Mardi, 3 décembre 2024
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    Survol nostalgique du nightlife dans le Village : 1984-2014

    L’histoire du magazine Fugues est indissociable à la vie de nuit du Village, dont on situe l’émergence à l’hiver 1982, tout juste deux ans avant celle du magazine. Dans chaque édition de Fugues, de ses débuts à aujourd’hui, on retrouve des publicités des bars, des reportages écrits et des photos, ainsi qu’une liste commentée des établissements, et ce, encore aujourd’hui. À l’occasion de l’anniversaire de Fugues, qui documente le nightlife depuis quatre décennies, voici un petit retour partiel sur quelques-uns des nombreux établissements-phares du passé, qui ont marqué la vie du quartier et son nightlife et s’adressaient spécifiquement à une clientèle gaie.

    La Boite en Haut
    Présent dans le quartier avant qu’on nomme celui-ci le Village, La Boîte en Haut a ouvert ses portes au deuxième étage de la partie est de l’actuel Sky, le 11 novembre 1975. Premier bar gai du quartier l’établissement dont l’entrée était située sur Alexandre-De-Sève a présenté des spectacles, des soirées de drags (appelées travestis à l’époque) et des DJs jusqu’en 1993. Avant l’arrivée de la discothèque 1681, du bar de danseurs Les 2 R et du Max, aux alentours des années 1981 et 1982, La Boîte en Haut et Priape étaient les rares commerces du secteur destinés à la clientèle LGBTQ+ (à l’époque on disait simplement gai). Le propriétaire du bar, Yvon Jussaume, fondera par la suite le Lounge L’Un et l’Autre (qui portera un temps le nom Gotha Lounge , occupé par le bar Minéral actuellement) et l’Auberge du même nom située au-dessus, sur Atateken, ainsi que l’auberge Sir Montcalm (avec son associé André Bergeron). Yvon Jussaume prendra officiellement sa retraite du milieu au début de 2020, après 50 ans dans le domaine des bars.

    Le Max
    Vibrant au rythme de la nuit, entre les rues Montcalm et Wolfe, le Max a fait partie du nightlife du Village de 1982 à 1996. Paul Haince en était le propriétaire. Dans ses années les plus glorieuses, au cours de l’époque présida, on y allait pour la musique dance la plus hot du moment et pour espérer croiser une vedette musicale venue faire une apparition surprise. Contrairement aux bars gais du centre-ville qui étaient un peu plus chics, le décor du Max était minimal, plus industriel, avec des murs en béton. Certains des premiers partys thématiques (cuir, athlétique, etc.) y ont vu le jour.  La jeune Céline Dion est venue chanter un soir dans le cadre de la sortie de son album qui a incidemment eue beaucoup de succès dans les discos gaies partout en Amérique.

    Taverne du Village et La Track des Complexes Drugstore et Bourbon
    Après avoir quitté dans les années 1980 ses fonctions de policier, Normand Chamberland achète une taverne dans le Village qui portera plus tard le nom de la Taverne du Village (au-dessus duquel se sont succédé quelques bars, dont le Dôme et le Loubar, un populaire bar pour les lesbiennes), avant de devenir le Drugstore. Icône indélébile du Village, le Drugstore était probablement l’un des établissements LGBTQ+ les plus vastes au Canada. Le complexe, qui a attiré un temps une large clientèle lesbienne, comportait à son apogée sept paliers répartis sur six étages et quatre terrasses dont une sur le toit. Situé au 1366 Sainte-Catherine Est, le Drugstore était l’un des bars les plus conviviaux du Village au courant des années 1990 et 2000 avant de fermer ses portes en octobre 2013. Normand Chamberland, ayant de grandes ambitions, développe également ce qui deviendra le Complexe Bourbon, entre les rues Alexandre-de-Sève et Champlain, sur un design inspiré de La Nouvelle-Orléans.

    Le complexe incluait de multiples espaces — Le Cajun, le Mississippi— dont la mythique
    discothèque La Track, ouverte officiellement de 1986 à 2005, qui fera le bonheur des clubbers des années 1990. La Track, a été l’un des plus en vogue et était toujours plein à craquer (à cause, entre autres, des spéciaux sur la bière). Dans les années 2000 et 2010, le bar sera par la suite connu sous les noms Tools, Backtrack, Tube et Inferno.

    Sécurité Maximum (Bronx – Alcatraz)
    Ayant pignon sur rue à l’angle de St-Hubert et Sainte-Catherine, le Sécurité Maximum anime la vie nocturne de la communauté LGBTQ+ à partir de la fin des années 80 et pendant des années 1990. L’iconique bar fondé par Michel Gadoury (l’actuel propriétaire du Stud) était doté d’une déco rappelant une prison, avec des espaces séparés par des barreaux. On y voyait régulièrement des artistes, dont la chanteuse Mitsou. L’ouverture du Pipeline (là où se situe actuellement le Unity) entamera une compétition entre les deux bars. Et lorsque la clientèle lui préférera le Pipeline, le Sécurité Maximum fermera pour se transformer en Bronx, ce qui lui permettra de reprendre la clientèle, jusqu’à ce que le Pipeline laisse place au Jungle, et ainsi de suite dans une guerre de popularité auprès d’une jeunesse à la recherche constante de nouveautés. Éventuellement, l’ex-Sécurité Maximum deviendra l’Alcatraz, jusqu’à ce qu’un incendie vienne ravager tout l’édifice en 1998.

