Caroline Salette est une boule d’énergie qui n’hésite pas à bousculer son interlocuteur pour lui faire découvrir le meilleur de lui-même. Et pourtant cette courtière immobilière ne l’a pas toujours eu facile, mais sa vision de la vie et les choix qu’elle a faits selon ses cartes en mains ont fait d’elle, autant en affaires qu’à titre privé, une personnalité inspirante qui lui a valu le Phénicia Inspiration lors du gala Phénicia le 31 mai dernier.
«J’étais une enfant hyperactive, très sollicitée intellectuellement, mais je suis aussi une enfant du divorce», explique Caroline Salette. «Mon père réussissait en affaires comme gérant d’immeubles, mais une faillite colossale a complètement changé la donne. Dès 18 ans, j’ai travaillé à temps plein, j’avais une revanche à prendre; je me suis dit « la vie m’en doit une » et j’ai voulu être maître de mon destin. J’ai toujours pensé qu’il n’y avait pas de chance, pas d’opportunité, mais seulement le travail pour faire la différence.»
Caroline Salette rappelle en souriant qu’elle est une enfant de décembre, donc toujours en avance d’une année sur son cursus et donc, symboliquement, sur son temps. Ouvertement lesbienne, cette experte en courtage immobilier est une référence au Québec, mais aussi une conférencière et une formatrice reconnue. Courtier-propriétaire de six bureaux Re/Max Royal (Jordan), Caroline Salette gère près de 200 agents immobiliers avec cette énergie et cette passion qui font sa marque dans la profession depuis 27 ans. «Aujourd’hui encore, il existe peu d’exemples visibles de lesbienne issue du monde des affaires au Québec. Caroline Salette est un exemple duquel les entrepreneures de nos communautés peuvent s’inspirer», souligne Steve Foster, président de la CC-LGBT-Q.
Normal, donc banal
«Dès 14 ans, j’étais ouvertement gaie, raconte Caroline. Comme je ne voulais pas qu’on me critique pour m’affaiblir, j’ai fait le choix d’assumer ma différence pour ne pas prêter le flanc aux attaques.» Forte de caractère et ne manquant pas d’humour, elle n’a, de fait, jamais souffert de bullying à l’université. «Plus tu en parles, plus tu normalises la chose et plus ça devient banal. On s’est même entendu avec ma sœur, et ses enfants l’ont su tout de suite. Comme ça, tout le monde le sait. On passe un autre appel!», résume-t-elle en souriant. «Mon père a bien réagi en disant « on a quelque chose de plus en commun: on aime tous les deux les femmes! ». Ce fut plus difficile pour ma mère qui m’a demandé un peu plus de temps pour l’accepter. Maintenant, on s’entend très bien puisqu’elle est devenue mon adjointe. Nadia Ciancotti, ma femme, est aussi mon associée.» Nadia et Caroline se sont rencontrées en 2007 et mariées en 2013. «Je n’ai jamais perdu un client parce que j’étais gaie. Client ou courtier, notre part de féminité amène une approche plus pointilleuse voire titilleuse. Je pense que les courtiers qui ont du succès possèdent cette touche de sensibilité. D’ailleurs, beaucoup de femmes dirigent des agences immobilières.»
Comme une mère-poule
«C’est un métier ingrat; on n’est jamais « off », on travaille les soirs et les fins de semaine, mais c’est un métier passionnant parce que, pour moi, avant l’argent, il y a les gens! Ce travail demande un savant mélange de passion et de compassion, de sympathie et d’empathie, de rigueur mais aussi d’adaptabilité. Avec mes clients, je suis comme une mère-poule, affirme-t-elle en riant. Je veille à tous les détails pour les protéger. Et je ne compte plus le nombre de fois où des clients m’ont sauté au cou pour m’embrasser, ni ceux qui m’ont apporté des cadeaux…»
Selon Caroline, il y a quatre étapes dans la vie: «La survie où tu as peu d’argent et beaucoup d’enthousiasme. La stabilité vient quand on arrive à joindre les deux bouts en profitant un peu de la vie. La réalisation, quand on commence à être heureux dans ses choix de travail et ses projets. Enfin la signifiance, le besoin de reconnaissance, quand ce n’est plus l’argent qui nous drive…»
«Je voulais atteindre un certain podium, me prouver et prouver aux autres que j’étais capable d’avoir un certain niveau financier, d’atteindre un chiffre d’affaires. Tout dans la vie peut devenir un choix. Tu n’es pas obligé de garder la main quoiqu’il arrive. Une opportunité n’est jamais perdue, elle se crée. Ainsi, dans la vie en général comme au travail, il faut se créer une obligation volontaire, pour que ne pas faire quelque chose devienne plus pénible que de passer à l’acte…»
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