Vendredi, 4 octobre 2024
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    Un sixième cas de rémission du VIH après une greffe de moelle osseuse

    Un homme, désigné comme « le patient de Genève », est en longue rémission du VIH après avoir reçu une greffe de moelle osseuse ne présentant pas une mutation connue pour bloquer le virus, une nouvelle qui ouvre potentiellement des pistes pour la recherche.

    Son cas a été présenté jeudi à Brisbane, en amont de la Conférence de la société internationale du sida qui s’ouvrira dimanche en Australie.

    Avant lui, cinq personnes ont déjà été considérées comme probablement guéries de l’infection par le VIH après avoir reçu une greffe de moelle.

    Les patients guéris avaient tous en commun une situation bien particulière. Ils étaient atteints de cancers du sang et ont bénéficié d’une greffe de cellules souches qui a renouvelé en profondeur leur système immunitaire.

    Mais à chaque fois, leur donneur présentait une mutation rare d’un gène dit CCR5 delta 32, une mutation génétique connue pour empêcher l’entrée du VIH dans les cellules.

    Pour le « patient de Genève », la donne est différente : en 2018, pour traiter une forme particulièrement agressive de leucémie, il a bénéficié d’une greffe de cellules souches.

    Mais cette fois, la greffe a été issue d’un donneur non porteur de la fameuse mutation CCR5.

    Ainsi, contrairement aux cellules des autres personnes considérées guéries, celles de la personne donneuse permettaient théoriquement au VIH de se reproduire.

    Et pourtant, le virus reste indétectable 20 mois après l’interruption du traitement antirétroviral chez ce patient suivi aux Hôpitaux universitaires de Genève, en collaboration avec l’Institut Pasteur, l’Institut Cochin et le consortium international IciStem.

    Son traitement antirétroviral a été progressivement allégé et définitivement arrêté en novembre 2021.

    Et les analyses réalisées pendant les 20 mois qui ont suivi l’arrêt du traitement n’ont détecté ni particules virales, ni réservoir viral activable, ni augmentation des réponses immunitaires contre le virus dans l’organisme de cette personne.

    Les équipes scientifiques ne peuvent exclure que le virus persiste encore, mais elles considèrent qu’il s’agit là d’une nouvelle rémission de l’infection par le VIH.

    « Surveillé de près »

    D’autres patients ayant le VIH avaient bénéficié avant lui de greffes de moelle sans la fameuse mutation protectrice.

    Mais « le virus était réapparu au bout de quelques mois », indique à l’AFP Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur.

    « On considère que quand on dépasse les 12 mois d’indétectabilité du virus, la probabilité qu’il reste indétectable à l’avenir augmente nettement », ajoute-t-il.

    Comment expliquer un tel phénomène chez ce patient ? Plusieurs hypothèses sont sur la table.

    « Dans ce cas précis, peut-être que la greffe a permis d’éliminer toutes les cellules infectées sans besoin de la fameuse mutation », avance M. Sáez-Cirión. « Ou peut-être que son traitement immunosuppresseur, nécessaire après la greffe, a joué un rôle ».

    Cette longue rémission est « encourageante » mais « un seul virion (une particule virale infectieuse, ndlr) peut entraîner un rebond du virus », a mis en garde Sharon Lewin, présidente de la Conférence de la société internationale du sida.

    Ce patient « devra être surveillé de près au cours des prochains mois, voire des prochaines années. La probabilité d’un rebond est impossible à prédire », a-t-elle ajouté.

    Si ces rémissions nourrissent l’espoir de venir un jour à bout du VIH, une greffe de moelle osseuse reste une opération très lourde et risquée : elle n’est pas adaptable à la plupart des porteurs du virus.

    Ces cas ouvrent tout de même de nouvelles pistes de recherche, comme le rôle possible que pourraient jouer des traitements immunosuppresseurs.

    « Cela nous incite aussi à continuer d’étudier certaines cellules de l’immunité innée » (la première barrière de défense vis-à-vis de divers agents pathogènes, ndlr), susceptibles d’influer sur le contrôle du virus, ajoute Asier Sáez-Cirión.

    Le patient de Genève, qui vivait avec le VIH depuis le début des années 1990, souhaite pour le moment rester anonyme. « Ce qui m’arrive est magnifique, magique », a-t-il simplement réagi dans un communiqué de l’Institut Pasteur.

    S’ils ne permettent pas de guérir de l’infection à VIH, les traitements antirétroviraux sont aujourd’hui suffisamment puissants pour permettre aux personnes séropositives d’avoir une espérance de vie équivalente aux personnes non infectées. Elles ne transmettent plus le VIH. Mais, faute de moyens suffisants au niveau mondial, on estime que 40 % des personnes séropositives dans le monde n’ont toujours pas accès à ces traitements.

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