D’année en année, la Fierté de Montréal déborde d’elle-même, ce qui annonce une bonne santé et un engouement certain pour s’y afficher et y participer, créant autour de ses dates rassembleuses du 8 au 14 août cette année de plus en plus d’événements (plus de 125) officiels, connexes et associés… Retour sur quelques-uns d’entre eux…
La 10e année de Fierté Montréal aura été couronné de succès. «Qui aurait cru 10 ans plus tard que Fierté Montréal deviendrait l’un des festivals les plus grands au Québec? Communautaire, revendicateur et festif, l’événement réussit à attirer des talents mondiaux, à rassembler des gens provenant des quatre coins du monde, à être un phare d’espoir pour les communautés qui vivent dans l’injustice et à faire avancer la cause des LGBTQ, le tout avec un budget minime et une programmation presque entièrement gratuite» déclarait Éric Pineault, président de Fierté Montréal, alors que se terminait le festival de la Fierté. On ne pourrait parler de cette édition sans faire mention de la tragédie d’Orlando qui a rappelé à tous que l’acceptation sociale des communautés LGBTQ n’est pas encore atteinte et que les acquis restent fragiles. Cette année, le dépôt du projet de loi 103, visant à renforcer la lutte contre la transphobie et à améliorer notamment la situation des personnes trans mineures constitue un pas majeur vers la reconnaissance des droits des personnes trans au Québec. Dans le même sens, Fierté Montréal a instauré une pétition en faveur d’une meilleure reconnaissance des droits des personnes non
binaires et trans.
Aussi tôt dans la semaine que mardi le 9 août, la place Émilie-Gamelin était pleine à craquer lors du spectacle Horizons, une prestation inédite en hommage à nos coprésidents d’honneur qui soulignait la beauté des différences culturelles. Ce fut ensuite au tour d’André Sauvé de déclencher l’hilarité générale, mercredi le 10 août, lors d’un spectacle d’humour gratuit en plein air, une grande première pour Fierté Montréal.
Fierté Montréal 2016 Fierté Montréal 2016 Drag SuperStars Manila Luzon
photo Pascal ForestFierté Montréal 2016 Drag SuperStars Violet Chanti
photo Pascal ForestFierté Montréal 2016 Drag SuperStars Alaska
photo Pascal ForestFierté Montréal 2016 André Sauvé
photo Serge BlaisFierté Montréal 2016 Fierté Montréal 2016 Fierté Montréal 2016 Méga T-Dance photo Pierre Simard
FOULE SURVOLTÉE POUR DRAG SUPERSTARS
Il fallait être parmi la quasi-dizaine de milliers de personnes présentes sur place à Drag Superstars pour comprendre l’impact que l’émission RuPaul’s Drag Race a sur la communauté gay au Québec. L’arrivée de Bob the Dragqueen, gagnante de la saison 8 qui se terminait ce printemps, a été soulignée avec vigueur par tous ceux qui avaient réussi à se masser dans le parc Émilie-Gamelin, malgré les 35 degrés ressentis. À la coanimation avec notre Mado nationale, Bob the Dragqueen semblait plus qu’à l’aise de partager la scène avec celle qu’elle n’avait dû rencontrer que quelques heures auparavant, prouvant tant leurs qualités d’artistes que de reines de la scène.
La soirée s’est enchainée au rythme d’une tournée bien rodée, avec des introductions vidéos soulignant le parcours et la personnalité de chacune des filles. Quelques-unes ont eu la chance de s’adresser à la foule avec des messages tantôt humoristiques, tantôt quasi militants. Lipsync (for your life!), tours de chant (peut-être un peu trop nombreux pour un public qui n’est pas habitué à ce type de numéros) et performances humoristiques se sont succédé pendant plus de deux heures, malheureusement sans réelle cohésion ou ligne directrice. On pouvait rapidement se rendre compte que ce grand spectacle, qui demeurera un des excellents coups pour Fierté Montréal, n’était en fait que les pièces d’un grand puzzle réorganisé selon la disponibilité des filles sur la route. Pourquoi ne pas profiter de ce genre d’occasion pour mettre sur pied une nouvelle édition du classique Snatch Game ou de jumeler des filles de Montréal à celles de RPDR? On peut toujours rêver.
