Par Edward Sanger
Le 20 novembre, partout dans le monde, on célèbre la Journée du souvenir trans (Transgender Day of Remembrance). Un jour pour commémorer les personnes de la communauté transgenre qui ont été assassinées pour des motifs transphobes. Mais c’est aussi un jour pour montrer l’avancement des droits envers cette branche de la communauté LGBT+.
Tout a commencé par une personne. Rita Hester. Cette femme trans afro-américaine est née le 30 novembre 1963 dans la banlieue de New York. Très populaire dans le domaine de la performance, elle se produisait souvent dans les cabarets et les bars de Boston. Malheureusement, elle est décédée le 28 novembre 1998 à Allston, au Massachusetts. Elle a été retrouvée blessée à la poitrine par des coups de couteaux. Malgré l’intervention du personnel médical, elle décédera, à l’hôpital Beth Israel Deaconess Medical Center, d’un arrêt cardiaque.
Sur les lieux du crime, on constate qu’il y avait eu aucun vol. Et aucune trace d’entrée par infraction. On pense alors à un motif transphobe. En 2020, soit 22 ans après la mort de Rita Hester, le coupable n’a jamais été retrouvé.
Quelques mois après le crime contre elle, c’est l’événement d’octobre 1998 que Matthew Shepard, un jeune étudiant gay, a été torturé et battu à mort à Laramie, au Wyoming. Cet acte inhumain deviendra un symbole de combat pour la lutte contre l’homophobie.
Celui de Rita Hester n’est que le début pour la lutte contre la transphobie.
La Journée du souvenir trans
Le décès de Rita Hester a secoué la communauté noire. Le 4 décembre 1998, une veillée aux chandelles est organisée pour commémorer sa mémoire. Environ 250 personnes ont participé à l’événement.
La tragédie et l’histoire de Rita ont été publiées dans les journaux locaux, comme le Boston Herald et Bay Windows, par la fondatrice de GenderTalk Radio, Nancy Nangeroni.
De plus, l’artiste graphiste et militante pour les droits transgenres, Gwendolyn Anne Smith, a créé un projet web et une veillée à la chandelle à San Francisco, en 1999. Progressivement, ce geste évoluera en journée d’action international à tous les 20 novembre.
Durant ce jour, on commémore les victimes d’actes transphobes et on sensibilise les gens sur les crimes de haine contre la communauté transgenre.
La lutte dans nos droits
Des actes de transphobie peuvent se faire de plusieurs manières. De la violence physique ou verbale, un refus d’accès à des soins ou en soutien mental, un refus sur un entretien d’embauche ou encore par actes criminels.
Selon le site de Transrespect.org, sur un article publié le 11 novembre 2019, voici quelques chiffres alarmants sur les cas de transphobies dans le monde.
- 331 cas de meurtres entre le 1er octobre 2018 au 30 septembre 2019. Avec le Brésil pour 130 cas, le Mexique pour 63 cas et les États-Unis pour 31 cas.
- 3314 cas signalés entre le 1er juin 2008 et le 30 septembre 2019.
- Dans les 3314 cas signalés, 2608 ont été rapportés en Amérique du Sud. Vient en second l’Asie avec 282 cas et en troisième l’Amérique du Nord avec 250 cas.
- 1252 personnes ont été tirés. 653 ont été poignardés. Et 334 ont été battus.
- Aux États-Unis, 90 % des victimes déclarées sont des femmes trans de couleur et/ou amérindiennes.
Rappelons que La Charte des droits et des libertés de la personne, au Québec, interdit la discrimination sur l’identité ou l’expression de genre de la personne. Cela a permis la protection aux personnes transgenres face à la discrimination pour l’obtention d’un emploi, sur les lieux publics, les moyens de transport et vouloir louer ou acquérir un logement.
Un an plus tard, le 19 juin 2017, c’est au fédéral de protéger cette branche de la communauté en instaurant, dans la Loi canadienne sur les droits de la personne, que la discrimination sur l’identité ou l’expression de genre est interdite. Grâce à cela, un accès plus large est accordé aux ministères et les organismes fédéraux, les banques, les bureaux de postes, les douanes, les prisons et l’armée.
