Jeudi, 25 septembre 2025
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    L’évolution de la reconnaissance des identités

    L’évolution de la reconnaissance des identités dans le mouvement LGBTQIA+  témoigne d’une prise de conscience croissante des diverses orientations sexuelles et identités de genre. Initialement centrée sur l’homosexualité masculine et féminine (lesbiennes, gais), l’acronyme s’est enrichi pour inclure les personnes bisexuelles, transgenres, queer, intersexes, asexuelles, et bien d’autres, symbolisées par le «+». Cette évolution reflète une lutte pour la visibilité, la reconnaissance, et l’égalité des droits pour toutes les personnes dont l’identité de genre ou l’orientation sexuelle diffère de la norme hétérosexuelle et cisgenre. 

    À mesure que la société développe une compréhension plus inclusive des identités sexuelles et des expressions de genre, l’acronyme utilisé pour les désigner évolue lui aussi. Les mots employés pour désigner la communauté composée de personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers, intersexes et asexuelles sont aussi variés que la communauté elle-même. Au fur et à mesure que la société reconnaît et intègre la diversité des identités sexuelles et de genre, l’acronyme s’allonge pour refléter cette ouverture. Voici un survol de cette évolution — et pourquoi il est presque certain que ce terme continuera à changer.

    Comment le lesbianisme a-t-il obtenu son nom ?
    Parmi toutes les lettres de l’acronyme LGBTQ, le « L » est le plus ancien. Pendant des siècles, le mot a été associé aux œuvres de Sappho, une poétesse grecque antique de l’île de Lesbos, qui écrivait sur l’amour entre femmes. L’usage le plus ancien du mot pour désigner l’amour entre personnes de même sexe remonte au 17e siècle. Mais son usage moderne est apparu vers les années 1890, dans un dictionnaire médical anglophone, ainsi que dans des ouvrages de psychologie et de sexualité. Il a ensuite été adopté par des femmes qui, d’abord en cachette, puis ouvertement, aimaient d’autres femmes.

    Karl Heinrich Ulrichs

    L’apparition de « l’homosexualité » et de la « bisexualité »
    Karl Heinrich Ulrichs, un juriste et écrivain allemand du 19e siècle (qui s’identifiait peut-être comme gai), fut l’un des premiers à vouloir nommer sa propre communauté. Dès 1862, il utilise le terme « Urning » pour désigner les hommes attirés par les hommes. « Nous, les Urnings, constituons une classe particulière du genre humain », écrivait-il. « Nous sommes notre propre genre, un troisième sexe. »
    Mais ce mot a rapidement été remplacé par un terme inventé par le journaliste austro-hongrois Karoly Maria Kertbeny.

    En 1869, le gouvernement prussien envisageait d’interdire les relations sexuelles entre hommes dans sa Constitution. En réponse, Kertbeny écrivit une lettre ouverte anonyme au ministre prussien de la Justice, dénonçant ce projet de loi comme « un non-sens choquant ». Il y utilisa le mot « homosexualité », qu’il avait auparavant forgé dans une lettre privée à Ulrichs. Il est aussi l’auteur des termes « hétérosexuel » et « bisexuel ». Sa lettre affirmait que l’attirance pour les personnes de même sexe était innée et contestait l’idée que cela soit honteux ou nuisible. Ces mots ont été adoptés plus tard par les premiers mouvements pour les droits des personnes gaies et par le milieu émergent de la psychologie.

    Le mot « gai » : la réappropriation d’une insulte
    À la fin des années 1960, les militants ont réclamé un mot qui avait longtemps servi d’insulte : « gai ». Tout au long du 20e siècle, les relations homosexuelles étaient en grande partie criminalisées et les insultes envers les personnes LGBTQ+ étaient fréquentes. Malgré ses origines floues, le mot « gai » a été repris fièrement par des hommes qui affichaient
    ouvertement leur amour pour d’autres hommes.

    D’autres termes comme « variant social », « déviant » ou encore « homophile » (qui signifie « amour identique ») ont aussi été utilisés afin de contourner les insultes, insister sur la dimension affective des relations entre personnes de même sexe et contester les lois discriminatoires. Selon le sociologue J. Todd Ormsbee, ces mots permettaient à chacun de mieux comprendre sa propre expérience d’être homosexuel dans une société homophobe.

