Miss Major Griffin-Gracy, militante trans et figure historique du mouvement LGBTQIA+ américain, est décédée dimanche 13 octobre à son domicile de Little Rock, dans l’Arkansas, à l’âge de 78 ans. Son décès a été confirmé par ses proches sur les réseaux sociaux.
Considérée comme l’une des pionnières du militantisme trans aux États-Unis, Miss Major, souvent surnommée simplement « Mama Major », a consacré plus de cinq décennies à défendre les droits et la dignité des personnes trans, en particulier des femmes trans noires et des personnes incarcérées.
Née à Chicago en 1947, Miss Major Griffin-Gracy a connu dès son adolescence les violences policières, la discrimination et la précarité qui frappent les personnes trans racisées. Elle a participé en juin 1969 aux émeutes de Stonewall, à New York, considérées comme l’événement fondateur du mouvement moderne pour les droits LGBTQ+. Arrêtée lors de la descente de police, elle en gardera un engagement indéfectible pour celles et ceux que le système laisse derrière.
Sortie de prison après plusieurs années d’incarcération, elle s’est engagée dès les années 1980 auprès des personnes touchées par le VIH/sida, en créant les « Angels of Care », un réseau informel de femmes trans soutenant les malades abandonnés par les institutions. Elle a également participé à la mise en place de l’un des premiers programmes d’échange de seringues à San Francisco, alors que l’épidémie frappait de plein fouet les communautés marginalisées.
Directrice pendant plus de dix ans du Transgender Gender-Variant & Intersex Justice Project (TGIJP), elle a mené un combat constant contre les abus subis par les personnes trans en détention. En 2015, elle a fondé le House of GG (pour Griffin-Gracy Educational and Historical Center), un lieu de refuge et de formation à Little Rock destiné aux femmes trans du Sud des États-Unis.
Icône respectée du militantisme queer, Miss Major était connue pour son franc-parler, son humour et sa bienveillance. Beaucoup la considéraient comme une mère spirituelle, une aînée et une gardienne de la mémoire des luttes.
Son engagement, centré sur la survie, le soin et la solidarité, a marqué une génération entière d’activistes trans et queer, aux États-Unis comme à l’international. Des militantes comme Janet Mock, Raquel Willis ou Laverne Cox l’ont régulièrement citée comme source d’inspiration.
Le décès de Miss Major survient dans un contexte de durcissement législatif envers les personnes trans aux États-Unis. Plus de vingt États ont adopté ces dernières années des lois restreignant l’accès aux soins, à l’éducation inclusive ou à la pratique sportive pour les jeunes trans. Pour beaucoup, sa disparition rappelle l’importance de la transmission et de la solidarité face aux reculs en cours.
Au Québec, Fierté Montréal, a salué sa mémoire, rappelant que ses combats résonnent bien au-delà du contexte américain. « Aujourd’hui, nous rendons hommage à Miss Major Griffin-Gracy (1946–2025) pionnière des droits trans, militante infatigable et figure maternelle pour des générations entières. En 2018, nous avons eu l’immense honneur de la compter parmi nos co-présidentes d’honneur, en reconnaissance de son engagement exceptionnel et de l’impact de son militantisme sur nos communautés.»
Jusqu’à la fin, Miss Major a vécu entourée de sa compagne Beck Witt, de sa famille choisie et de ses enfants biologiques et adoptifs. Elle laisse derrière elle un héritage considérable et un réseau d’activistes décidés à poursuivre son œuvre.