C’est avec circonspection que Pierre fait l’examen d’une enveloppe matelassée anonyme reçue par la poste. D’un naturel solitaire, il ne compte que peu d’amis et, avant même d’en avoir examiné le contenu, il est donc quelque peu perplexe devant l’envoi postal.
La stupéfaction est donc à son comble lorsqu’il y découvre une montre qu’il avait offerte à Frédéric, un compagnon de classe avec lequel il avait tissé une relation amoureuse et clandestine, de même qu’une lettre qui lui est adressée.
Pourtant, Frédéric est décédé il y a plus de 40 ans: qui peut donc bien connaître le lien qui l’unissait à ce dernier et pourquoi lui faire un tel envoi? Aidée par une jeune Australienne de passage, une enquête se met rapidement en branle pour faire la lumière sur cet envoi mystérieux.
C’est également l’occasion pour Pierre de renouer avec son passé et d’en examiner un volet toujours douloureux. Il est cependant difficile de refermer une porte entrouverte et la vérité s’avèrera plus complexe que prévu.
Écrit sous la forme d’un journal personnel, amorcé suite à la réception de la missive, le roman de Jean-Louis Emmanuel Chassard adopte un ton naturaliste auquel s’ajoute une touche romantique pour lequel l’auteur ne cache d’ailleurs pas sa prédilection puisque son narrateur en fait ponctuellement l’apologie.
Très introspectif, le texte se lit rapidement et plonge le lecteur dans les débordements émotifs de deux jeunes étudiants de la fin des années 60, une époque qui se veut à la fois ouverte et singulièrement encore trop répressive.
Loin dans le temps / Jean-Luc Emmanuel Chassard.Plombières les bains – Ex Aequo, 2018. 119p.