Le gouvernement de l’Alberta a publié une version révisée de son arrêté ministériel controversé sur l’interdiction de livres, après la tempête médiatique et citoyenne de la semaine dernière.
Un recul partiel après une controverse
À peine deux semaines après la rentrée scolaire, le gouvernement de Danielle Smith a dû corriger le tir. La première mouture de l’arrêté, dévoilée à la suite d’une fuite provenant de la commission scolaire d’Edmonton (EPSB), avait fait scandale : plus de 220 titres figuraient sur une liste de retrait, incluant des classiques comme The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood et Brave New World d’Aldous Huxley.
Face à l’indignation, la première ministre s’était défendue : « Nous ne voulons pas voir paraître chaque jour une nouvelle liste de livres qui déforme volontairement nos intentions », avait-elle déclaré en annonçant la suspension temporaire de la mesure.
Le nouvel arrêté, rendu public à l’occasion de la Journée mondiale de l’alphabétisation, vise à préciser quels livres pourront rester en bibliothèque scolaire et lesquels devront être retirés d’ici janvier.
Que disent les nouvelles règles?
Selon les directives révisées, les ouvrages contenant des images explicites d’actes sexuels devront être retirés des rayons. « Nous voulons nous assurer que les documents présentant des représentations visuelles extrêmement explicites d’activités sexuelles ne soient pas disponibles dans les bibliothèques scolaires », a expliqué le ministre de l’Éducation et de la Petite enfance, Demetrios Nicolaides.
La définition inclut dessins, peintures, illustrations, photos, images numériques et vidéos. Les ouvrages à caractère éducatif, comme les manuels d’anatomie, sont toutefois exemptés.
À l’origine, la directive visait aussi les descriptions écrites d’actes sexuels, ce qui avait entraîné la mise à l’index de centaines de titres. Interrogé sur ce changement, le ministre a répondu que les images posent davantage problème : « Une image peut être comprise à n’importe quel âge, alors que la compréhension du texte dépend du vocabulaire et du niveau scolaire. »
Parmi les exemples régulièrement cités par le gouvernement pour justifier sa démarche figurent Flamer de Mike Curato et Blankets de Craig Thompson.
Une inspiration venue des États-Unis
Or, selon des documents obtenus par la Fondation pour le journalisme d’enquête grâce à une demande d’accès à l’information, l’Alberta s’est inspirée de modèles… américains. L’IJF révèle que le ministère de l’Éducation a consulté des listes établies par Moms for Liberty et d’autres groupes prônant les « droits parentaux ». Ces listes visaient en grande partie des auteurs 2SLGBTQI+ et issus des communautés racisées.

