Jeudi, 4 Décembre 2025
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    Entrevue avec Maude et Gabrielle de NextChance

    En 2016, Maude Girard et Gabrielle Huppé étaient de nouvelles collègues dans une entreprise du milieu de la finance à Montréal. Au fil du temps, elles sont devenues un couple dans la vie.

    Presque dix ans et une pandémie plus tard, elles sont désormais partenaires d’affaires, attrapées au vol par Fugues en pleine préparation pour la période la plus occupée de l’année. Maude et Gabrielle sont les cofondatrices de NextChance, une petite entreprise qui transforme les retailles et les surplus des entrepôts textiles en emballages cadeaux et objets décoratifs élégants et réutilisables.

    Adolescente, Maude était déjà une aspirante femme d’affaires. Gabrielle, elle, était une environnementaliste convaincue qui avait mis sur pied un programme de recyclage à son école secondaire. Ensemble, elles voulaient lancer un projet aligné avec leurs valeurs sociales et environnementales, misant sur l’achat local, l’économie circulaire et la réduction du gaspillage.

    « Dans ma famille, au temps des Fêtes, on fait énormément de cadeaux. C’est un moment privilégié qu’on adore, on prend le temps de penser à tous les petits détails… mais ça fait beaucoup de cadeaux, donc beaucoup de papiers d’emballage qu’on jetait finalement, parce que la majorité ne sont pas recyclables, » se souvient Maude. « C’est de là qu’est venue l’idée… » « … de développer une gamme d’emballages réutilisables en tissu! » complète Gabrielle.

    La production textile est extrêmement gourmande en eau. À l’échelle planétaire, selon la fondation Ellen MacArthur, un OSBL britannique spécialisé en économie circulaire et en prévention du gaspillage, 73 % des textiles achetés finissent dans les sites d’enfouissement ou sont incinérés. D’après les recherches de marché des cofondatrices de NextChance, 12 % de la production mondiale de tissus est jetée avant même d’avoir servi.


    Leur mission : réduire le gaspillage textile en récupérant les retailles et surplus inutilisés de manufactures de vêtements et d’ateliers de mode, puis en transformant ces matériaux pour leur donner une seconde vie. Leurs fournisseurs sont presque exclusivement montréalais, et les produits sont entièrement fabriqués au Québec.

    Gabrielle a quitté son emploi en 2020; Maude a conservé le sien par prudence, tout en travaillant sur leur plan d’affaires durant ses temps libres. Quelques semaines avant la pandémie, elles se sont lancées. Fonder une entreprise en plein confinement a « développé notre résilience et notre capacité d’innovation, parce qu’on a dû sortir de notre plan initial et s’adapter », raconte Gabrielle. « On a lancé 100 % en ligne au lieu d’aller dans des points de vente, et ça nous a permis de valider notre concept. »

    Depuis sa création, NextChance a déjà sauvé plus de 45 500 mètres de textiles du dépotoir — « quinze fois la longueur du pont Jacques-Cartier », souligne Gabrielle avec fierté. Les tissus sont « transformés le moins possible » avant d’être cousus; les retailles restantes sont conservées pour la recherche et le développement.

    L’entreprise emploie aujourd’hui une quinzaine de personnes et produit une gamme colorée d’objets décoratifs, de sacs et d’emballages en tissu inspirés de la tradition japonaise du furoshiki, où des tissus soigneusement pliés sont utilisés pour emballer des cadeaux significatifs.

    Leurs produits sont offerts en ligne et dans 150 points de vente au Québec, et l’entreprise vise maintenant une expansion en Ontario.

    Les cofondatrices s’impliquent fièrement auprès de la Chambre de commerce LGBT de Montréal et des initiatives de la Fierté des entrepreneures, ainsi qu’auprès de la Chambre de commerce queer du Canada. Elles participent régulièrement à des panels et à des rencontres.

    « C’est vraiment important de célébrer qui on est et d’être transparentes avec qui on est, » affirme Gabrielle.

    Elle voit se développer autour de ces organisations une belle communauté d’entrepreneur·e·s queers et allié·e·s. « On a une façon créative de voir les choses, de voir la vie. C’est très enrichissant pour la société… surtout dans une économie où l’innovation est vraiment importante. »

    Gabrielle et Maude constatent aussi que les entrepreneur·e·s LGBTQ+, particulièrement celles qui sont femmes ou perçues comme telles, doivent encore composer avec certains préjugés hétérosexistes. Un conseiller financier leur a d’ailleurs lancé, en pleine rencontre pour un prêt de démarrage :« Le jour où vous allez trouver le bon gars, votre projet va tomber à l’eau. »

    « Je ne pense pas qu’il faut perdre trop de temps à s’en faire avec ça, mais ça n’a quand même pas de bon sens! » réagit Gabrielle. « Il y a toujours des préjugés, des biais inconscients, particulièrement envers les femmes, mais il ne faut pas que ça nous arrête. En prenant plus notre place, de manière positive, on va finir par faire tomber les plafonds de verre. »

    INFOS |  https://www.nextchance.ca/pages/points-de-vente

    Maude Girard et Gabrielle Huppé font partie des entrepreneur.es mis.es de l’avant par la Chambre de commerce LGBTQ du Québec dans le cadre du programme Fierté Entrepreneur.e.s 2ELGBTQI+.

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