Un boxeur encaisse une pluie de coups. Rien d’inhabituel, vous direz-vous, si ce n’est que l’agresseur n’est autre que son propre bras droit, devenu incontrôlable. Incapable de maîtriser ce membre rebelle, l’athlète est au bord du désespoir, jusqu’à l’intervention du Dr Oliver Wolf, qui pose un diagnostic : le syndrome de la main étrangère.
Il s’agit de l’une des caractéristiques fascinantes de la série « Brilliant Minds » que d’inscrire avec adresse des cas cliniques inusités au cœur d’intrigues fascinantes. On peut notamment citer, en saison 1, le cas de cette femme qui ne voyait en ses enfants que des étrangers ou, en saison 2, cette autre qui est véritablement convaincue d’être dans une téléréalité.
La nouvelle saison s’ouvre par ailleurs sur une prémisse pour le moins intrigante : le Dr Wolf tente désespérément de s’échapper d’un hôpital psychiatrique où il semble être sous l’emprise d’une femme au sourire doux et inquiétant. La série nous ramène six mois en arrière, semant un lot de questions : comment le Dr Wolf s’est-il retrouvé institutionnalisé ? Et qui est cette psychiatre au regard aussi intransigeant qu’énigmatique ?
Oliver Wolf est affecté d’une condition neurologique très particulière : la prosopagnosie, c’est-à-dire l’incapacité d’identifier les visages, y compris son propre reflet. Ce trouble très rare complexifie singulièrement ses relations, que ce soit avec des collègues qu’il ne reconnait pas toujours, mais également dans sa vie amoureuse, puisqu’il ne distingue les hommes que par la voix, la démarche, la carrure ou une autre caractéristique dominante.
La première saison nous avait laissés alors qu’il retrouvait un père qu’il croyait mort depuis des décennies et devant une croisée de chemin au regard de sa relation, à la fois conflictuelle et torride, avec le neurochirurgien Josh Nichols (Teddy Sears). Le retour du père, accompagné de traumas non résolus, le pousse cependant à mettre sa vie sentimentale en veilleuse, au grand désarroi de Josh, qui commence à perdre patience.
Zachary Quinto, l’un des producteurs de la série, insuffle une direction créative qui se traduit notamment par la présence de thèmes LGBTQ. La saison 1 en offrait un exemple poignant dans l’épisode 7 — The Man from Grozny — où une procédure expérimentale permet à un homme victime d’un AVC sévère de s’exprimer, le temps de faire ses adieux à son amant.
Les internes sont également bien développés, chacun doté de particularités attachantes. À titre d’exemple, le Dr Van Markus (Alex MacNicoll) est atteint de synesthésie tactile, une forme d’empathie exacerbée qui lui fait physiquement ressentir les symptômes de ses patients. La Dr Dana Dang (Aury Krebs) jongle avec une anxiété chronique tout en nourrissant le désir de construire une relation amoureuse avec une de ses collègues. La nouvelle saison introduit également un résident au tempérament bien différent : Charlie Porter (Brian Altemus), dont l’arrogance assumée cache peut-être un agenda secret, notamment en ce qui concerne le Dr Wolf.
Souvent comparée à « Dr. House », la série « Brilliant Minds » s’en distingue par une approche moins sarcastique et plus introspective. Plutôt que de miser sur le cynisme, elle explore avec sensibilité la vulnérabilité et la complexité psychologique de ses personnages. Si son rythme est plus posé, la série n’en demeure pas moins captivante, portée par une écriture fine et des enjeux humains profonds.
La série s’inspire de la carrière du neurologue britannique Oliver Sacks, qui a exercé dès les années 1960, à une époque où il lui était impossible de révéler son homosexualité. Ce n’est qu’en 2015, peu avant sa mort, qu’il partage cette information.
On lui doit plusieurs ouvrages de vulgarisation sur les troubles neurologiques, dont le célèbre « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau », un best-seller qui a connu une adaptation étonnante : un opéra signé Christopher Rawlence, présenté en 1987.
INFOS | Les 22 épisodes de la saison 2 de « Brilliant Minds » sont diffusés, en anglais,
sur Citytv+ via Amazon PrimeTV.
Brilliant Minds, saison 2 (Bande-annonce originale)

