La chorégraphe brésilienne, Lia Rodrigues, disait à propos de son spectacle Encantado*, que l’on peut résister dans la joie. C’est exactement ce que propose une autre chorégraphe, ivoirienne celle-ci, Nadia Beugré avec Prophétique (on est déjà né.es) réunissant sur scène des danseurs.euses professionnel.e.s et amateur.ices africain.e.s mais aussi belges dans le cadre du FTA 2024.
Pour les secondes, elles sont coiffeuses pour survivre et le soir elles se lâchent sur scène comme des drags. La situation de beaucoup de trans en Afrique. Et c’est leur quotidien transfiguré par la chorégraphie et la scénographie de Nadia Beugré qui nous est livré dans une belle folie qui fait sauter les verrous des codes hétéronormatifs.
Prophétique s’ouvre sur la fête, avec un danseur qui est aussi le DJ. Les danseuses rivalisent de prouesses chorégraphiques et acrobatiques sans aucune prétention sinon celle d’embarquer le public à participer, à réagir. Mais derrière la fête, ces moments où l’on peut oublier un quotidien beaucoup moins joyeux, se dessinent peu à peu la réalité de ces femmes trans, réduites à survivre dans une société intolérante. Mais qu’on se rassure, Prophétique ne tombe pas dans le pathos, cette réalité est évoquée mais jamais surlignée puisque que l’espoir se situe dans la fête, les rencontres des autres, entre autres le public du FTA.
Malgré un contexte plutôt sombre, la scène, la danse, les costumes, le maquillage sont non seulement un des contextes de liberté mais aussi d’espoir si on prend la peine de laisser tomber nos biais qu’ils soient colonialistes, hétéronormés. Une bouffée d’air et de partage salutaire.
*Encantado de Lia Rodrigues a été présenté au FTA en 2023
INFOS : www.FTA.ca