    La Station C (Le KOX version 2 – Kashé – Katakombes – K2 – Kode – Apollon – Play)
    Le KOX a été l’une des figures de proue les plus mythiques du Village pendant près de 15 ans. D’abord installé à la fin 1982 dans un ancien atelier de réparation de taxis, sur Montcalm tout près de René-Lévesque le cruising spot par excellence se démarquait notamment par la présence dans son décor de barils industriels rapidement devenus sa marque de commerce. Plusieurs artistes internationaux en visite à Montréal, dont les Village People, fréquentaient l’endroit.

    Le club déménagera en 1991 dans l’ancien bureau de poste, qu’on renomme la Station C, au coin de Sainte-Catherine et de Plessis. Outre le KOX, on y retrouvait aussi le Katakombes au sous-sol et un bar pour lesbiennes, le K2 (qui a aussi été connu comme le Kashé) au 2e étage. Avec ses soirées à la new-yorkaise et ses DJs internationaux, le club attire les foules qui doivent souvent faire la file pour se tailler une place à l’intérieur. Une descente policière au Katakombes verra 170 personnes arrêtées en février 1994 et frappera un coup quasi fatal à l’établissement, qui fermera ses portes en 1996. On relance ensuite le bar sous le nom de Home, puis de Klok, avant de refermer quelques années plus tard. Les promoteurs de l’ex-Parking, qui ferme en 2010, y ouvrent, en 2011, le club Apollon, ainsi qu’un bar cuir au sous-sol, le Katakombes, en l’honneur du bar original.

    L’Apollon attirera la jeune clientèle avec succès pendant quatre ans, avant d’être remplacé par le CODE, puis le PLAY en 2015. À la suite d’une poursuite qui ira jusqu’en cour d’appel du Québec, le bar perd son droit à un permis d’alcool étant donné que l’immeuble est situé à moins de 25 mètres du Complexe Sky.

    Le Parking (Le Résurrection, – Le Tunnel – Le Playgroung)
    Les adeptes de rave ont d’abord connu l’endroit dans les années 90, comme le Playground, le premier afterhour de Montréal. Puis, après deux reconversions qui ne dureront pas — Le Résurrection et le Tunnel — l’endroit renoue avec le succès dans les années 2000, sous le nom Le Parking qui trônait (avec les clubs Unity et Sky) au sommet des clubs les plus fréquentés du Village. C’était l’âge d’or des complexes de plusieurs étages où l’on se rendait pour danser toute ou une partie de la nuit, sur un type de musique différent dans chaque salle. Situé au 1296 Atateken, le Parking proposait des tubes dance et house dans sa grande salle principale du rez-de-chaussée et des rythmes plus pop et hip-hop mais surtout alternative au sous-sol. L’été, sa terrasse arrière était l’endroit par excellence pour décanter et faire des rencontres sociales. L’établissement a été forcé de fermer lors de la conversion de l’édifice en projet de condominiums.

    ET UNE LÉGENDE HORS VILLAGE

    Le Garage
    Situé à l’extérieur du Village, le Garage était l’un des derniers clubs populaires à ouvrir dans l’ouest, au moment où la vie nocturne gaie s’installait officiellement autour du métro Beaudry. Installé rue Mayor, dans le stationnement du quartier de la fourrure, à un jet de pierre de l’actuelle Place des Festivals, le Garage a attiré la jeune clientèle underground de 1980 à 1987. Son fondateur Martin Farmer a été l’un des premiers à servir des shooters à Montréal et a contribué à lancer la carrière de célèbres DJs, dont Robert Ouimet et Robert de la Gauthier.


    Quelques autres bars disparus du Village et non mentionnés dans cet article :
    Club Bolo
    Le 1681 – Bar L’Adonis – Le Luxe – Diamant Rouge
    Chez Bobette
    Club David
    Café Carabin
    La Différence
    Le Météor – Bar Woof – Bar Le Backstage
    Le Mustang
    L’Entre-Peau
    L’Africa – Les Toilettes
    Le Wave – La Huerta
    L’Honcho – La Station
    Le Gotha
    Les 2R
    Sisters – Magnolia (femmes)
    L’Idem
    Le Rendez-Vous / Cent Limites
    Taverne Gambrinus
    City Bar
    Le Playground
    Le Circus
     
    HORS VILLAGE :
    La Taverne Bellevue
    La Fiesta Tropicale
    Taverne du Plateau
    Le Monarch
    Le California
    Chez Bunny
    Le Lézard
    Bar Équus – Le Zorro
    Ailleurs
    Le Marc-Paul
    Le Lime Light – Le Jardin – Bud’s – Hollywood – Club Le Neuf
    Le Réflexion
    Le Sélection – Studio 1
    Chez Régine
    Le Gay Apollon
    Chez Jean-Pierre / Gant de Velours
    Le Mystique
    PJ’s
    Cabaret Raymonde Paré (femmes)
    Le Bilitis (femmes)
    Le Labyris (femmes)
    Le 408
    Paco Paco
    Taverne Carré Dominion
    Le Baccarat / Le Jaguar
    Le Truxxx

     

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