    D’après l’essayiste Edmund White, le mot « gai » avait, dès 1980, surpassé les autres. Il croyait que c’était en partie parce qu’il ne faisait pas référence directement à la sexualité. Le mot s’est ensuite élargi pour désigner toutes personnes ayant une préférence pour le même genre ou une identité de genre divergente.

    Karoly Maria Kertbeny

    L’intégration du terme « transgenre »
    Dans les années 1990, la solidarité historique entre les personnes lesbiennes, gaies et
    bisexuelles, autant dans leur quotidien que dans les luttes pour la libération, a favorisé la
    diffusion de l’acronyme LGB. Mais il a fallu plus de temps pour qu’un autre mot s’y ajoute :
    « transgenre ».

    Même si les personnes trans existent depuis toujours, le mot « transgenre » n’est apparu qu’au courant des années 1960. Les chercheurs l’ont repéré pour la première fois dans un manuel de psychologie de 1965. Il a été popularisé par des militantes transféminines comme Virginia Prince, qui défendait l’idée que le sexe biologique et le genre constituent deux choses distinctes. Ce terme a fini par remplacer d’autres mots péjoratifs ou réducteurs et a été de plus en plus adopté dans le mouvement LGBT à partir des années 2000.

    L’entrée du mot « queer » dans le langage courant
    Plus récemment, la lettre « Q » a été ajoutée à l’acronyme. Utilisé depuis au moins les années 1910, « queer » servait autrefois à marginaliser celles et ceux qui ne se conformaient pas aux normes hétérosexuelles. Mais, dès les années 1990, des militant.e.s ont commencé à se le réapproprier.

    Le linguiste Gregory Coles note que le mot peut être à la fois péjoratif ou valorisant, selon l’intention de la personne qui l’utilise. Les chercheurs s’entendent pour dire que le mot « queer » a été récupéré avec fierté par la communauté. « Q » peut aussi faire référence à « en questionnement », pour inclure les personnes qui explorent leur identité sexuelle ou de genre. Cette double signification souligne un débat plus large sur la notion d’identité personnelle — et sur la pertinence ou non d’utiliser des termes parapluies comme LGBTQ pour englober des vécus si diversifiés.

    Sappho

    Une évolution qui se poursuit
    De nouvelles lettres s’ajoutent régulièrement pour inclure encore plus de membres de la communauté. On voit maintenant un signe « + », ou les lettres I (pour intersexe) et A (pour asexuel), afin d’englober une plus grande diversité d’identités sexuelles et de genres. L’acronyme fait aussi l’objet de critiques, surtout chez celles et ceux qui croient qu’aucun mot ne peut véritablement représenter tout le spectre de l’expression de genre et de la sexualité. Plusieurs organisations, dont les National Institutes of Health aux États-Unis, utilisent maintenant le terme « minorités sexuelles et de genre » pour être encore plus inclusives.

    Une chose est certaine : les mots qu’on utilise pour décrire les identités et les expressions de genre continueront d’évoluer. Comme l’a écrit un comité des Académies nationales des sciences, de l’ingénierie et de la médecine en 2020 : « Aucun terme n’est parfait ou parfaitement inclusif. La beauté de l’individualité, c’est que l’expression de soi, ainsi que les choix personnels et romantiques, peuvent se manifester de mille façons. »

    Actuellement, au Québec et au Canada, le sigle LGBTQ+ est actuellement l’un des termes d’identification les plus utilisés. Cela dit, d’autres sigles dont 2ELGTQIA+ qui intègre les personnes bi-spirituelles et LGBTQI2SNBA+ pour lesbienne, gai, bisexuel, trans, queer (mais parfois pour « en questionnement »), intersexe, bispirituel, non binaire, asexuel ou autres. Les définitions peuvent varier d’un groupe ou d’une référence à l’autre. Le vocabulaire associé à la diversité liée au sexe assigné à la naissance, à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre est en constante évolution. En terminant, rappelons que c’est à la personne de choisir les meilleurs mots pour désigner son orientation sexuelle et son identité de genre, et non à autrui.

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