L’action se déroule à New York sur une période de un an, soit de janvier à décembre 1990, et relate le parcours de deux jeunes hommes alors qu’ils apprivoisent leur identité, leur sexualité, mais également l’homophobie et le sida, alors à son apogée, qui frappe insidieusement et sans distinction.
Ben est âgé de 18 ans et est confronté à un choix déchirant après que sa mère eut découvert des revues gaies cachées dans sa chambre : nier ce qu’il est et vivre dans la honte ou abandonner la sécurité du foyer familial ? Il prend donc la route de The Big Apple et se réfugie chez son frère, où il s’initie à la photographie de mode. Adam, de son côté, a 17 ans et est né dans une famille qui l’accepte pleinement : il travaille dans un club vidéo, où il s’abreuve des clichés du cinéma. C’est justement dans cet antre du septième art qu’il rencontre Callum, un musicien qui lui tombe dans l’œil et avec qui il va vivre son premier amour. L’avenir semble tracé sur le papier à musique des comédies romantiques, jusqu’à ce que Callum disparaisse inexplicablement.
C’est sans surprise que l’on découvre que ce dernier est gravement malade et c’est au détour d’une rencontre fortuite, à proximité de l’hôpital, qu’une amitié tenace se noue entre Ben et Adam. Le roman joue avec adresse sur plusieurs tableaux : la découverte identitaire, l’exubérance et les dangers de la ville, une exploration de la culture gaie, l’homophobie et, en trame de fond, l’inéluctable réalité du sida.
Les descriptions de New York sont par ailleurs à ce point tangibles, allant de l’odeur des pizzas au bruit des klaxons, en passant par les discothèques et les bars, à tel point qu’on s’y croirait presque. Le titre prend sa source dans les paroles de la chanson de Madonna « Like a Prayer » et évoque éloquemment la force et la puissance inébranlables des amitiés qui se construisent au sein des communautés LGBT.
Le roman se lit d’une traite et inutile de préciser qu’il comporte sa part de moments bouleversants, sans jamais sombrer dans le pathos. Je défie cependant quiconque d’en faire lecture sans verser une larme.
INFOS | When you call my name / Tucker Shaw. [France] : Ellipsis, 2024, 383 p.