Mardi, 21 octobre 2025
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    En Norvège l’Église présente ses excuses à la communauté LGBTQ+

    Pour la première fois de son histoire, l’Église de Norvège a présenté, le jeudi 16 octobre, des excuses officielles à la communauté LGBTQ+, reconnaissant les souffrances et les discriminations causées par des décennies d’exclusion religieuse. Un geste fort, chargé de symbole, prononcé dans un lieu hautement significatif : le London Pub d’Oslo, bar gai emblématique devenu un symbole de résilience après l’attentat homophobe de 2022 qui avait visé la Fierté d’Oslo.

    « Nous avons causé honte, grand tort et douleur », a déclaré Olav Fykse Tveit, président-bishop de l’Église de Norvège. « Nous reconnaissons que nos paroles et nos actes ont blessé des personnes, détruit des vies et éloigné nombre de croyants LGBTQ+ de la foi. » Longtemps marquée par une vision conservatrice de la sexualité, l’Église luthérienne norvégienne admet aujourd’hui sa responsabilité morale et spirituelle.

    D’une histoire d’exclusion à une volonté de réparation
    Jusqu’aux années 1970, plusieurs responsables religieux qualifiaient encore l’homosexualité de « danger social ». La dépénalisation de l’homosexualité en 1972 avait marqué un tournant légal majeur, mais l’Église était demeurée silencieuse — voire ouvertement hostile — pendant des décennies. Il a fallu attendre 2007 pour que des pasteur·e·s ouvertement homosexuel·le·s soient ordonné·e·s, puis 2017 pour que les mariages entre personnes de même sexe soient enfin célébrés à l’autel. Ces avancées importantes n’avaient toutefois jamais été accompagnées d’un geste institutionnel de réparation… jusqu’à aujourd’hui.

    La Norvège compte parmi les pays les plus progressistes d’Europe en matière de droits LGBTQ+ : mariage égalitaire depuis 2009 ; adoption conjointe pour les couples de même sexe ; interdiction des “thérapies de conversion” et reconnaissance légale du genre autodéterminé.

    Mais comme l’a rappelé la cérémonie d’Oslo, les institutions religieuses ont souvent pris du retard sur les avancées sociales et légales.

    Le choix du London Pub pour présenter ces excuses est hautement symbolique : ce bar, cœur historique de la vie queer norvégienne, représente à la fois la mémoire des luttes et la douleur des pertes subies par la communauté. En s’y exprimant, l’Église a voulu marquer un geste de reconnaissance publique envers celles et ceux qu’elle avait jadis exclus.

    Entre mémoire, douleur et espoir
    Si plusieurs militant·e·s ont salué un acte de courage et d’humilité, d’autres ont rappelé que le pardon ne suffit pas à effacer des décennies de rejet.

    « Ces excuses arrivent trop tard pour celles et ceux morts du sida, rejetés ou culpabilisés par leur Église », a souligné un militant norvégien cité par Le Monde.

    Des organisations LGBTQ+ locales appellent désormais à aller au-delà du symbole, en exigeant : une formation du clergé à la diversité sexuelle et de genre ; un accompagnement pastoral inclusif et un soutien concret aux victimes de discriminations religieuses.

    Avec ce geste, l’Église de Norvège rejoint un mouvement international de reconnaissance initié par d’autres institutions chrétiennes, notamment au Canada, en Allemagne et en Irlande, qui ont également admis leur responsabilité dans la stigmatisation des personnes LGBTQ+.

    Un changement de ton rare, mais porteur d’espoir : celui d’une évolution spirituelle vers la réconciliation, dans un monde où les droits et la sécurité des personnes LGBTQIA+ sont encore remis en question dans de nombreux pays.

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