L’athlète de 20 ans, classé parmi les 100 meilleurs au monde, appelle à un changement de culture dans le sport pour mieux soutenir les athlètes LGBTQ+.
Pour la première fois, le jeune décathlonien norvégien Jonathan Hertwig-Ødegaard a pris la parole publiquement sur son expérience en tant qu’athlète ouvertement gai. Et il le fait avec franchise, tout en appelant la société à assumer sa part de responsabilité.
« Je suis fier et heureux d’être qui je suis », a-t-il déclaré à la chaîne publique NRK la semaine dernière. « Et si certaines personnes ont un problème avec ça, c’est leur problème, pas le mien. »
Un exploit personnel marquant
Âgé de 20 ans, Hertwig-Ødegaard a récemment franchi un cap important dans sa carrière. Lors des Championnats européens d’athlétisme U23 tenus à Bergen en juillet, il a obtenu des records personnels dans six des huit épreuves auxquelles il a participé, atteignant un total de 8 002 points — franchissant ainsi pour la première fois la barre symbolique des 8 000 points au décathlon.
Classé 81e au classement mondial par World Athletics, il s’apprête maintenant à participer aux Championnats nationaux norvégiens, où il sera aligné au 100 mètres, au 110 mètres haies, au lancer du disque, au saut à la perche et au javelot.
Être un modèle malgré lui
Hertwig-Ødegaard reconnaît qu’il peut inspirer d’autres jeunes sportifs queer, mais il remet en question le fait qu’on valorise tant le « courage » individuel des athlètes LGBTQ+.
« C’est bien de pouvoir être un modèle, mais j’espère qu’un jour, ce ne sera plus nécessaire », dit-il. « On attend des athlètes queer qu’ils soient braves et forts pour parler de leur orientation, mais c’est un peu déplacé. Ce n’est pas à l’individu de porter ce fardeau. La responsabilité revient à la société de créer un environnement où tout le monde se sent à l’aise d’être ouvert. »
Une visibilité essentielle
Il admet que s’il avait vu plus d’athlètes gais s’assumer lorsqu’il était plus jeune, ça aurait fait une différence.
« Pas forcément parce que j’avais besoin d’un modèle à admirer, mais juste pour voir que c’est tout à fait normal d’être gai et d’être un athlète d’élite. »
Aujourd’hui, il dit ne plus douter de lui-même. « Quand j’étais plus jeune, j’étais moins sûr de moi, je ne savais pas comment les autres allaient réagir. Maintenant, je suis en paix avec moi-même. »
Une médiatisation qui peut freiner plutôt qu’encourager
Alors qu’il s’apprête à entamer des études à l’Université du Texas, où il intégrera également l’équipe d’athlétisme, Hertwig-Ødegaard confie une préoccupation : le fait que l’attention médiatique autour des athlètes LGBTQ+ peut parfois produire l’effet inverse.
« Les médias trouvent ça génial de mettre en avant des athlètes gais. Mais toute cette attention peut aussi faire peur à d’autres, et les dissuader de faire leur coming out », explique-t-il. « Être ouvertement gai, ce n’est pas quelque chose de nouveau. Et d’ailleurs, il n’y a pas d’athlètes hétéros qui doivent “faire leur coming out”. »