Décidément, inviter des dragqueens de RPDR est toujours une bonne idée pour attirer bon nombre de festivaliers, si bien que Fierté Montréal pût avoir l’air victime de son succès ce soir-là. L’équipe de sécurité peinait à conserver le contrôle de la situation, sans compter la zone VIP quasiment inaccessible passé 20 h 30 – agoraphobes s’abstenir. Dans le futur, Fierté Montréal devra certainement revoir ses procédures de sécurité pour l’accès au site, limiter le nombre de spectateurs ou tout simplement trouver un lieu plus grand pour les soirées de cette envergure. Mais de grâce, réinvitez-les! Olivier Gagnon
Une pluie… de talents pour ILLUSION
«On n’était pas sûr de poursuivre. Mais quand je vous vois, encore présents malgré la pluie, nous sommes tous très touchés de vous voir résister à la pluie pour nous voir. Vous faites la différence: c’est décidé, on reste!» C’est avec ces mots que Michel Dorion a remercié le public d’affronter la météo pour assister à leur spectacle concocté avec passion par une centaine d’artistes, danseurs et techniciens d’Illusion. Le Vogue de Madonna/Dorion a ouvert la soirée avec tous les artistes. Le thème de l’illusion inspira plusieurs prestations : Celes au pays des merveilles, Austin Powers, le Rocky Horror Picture Show, les super-héros (Xena, Batman, Superman), etc. Notons l’incroyable pastiche que Marla Dee et son équipe ont fait de Game of Thrones, évoquée sur une musique sirupeuse de comédies musicales des années 60. Bref, un décalage tragi-comique vraiment drôle. Quelques illusions remarquables : une évocation quasi-sosie de Stromae par Barbada, une troublante Lady Gaga/Gisèle, une épatante Marie-Mai/Sasha Baga, l’hommage aux années 90 de Chouchoune avec la relève des drag’queens, ou le show pop arabe de Miss Butterfly. Sans oublier les Show must go on et Encore un © Pierre Simardsoir par Céline D(or)ion. Le Mama de Queen/ Franky Dee, seule sur scène, valait le détour, tout comme la Janet Jackson de Michel Dorion: «un petit défi qui n’est pas dans mes habitudes…» Pour le grand final, les artistes ont présenté un «pot pourri de Jello» (un medley de Jennifer Lopez) avant de faire un giga-selfie avec le public. Michel Dorion et ses consœurs ont réussi à faire Illusion sur une scène mouillée de pluie, déconseillée aux talons hauts. Malgré tous les risques que cela présentait, elles ont assuré un max… Chapeau les filles et les danseurs.
Fierté Montréal 2016 Illusion
photo Pierre SimardFierté Montréal 2016 Illusion
photo Pierre SimardFierté Montréal 2016 Illusion
photo Pierre Simard
UN MÉGA T-DANCE MÉMORABLE
Comme on si attendait, les Djs Marina, Chus & Ceballos et Alain Jackinsky ont fait monter la chaleur d’un cran avec leurs rythmes endiablés, lors du Méga T-Dance du dimanche 14 août, dans une Place Émilie Gamelin bondée.
Une année bien remplie côté panel et conférences
Les personnes trans ont pu faire connaître leur réalité au cours du panel Être trans, la jeunesse a eu son heure de gloire en livrant la prestation La relève artistique et les aînés auront pu mieux sensibiliser la population quant à leurs enjeux lors du Panel sur l’Intergénérationnalité des communautés LGBTQ. L’engouement des festivaliers s’est rapidement confirmé par des salles bien remplies chaque soir. (Voir page 154 pour un compte-rendu du panel avec les pornstars).
