de polyamour aborde le corps et la mémoire comme des espaces politiques, bien avant que la fluidité sexuelle ne fasse partie du discours public.

    Dans les années 1990, Pool signe deux films charnières : Mouvements du désir (1994), une ode à l’intimité libre à bord d’un train, et Emporte-moi (1999), récit semi-autobiographique où une adolescente découvre son identité à travers le cinéma et ses premiers émois. Ce film, tout en délicatesse, est souvent lu comme une œuvre d’éveil queer, où la protagoniste cherche sa place dans un monde qui n’a pas encore les mots pour décrire ce qu’elle ressent.

    Avec Lost and Delirious (2001), Pool — tournée en anglais et atteint la reconnaissance internationale. Situé dans un pensionnat pour jeunes filles, le film raconte une passion lesbienne dévastée par la honte et le conformisme. Porté par Piper Perabo et Jessica Paré, il deviendra rapidement culte dans la culture lesbienne des années 2000, tout en marquant une génération de spectatrices queer.

    LOST AND DELIRIOUS

    Dans La passion d’Augustine (2015), Pool explore la foi et la révolte féminine dans un couvent québécois des années 1960. Derrière l’histoire d’une religieuse et de son élève musicienne se cache un sous-texte queer sur la tendresse, le désir et la transmission entre femmes.

    Son plus récent film, On sera heureux (2025), suit le parcours de Saad, un jeune marocain exilé au Québec, prêt à tout pour sauver l’homme qu’il aime, un réfugié iranien menacé d’être renvoyé dans son pays où une mort certaine l’attend. Pour tenter l’impossible, Saad entreprend de séduire un influent porte-parole du ministère de l’Immigration. Ce pari dangereux déclenche une série d’événements aussi intimes que politiques, où chaque décision engage bien plus que des sentiments. Léa Pool et le scénariste Michel Marc Bouchard combinent leurs talents pour raconter cette histoire à travers un sujet rarement exploré au cinéma, soit l’immigration des personnes réfugiées LGBTQ+.

    Même lorsqu’elle ne parle pas directement d’homosexualité, Léa Pool filme toujours les marges, la différence et la liberté du corps. Son cinéma respire la bienveillance, la poésie et le refus des étiquettes. De La femme de l’hôtel à On sera heureux, son œuvre compose une cartographie intime du désir féminin et queer, où aimer devient un acte d’émancipation. Un héritage discret mais essentiel, qui fait de Léa Pool l’une des grandes voix du cinéma LGBTQ+ québécois — avant même qu’on en prononce le nom.

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