De plus, le système judiciaire a évolué. Les personnes coupables d’actes ou de crimes à caractères transphobes recevront des peines plus sévères. Car les juges considèrent que les crimes, la violence et les préjugés sur l’identité ou l’expression de genre sont accablantes et que les victimes doivent être épaulés par la justice.
Des personnalités marquantes
Plusieurs personnalités se sont démarquées pour mettre de l’avant les droits des personnes transgenres et de briser les barrières établies par la société. Voici quelques exemples de personnes trans inspirantes. Certaines ont défoncé les barrières pour accéder à certaines professions. D’autres militent pour une cause et viennent en aide aux gens. La plupart d’entre elles ont pris plusieurs fois la parole en public pour défendre les droits des personnes transgenres et contribuer à démystifier les préjugés.
- Russell Aurore Bouchard : écrivaine de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Elle aide beaucoup au Conseil des femmes de la Communauté métisse du Domaine du Roy et de la Seigneurie de Mingan. Son livre Fragments de mémoire raconte son parcours.
- Gabrielle Marion : youtubeuse québécoise, elle raconte son histoire sur sa transition de genre et sort son autobiographie, Je suis Gabrielle : confessions d’une trans comblée.
- Khate Lessard : la toute première participante transgenre d’Occupation Double. Elle brise tous les tabous sur l’émission par rapport à l’identité.
- Michèle Blanc femme d’affaires, spécialiste en commerce électronique et stratégie marketing, conférencière et blogueuse québécoise. Comme femme trans, elle a souvent pris la parole concernant la transidentité
- Viviane Namaste, chercheuse trans québécoise qui a publiéun livre sur la première génération de transexuelles entre 1955 et 1980
- Marie-Ève Baron, professeure au cégep et présidente de Fierté Montréal. En plus d’être professeure au cégep, Marie-Ève s’implique au Gris Montréal et à Fierté Montréal. Elle siège sur plusieurs conseils d’administration d’organismes, dont celui de Fierté Montréal.
- Julie Lemieux, mairesse de Très-Saint-Rédempteur, première mairesse ouvertement transgenre élue au Canada.
- Laith Ashley top modèle trans masculin. C’est le 4e homme trans a avoir fait la couverture de Fugues (en juin 2016), mais seulement le 2e à le faire en s’affichant comme tel. Il a maintenant une carrière internationale, dont deux comme visage/corps d’une ligne de sous-vêtements pour hommes.
- Marie Laure Leclercq : avocate spécialisée e droit de la propriété intellectuelle et passionnée de technologie Marie Laure Leclercq, Ad.E., est également une pionnière et un pilier de la communauté LGBTQ + et elle est engagée depuis plusieurs années à la cause des personnes issues des minorités sexuelles, notamment à travers l’Association du Barreau canadien et à la Chambre de commerce LGBT du Québec
- Zacharry-David Dufour vedette de l’émission de téléréalité et acteur. On l’a vu notamment dans la seconde saison de Féminin Féminin.
- Aya Kamikawa : écrivaine, elle est la première femme transgenre à être élu au conseil municipal dans la ville de Tokyo (Japon), en 2002.
- Jack Thompson : le premier homme transgenre à avoir remporté l’International Mr. Leather. Une photo prise de lui, portant un jock de cuir avec les couleurs du drapeau transgenre, où il montre fièrement son corps lors du concours.
- Isis King : vu à l’émission America’s Next Top Model, elle brise les barrières du mannequinat en étant la première femme transgenre de l’émission.
Malgré que la Journée du souvenir trans ne dure qu’une fois par année, des petits gestes et des grandes actions sont posés tout au long de l’année par de nombreuses personnes pour sensibiliser et honorer la mémoire des victimes. Le crime impuni sur Rita Hester montre à quel point les gens sont déterminés pour lever haut et fort leurs droits pour lui rendre hommage.