Mardi, 10 septembre 2024
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    FTA2024 – Carte noire nommée désir : En finir avec le regard des colonisateurs. 

    Le FTA a depuis longtemps présenté des œuvres coup de poing. Carte noire nommée désir en fait véritablement partie. La proposition de Rébecca Chaillon ne fait aucune concession, aucun compromis tant dans la mise en scène que dans le propos.

    Prend-elle le public en otage ? Peut-être, mais pour mieux nous demander de voir, d’écouter, de ne pas nous réfugier derrière une bien pensance trop lénifiante. Et les flèches touchent leurs cibles. Tant mieux pour certain.e.s, tant pis pour les autres. Et c’est pour cela que l’on remercie – presque à genoux – Rébecca Chaillon pour cette œuvre décapante, sulfureuse, provocante, sur le quotidien de femmes noires que nous ne voulons ni réellement voir ni réellement entendre.

    D’un côté de la scène, deux rangées de canapés sont réservées à des femmes noires, non-binaires, et métissées. On renverse les codes, les privilèges ne sont plus du côté des blancs. Celles qui choisissent de s’y rendre auront même le droit à une boisson de leur choix.

    Bien sûr, on parle d’un salon de coiffure où des femmes noires se rencontrent. Mais on oublie ce prétexte sinon par les très longs ajouts de tresses que Rébecca Chaillon se fait poser par les sept autres interprètes. On plonge dès le début dans le quotidien de ses femmes, qu’elles soient en France, ou encore dans leur pays où elles n’existent que dans le regard colonialiste que l’on pose sur elles. Déshumanisée à n’être que des femmes noires, qu’importe leur origine culturelle, femmes de ménage, nounous, ou encore phantasmes sexuels pour hommes blancs. Rien ne nous est épargné, non seulement par les propos, de très beaux monologues, mais par la force de la mise en scène, où le corps, trop longtemps fantasmé de ces femmes, devient un instrument de contestation, ou les codes coloniaux, imposés dans pour qu’elles se comportent comme de bonnes noires, explosent. Elles éclatent et s’éclatent sur scène, avec force, rage et ironie aussi (il y aussi un humour jouissif parfois), et révèlent une sororité insoupçonnée. Une espèce de chaos s’installe au fil de la représentation où se mêlent tous les arts et les genres, le chant, la danse, le cirque, la farce, le grotesque mais aussi le drame.

    Bien sûr, certain.e.s festivalier.ères se seront sentis pointé.e.s du doigt, mais ces paroles et ces gestes posés n’ont que faire de la sensibilité à préserver ou à protéger du public. Ces femmes veulent se faire entendre et se montrer. Rébecca Chaillon pose avec Carte noire du désir un geste d’affranchissement, de rébellion et de résistant. Dur mais nécessaire. À voir de toute urgence

    INFOS: Carte noire du désir, De et par Rébecca Chaillon
    Usine C, les Vendredi 24 mai à 19h, Samedi 25 mai à 19h, Dimanche 26 mai à 15h

    https://www.fta.ca

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