Amis depuis toujours, mariés avec des enfants, les cinq hommes de ce roman se rencontrent tous les mois pour un repas permettant de faire et refaire le monde.
On y retrouve Étienne, plutôt ouvert d’esprit, Jean, un grand cartésien, Georges, conservateur et fervent catholique, Cédric, un peu macho sur les bords, et Yann, l’observateur (et narrateur) du groupe.
Ces petites rencontres se déroulent sans éclat jusqu’au moment où Cédric fait une grande annonce : il est devenu gai! Un silence sépulcral s’ensuit puis, après le premier choc, plutôt un tir de questions : il veut probablement dire qu’il a fini par accepter son homosexualité, on ne devient pas gai!
Pourtant Cédric maintient sa position : dans le cadre d’une soirée échangiste intervenue il y a un peu plus d’un an, il s’est retrouvé avec un couple dont la femme était fort à son goût, mais a finalement passé la majorité de la nuit avec l’homme.
Après quelques essais comparatifs, il a décidé qu’il aimait mieux les hommes et est même dorénavant en couple avec un certain André. Cette confidence, en apparence plus près de l’anecdote croustillante, se glisse cependant en filigrane dans les pensées des quatre autres compères et les amène à remettre en question la nature même de leurs propres relations conjugales, notamment la question de la fidélité.
En parallèle, chacun des quatre hommes vit des bouleversements importants dans son milieu professionnel subissant d’intenses opérations de rationalisation. Le nouveau regard sur le couple, apporté par Cédric, se traduit donc également, par un effet de cascade, au sein du milieu de travail qui contribue de même à alimenter leurs remises en question individuelles des paramètres du couple.
On peut regretter que le personnage de Cédric ne soit pas développé plus avant, on aurait souhaité en apprendre un peu plus sur les suites de sa surprenante confession, mais le roman se révèle fort amusant, notamment par le regard cynique qu’il jette sur le milieu du travail, les relations de couples ainsi que le… yoga.
Infidélités / Stéphane Lefebvre. Montréal : Annika Parance Éditeur, 2015. 338p.
