Sans prétention, la drag queen montréalaise Uma Gahd se présente comme la matante non officielle préférée de tout le monde, un personnage hippie et rétro avec un minuscule côté alternatif. Vous pourrez découvrir l’étendue de son talent lors de la 5e saison de Canada’s Drag Race, qui est arrivée sur les ondes de Crave Canada le 21 novembre dernier.
Comment as-tu réagi en apprenant que tu étais sélectionnée pour participer à Drag Race ?
Uma Gahd : Il faut savoir que j’auditionne pour l’émission depuis la première saison. Quelques fois, j’étais très proche d’être choisie, d’autres fois, pas du tout. On ne sait jamais à quoi s’attendre quand on fait ce processus. Lorsque j’ai reçu l’appel, j’ai senti que les cinq ans de pression que je m’imposais venaient d’éclater.
Sais-tu ce qui a fait la différence cette année ?
Uma Gahd : C’est assez difficile à dire. Dans les téléréalités, ils cherchent un cast qui va bien travailler ensemble. Essentiellement, de la téléréalité, ça ressemble à de l’improvisation. Ça prend des artistes prêtes à travailler pour elles-mêmes et pour les autres. En fonction de ce que la production veut mettre de l’avant.
Quel défi avais-tu le plus hâte de faire et lequel craignais-tu ?
Uma Gahd : J’avais vraiment hâte de faire un défi de jeu pour mettre de l’avant mes capacités d’interprète. À l’inverse, comme j’ai un bagage en danse, mais que ça fait très longtemps que je n’ai pas suivi de cours ni donné un show de danse, ce genre de défi me faisait peur. Mes attentes étaient très élevées et je ne voulais pas me planter !
Allais-tu à l’émission dans l’objectif de gagner à tout prix ?
Uma Gahd : Moi, je suis là pour Uma’s best friends race ! Je voulais célébrer l’art de la drag. Bien sûr, il peut y avoir du drame avec n’importe quel groupe d’artistes ou de personnes queers. On le fait bien, naturellement, mais mon but était de mettre en lumière les artistes qui évoluent devant une audience mondiale. Je voulais montrer que la drag n’est pas seulement du drame. C’est un art, un métier, une communauté.
Raconte-nous les débuts de Uma Gahd dans le monde de la drag.
Uma Gahd : Comme j’avais de l’homophobie et de la femphobie internalisées, je n’avais aucun intérêt à faire de la drag. Mais quand j’ai déménagé à Montréal, en 2007, j’ai commencé à danser pour des artistes de drag, dont Jimmy Moore. C’est là que j’ai compris que la drag n’était pas juste d’être bitch sur scène ou de se sexualiser devant les gens. Ça peut aussi être une business, un art et une expression de soi. Cela dit, je ne voulais pas en faire moi-même, à ce moment-là.
Qu’est-ce qui a renversé la vapeur pour que tu tentes le coup ?
Uma Gahd : Un jour, j’ai participé à une production live du Rocky Horror Picture Show. Je jouais Rocky. Une drag queen interprétait Frank-N-Further. On ne s’aimait pas du tout au début. Au point où ça créait un gros malaise dans le cast. Puis, lors de notre premier show, on devait s’embrasser : un faux pas s’est produit et sa langue s’est trouvée dans mes narines! Le public a trouvé ça hilarant et tout a changé entre nous. On est devenues des amies. Elle m’a invitée à jouer dans une pièce de théâtre au Fringe Montréal en drag. Ça ne m’intéressait pas. Elle m’a alors dit que ce seraient quelques soirs seulement et que je n’aurais plus jamais à faire de la drag ensuite. J’ai accepté et, finalement, je n’ai jamais arrêté depuis 10 ans !
Qui est Uma Gahd ?
CUma Gahd : C’est la matante non officielle préférée des gens ! Dans la vie, je fais toujours le contraire de tout le monde. Je dois faire les choses à ma manière. Alors, quand j’ai commencé la drag, je ne voulais pas monter sur scène pour être bitch, sexy ou Britney Spears. Je voulais que le public voit une matante qu’il aime et que les gens se sentent bien dans mon espace. Mon esthétique est très rétro, tirée des années 1960-1970, avec un petit côté alternatif. C’était une hippie dans le passé. C’est un personnage chaleureux, charmant et accueillant.
Tu as présenté ta pièce Are You There Margaret? It’s Me, Gahd au Edinburgh Fringe Festival. Ça parle de quoi ?
Uma Gahd : Ça parle de plusieurs thèmes : Facebook, famille, féminisme, fame and failed mariages. C’est l’histoire d’Uma, d’où elle vient, comment elle a commencé dans le show-business et à quoi ressemble sa vie maintenant. J’ai été invitée à présenter la pièce au Fringe de Édimbourg 10 ans après avoir commencé la drag au Fringe de Montréal. J’ai bouclé la boucle. Je n’aurais jamais rêvé à ça ! Le Fringe en Écosse est le plus gros du monde. En 2023, quand j’y ai participé, il y avait presque 3 000 pièces de théâtre. Il y avait beaucoup de compétition. Je n’avais aucun following local ni de contacts. Malgré tout, j’ai réussi à présenter trois soirées sold-out. Ça a été un grand succès.
Quelles sont tes attentes pour l’après Drag Race?
Uma Gahd : J’ai commencé la drag en théâtre et en animation. Aller sur Canada’s Drag Race était tout un défi en soi, mais je cherche également à obtenir une visibilité qui va m’aider à faire voyager mes pièces ailleurs dans le monde. Je veux aussi présenter de l’art et de la culture queer dans les petites villes, puisque je viens d’un village, Saint-Pascal-Baylon, en Ontario.
Outre Canada’s Drag Race, quels sont tes projets à venir ?
Uma Gahd : Chaque mois, je participe à un drag brunch pour des personnes de tous les âges au Robin des bois. Ce n’est pas spécifiquement pour les enfants, mais tout le monde est bienvenu. Des ados viennent nous voir avec leurs amis. Des familles avec les matantes et les grands-mères viennent aussi. Le prochain aura lieu le 14 décembre 2024. Je vais aussi commencer le Uma Gahd Show, un spectacle de variétés dans l’esprit des shows de Carol Burnett, au Wiggle Room, au début 2025. J’ai un amour profond pour elle. Et je vais retourner au Fringe d’Édimbourg avec ma pièce l’année prochaine.
INFOS | https://www.instagram.com/umagahd/
UMA GAHD est la seule candidate de Montréal du concours télé Canada’s Drag Race, diffusé chaque jeudi soir sur CRAVE.
Vous pouvez l’encourager en assistant aux projections publiques qui ont lieu aux bars Le Cocktail et le District Vidéo Lounge dans le Village. Il est recomandé d’arriver tôt, comme les places sont limitées.