Originaire de Saint-Bruno-de-Montarville, la chanteuse Sarah Vanderzon offre une musique mélangeant country, americana et folk, qui semble encore assez inusitée dans la culture populaire québécoise. Le mois dernier, l’artiste, que l’on a pu voir en août au festival LASSO, a lancé son premier microalbum, Fortune Teller.
D’où vient le titre de ton album (et ta chanson) Fortune Teller ?
Sarah Vanderzon : Moi, je ne suis vraiment pas sûre de rien dans ma vie. Je suis quelqu’un qui hésite tout le temps. Je regarde tout le temps pour des signes partout dans tout. Ma conjointe, quand je l’ai rencontrée, je le savais que, elle, c’était pour la vie. Je me suis dit : « Oh mon dieu, ça, c’est la personne pour moi. » Je l’ai senti dans mon cœur. Donc, la raison pourquoi c’est le titre du projet, c’est juste [pour souligner] que la vie nous amène dans de drôles de directions, mais à un moment tu vas te rendre sur le chemin sur lequel t’es supposé être.
On peut justement voir dans ton style et ta musique que la spiritualité est quelque chose qui t’intéresse. Comment cela s’est-il développé ?
Sarah Vanderzon : Dans ma vingtaine je suis allée voir des personnes qui lisent des cartes de tarot. Je suis allée une couple de fois, en mode : « J’ai frappé un mur, qu’est-ce que je fais ? » J’ai rencontré du beau monde qui me raconte des affaires sur ma vie, que j’ai trouvé intéressantes. J’essaie de trouver des signes. Pour moi, tout est dans toute. Par exemple, ça faisait je ne sais pas combien de fois que j’ai essayé de participer à des émissions comme La Voix et Star Académie. Ça n’a jamais marché. Et là, en ce moment, tout est en train de marcher super bien pour moi. Donc, je me dis : « OK, ces moments-là, il y avait une raison pour laquelle je n’ai pas été prise ou ça n’a pas marché. » Je crois beaucoup en la vie.
Tu ne te gênes pas de parler de ta conjointe dans tes chansons. Est-ce que tu as déjà eu des craintes par rapport à ça ?
Sarah Vanderzon : C’est sûr que j’ai toujours un petit stress. Mais c’est des bonnes chansons. Ça fait que si le monde sticke sur le fait que je suis queer, ben je me demande si tu écoutes la chanson. C’est une bonne chanson, tu n’as même pas besoin de savoir si je suis queer ou whatever. Je pense que ça marche pour tout le monde. Donc, je ne suis pas trop trop stressée. Aussi, j’ai encore une très bonne relation avec mes parents et ma famille, donc je vis ma vie, pis that’s it.
Tu es une grande fan de la chanteuse Sara Bareilles, avec qui tu as déjà partagé la scène lors d’un de ses spectacles. Qu’aimes-tu dans sa musique ? Y a-t-il des chansons que tu aimes particulièrement ?
Sarah Vanderzon : Oh, mon Dieu, ça change tout le temps ! C’est sûr qu’il y a ses chansons vraiment tristes et qui viennent te chercher genre « Gravity » et « She Used to Be Mine ».
La troisième, pas vraiment connue, s’appelle « Poetry by Dead Men ». Juste écouter les paroles, c’est bien dit. Tu fermes les yeux et tu vois vraiment un film. Elle a vraiment bien écrit ça. Elle m’influence beaucoup parce qu’elle a aussi des chansons très cheeky, comme sa chanson « Love Song ». C’était son label qui lui disait : « Hey, on veut que tu écrives une chanson d’amour » et elle était genre : « Non merci… Voici une chanson… » et ils ont dit que c’était parfait. (Rires.)
Tu as un style très particulier, qui mélange le country, l’americana et le folk. Penses-tu qu’il y a une ouverture au Québec et à Montréal pour ces styles ?
Sarah Vanderzon : Je pense que oui. Le country, c’est vraiment le craze. Tout le monde est là-dedans, tout le monde aime ça. Je pense qu’en ce moment, il y a un shift qui se passe avec le country. Pour le folk/americana il y a une petite ressemblance dans les tounes, donc je pense que ça s’en vient à Montréal. Moi, je prends un peu de Leif Vollebekk — il est très underground, il vient de Montréal, il est vraiment americana — et je prends un peu de Noah Kahan — les gens l’aiment beaucoup. J’aime aussi beaucoup Brandi Carlile… Bref, j’essaie juste de m’inspirer de plein de grands artistes et de les mélanger dans mes chansons.
Tu as joué pendant quelques années dans le métro de Montréal. As-tu une station préférée ou mémorable ?
Sarah Vanderzon : J’essaie de penser… J’ai beaucoup aimé ça, mais en même temps, vu que je venais de la Rive-Sud, je n’avais pas tout le temps les bonnes heures. La place dont je me rappelle le plus, c’est Berri-UQAM. Il y avait plein d’étudiants, je rencontrais d’autres artistes des fois, j’ai essayé d’être là pendant Osheaga et d’autres festivals.
Une fois, j’ai chanté dans le métro à New York illégalement ! Un été, je suis allée voir mon frère qui habitait là parce qu’il y étudiait. Je lui ai dit : « J’ai pas vraiment le droit de faire des spectacles, penses-tu que je peux juste amener ma guit’ dans le métro de New York ? » Il m’a dit : « Tu peux… mais fais attention ! » Je rentre dans le métro. Je joue de la guit’ et un policier vient me voir. Il me demande c’est quoi mon nom. J’ai eu un blanc, je lui ai dit qu’en fait j’avais chaud et que j’allais partir. Puis il m’a dit : « Ouin, tu n’as pas vraiment le droit de chanter ici… Mais fais encore une couple de chansons et après tu peux y aller. » C’était un policier, donc je lui ai dit que j’allais faire deux-trois chansons et que j’allais partir.
Je fais mes chansons et là, il revient me voir. J’étais sûre qu’il allait me demander pour mes cartes d’identification et que j’étais faite. Finalement, il vient me voir pour me dire : « Hey, t’as vraiment une belle voix, tu peux continuer si tu veux, hein ! » Finalement, je suis partie, mais c’était très drôle, il était très gentil.
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