Le député républicain de l’État du Michigan, Josh Schriver, a déposé un projet de loi qui vise non seulement à bannir toute forme de pornographie en ligne, mais aussi à interdire toute « représentation, description ou simulation » de personnes trans.
Un projet de loi aux accents de censure extrême
Présenté jeudi dernier, le projet de loi 4938 — baptisé Anticorruption of Public Morals Act — interdit la diffusion de tout contenu pornographique « réel, animé, généré numériquement, écrit ou audio ». Seuls les usages médicaux, scientifiques ou académiques évalués par des pairs seraient exemptés.
Mais le texte contient une disposition encore plus inquiétante : il bannirait toute représentation d’une personne « dont le sexe biologique est en déconnexion avec son genre », citant le port de vêtements, l’utilisation de cosmétiques ou de prothèses, ou toute « nature reproductive contraire au sexe biologique de l’individu ». Autrement dit, cette mesure pourrait criminaliser la simple représentation de personnes trans et, potentiellement, inclure les drag queens.
Des sanctions démesurées
Le projet prévoit que les fournisseurs d’accès à Internet du Michigan installent une technologie de filtrage obligatoire, sous peine d’amendes de 500 000 $ par infraction.
Pour les particuliers, les sanctions sont drastiques :
- Première infraction : crime passible d’une amende de 100 000 $ et de 20 ans de prison.
- Au-delà de 100 contenus « prohibés » : jusqu’à 25 ans de prison et/ou 125 000 $ d’amende.
Dans un message publié le 12 septembre sur X (anciennement Twitter), Schriver a même précisé qu’il souhaitait inscrire les contrevenants au registre des délinquants sexuels.
Un élu obsédé par les droits LGBTQ+
Ce n’est pas la première fois que Schriver se fait remarquer. En février, il a tenté de faire adopter une résolution demandant à la Cour suprême d’annuler le mariage entre personnes de même sexe. En juillet, il a présenté le projet de loi 4751 visant à retirer les protections liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre de la loi des droits civils du Michigan.
Le projet de loi 4938 compte pour l’instant cinq co-parrains, tous républicains, et a été renvoyé au comité judiciaire de la Chambre de l’État. Aucun calendrier de discussion n’a encore été annoncé.
Une offensive conservatrice plus large
Si le texte était adopté, le Michigan deviendrait le premier État américain à instaurer un bannissement total de la pornographie en ligne. Déjà, 25 États imposent des mesures restrictives d’accès aux contenus sexuels — exigence de pièces d’identité, reconnaissance faciale ou vérification bancaire. Comme le souligne le média The 19th, ces lois touchent particulièrement les créateurs queer et trans, dont la visibilité est directement menacée.
Cette offensive s’inscrit dans une stratégie conservatrice plus vaste. Des élus républicains au Congrès ont récemment réintroduit l’Interstate Obscenity Definition Act (IODA), qui redéfinirait l’« obscénité » en droit américain pour inclure tout contenu sexuel. Une telle définition permettrait aux conservateurs de qualifier l’existence même des personnes trans comme « obscène ».
Une rhétorique calquée sur Project 2025
Cette initiative fait écho au plan politique Project 2025, élaboré par l’idéologue conservateur Russell Vought, qui assimile faussement les personnes trans à une menace pour les enfants et compare la transition de genre à de la pornographie. Dans cette logique, interdire la pornographie équivaudrait à invisibiliser purement et simplement les personnes trans.