Lundi, 22 septembre 2025
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    La marche citoyenne au cœur de la Fierté de Québec

    Il est un peu avant 13 h, le 31 août, et la place D’Youville, cœur battant de la Haute-Ville, se remplit avant le coup d’envoi de la marche citoyenne de la Fierté. Des couples marchent main dans la main, des mamans poussent des poussettes, des jeunes arborent des drapeaux de la Fierté comme des capes, des groupes d’ami.e.s défilent en costumes de furries ou de nonnes resplendissantes malgré la chaleur. Des bricoleurs brandissent des drapeaux ou des capes artisanaux. On aperçoit plusieurs pancartes – contre la transphobie, pour les câlins gratuits, contre le génocide à Gaza. Le maire Bruno Marchand, quelques conseillers municipaux et… Bonhomme Carnaval, discutent avec les gens au milieu de la foule. C’est ainsi depuis toujours à la Fierté de Québec : un chaos joyeux et égalitaire.

    Plus de sept mille personnes quitteront la place D’Youville pour se rendre à l’Assemblée nationale, traçant une boucle dans le Vieux-Québec sous les yeux de touristes fascinés. Dans le monde anglophone, lors des marches de la Fierté plus revendicatrices, on entend parfois scander «This is a march, not a parade!» (Ceci est une marche, pas un défilé!). Depuis ses débuts, il y a 20 ans, la Fierté de Québec a toujours choisi la marche plutôt que le défilé. Selon d’anciens membres du conseil d’administration de l’Alliance Arc-en-Ciel, qui organise l’événement, les raisons sont multiples.

    « Il y a toujours eu la volonté de garder la marche, se souvient Dave Tremblay, qui a siégé au conseil d’administration de 2014 à 2024. En 2016, nous avons fait un défilé — la veille de la marche —, c’était plus artistique, mais ça n’a pas remplacé la marche. On a toujours voulu garder le côté manifestation», dit-il. Et, aussi, notre budget n’était pas énorme. Un défilé qui attire des foules entraîne des coûts majeurs, entre autres, liés à la sécurité. » Il y avait également le désir de se distinguer de la Fierté de Montréal, rappellent plusieurs anciens administrateurs. « Si les gens tiennent absolument à assister à un défilé, Montréal n’est pas si loin. Nous, on veut garder notre saveur locale », renchérit M. Tremblay. Et après 20 ans, «c’est ce à quoi les gens s’attendent».

    «C’est une marche citoyenne, et on veut la garder telle quelle», précise Nicolas Caron, l’actuel directeur général de l’Alliance. Les symboles de partis politiques, de syndicats ou de corporations sont découragés – il y en a, mais ils demeurent discrets. L’important, selon lui, c’est que les gens marchent parce qu’ils en ont envie, pas à la demande de leur employeur. «Participer à la Fierté, c’est une prise de position politique personnelle.» N’importe qui peut se joindre au cortège, même en cours de route; les organisateurs n’ont donc pas à trancher sur l’inclusion de groupes jugés trop controversés ou inscrits à la dernière minute. «On laisse de la place aux revendications, tant qu’il n’y a pas de diffamation ni de discours haineux.»

    « C’est un peu plus grassroots que les défilés », considère Érica, une femme trans de Lévis rencontrée au cœur de la marche. « Avant, je trouvais les défilés un peu ridicules, mais après avoir voyagé, j’ai réalisé que la simple visibilité donnait de l’espoir, le fait de pouvoir être nous-mêmes et montrer au monde que nous existons. »

    « C’est tout aussi le fun que la marche de Montréal, mais c’est autre chose », note Sarkis A. Ring, un Montréalais membre des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, qui participait à la marche de Fierté de Québec pour la première fois. « Tout le monde est libre. En Europe, les défilés de la Fierté ressemblent à ça, mais avec des chars allégoriques. » La marche s’est conclue, comme c’est la tradition, par un micro ouvert à la place D’Youville. Les participant.e.s avaient deux minutes pour lire un poème, promouvoir une initiative politique ou livrer un témoignage. «C’était une demande de la communauté il y a quelques années», rappelle Nicolas Caron. «Ça donne la parole aux gens et ça met en lumière des réalités uniques.»

    C’est aussi le genre d’événement impossible à organiser avec des centaines de milliers de personnes, observe-t-il. « C’est peut-être ça l’avantage d’être dans une plus petite ville. On ne sera jamais Montréal, et il n’y a pas vraiment d’avantage ou de désavantage à ça. Notre réalité est simplement différente. On donne la parole à nos communautés, et on constate que c’est apprécié. »

    INFOS | https://fiertedequebec.ca


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