Fierté Montréal 2016 Le combat aux mots
photo Serge BlaisFierté Montréal 2016 Auteurs à nus
photo Pierre Simard
La Fierté Littéraire, UN SUCCÈS QUI NE SE DÉMENT PAS
Pour une 5e fois, la Fierté littéraire a su trouver son public et fait le plein en lui parlant de poésie, d’écriture (La Fierté a une ville), de passions, de rencontres avec le kiosque de la Journée communautaire, et de bobettes ! Nicole Brossard, à la fois douce et convaincante, a parlé des mots qui sont des armes de paix. Le public l’a questionné sur le féminisme en poésie, le choix des mots dans la dynamique poétique. Un chouette moment de complicité avec une auteure très accessible en personne… comme à l’écrit !
Le Combat aux Mots Une soirée de passions et de passionnés de littérature, où la mauvaise foi avait sa place pour amuser le public, certains panélistes abusant de leur droit d’égalité pour obliger le public à choisir. Les argumentaires autant sérieux et littéraires qu’émotifs et revanchards de la part des défenseurs des ouvrages en lice ont fait du Combat aux mots un beau moment ludique. Auteurs à nu Les sept auteurs ont « effeuillé » leurs pages et leurs corps parce que – c’est le concept de la soirée- les auteurs se mettent à nu dans leurs livres. Chacun a ainsi lu un extrait d’un de ses livres dans le plus simple appareil selon la décence. À chaque écrivain, son style : boxer, bobette slip ou caleçon ! Et, comme toute star qui se respecte, Chris Di Raddo qui animait la soirée, a changé de (petite) tenue à chaque prestation…. «Malgré la pluie intermittente, nous avons reçu beaucoup de lecteurs au kiosque de la Fierté Littéraire», explique Denis-Martin Chabot à la fin de la Journée communautaire. «On a quand même fait 50% des recettes de l’année dernière, une année exceptionnelle. La douzaine d’auteurs présents sont très contents de ce résultat. Comme quoi le mauvais temps n’a pas freiné… la lecture.»
Fierté Montréal 2016 à La Ronde
photo Pascal ForestFierté Montréal 2016 DJ Barbada
photo Pierre SimardFierté Montréal 2016 Pride Ride Toronto Montréal photo Pierre Simard Fierté Montréal 2016 Course Capotée photo Serge Blais
Et aussi…
Plusieurs activités parallèles se prévalaient de la fierté LGBT, dont La course capotée de Rézo, la poésie-performance d’Émmental expiré, toutes deux le lundi soir 8 août. Présenté par Desjardins, Profierté Montréal, la soirée annuelle de réseautage de Fierté Canada / Pride at Work Canada, se tenait le 4 août dernier au Complexe Desjardins. Plus de 400 invité(es) issus des communautés LGBTQ et leurs allié(e)s étaient présent(e)s. Outre le réseautage, cette soirée était une manière aussi de célébrer avec Fierté au travail Canada l’engagement qu’ont pris les partenaires corporatifs nationaux et régionaux envers l’inclusion LGBT dans les milieux de travail canadiens.
Quelques 200 personnes se sont réunies pour la Marche Trans, le 7 août, en marge des célébrations de Fierté Montréal, pour faire entendre la voix de la communauté trans. S’il faut se féliciter des avancées législatives des dernières années concernant les personnes trans dont un processus plus rapide et moins compliqué dans le changement de nom et de mention sexe à l’État civil, certains d’entre eux et d’entre elles ont été oublié-es. Les personnes trans qui n’ont pas la citoyenneté canadienne, statut demandé par le Québec avant de procéder à toute modification à l’État civil. Les organisateurs de la marche souhaitent que les pouvoirs publics aussi bien fédéral que provincial prennent des décisions pour faciliter l’inclusion des personnes trans migrantes dans la société. Le nombre de personnes trans tuées à travers le monde représente un véritable fléau, et pour les organisateurs, le Canada se doit d’apporter son soutien dans la protection des personnes trans venues d’ailleurs. Selon Trans Gender Europe (TGEU) plus de 2000 personnes trans auraient été assassinées entre 2008 et 2015 à travers le monde, et le nombre serait bien inférieur à la réalité puisque les rapports concernant ces disparitions ou assassinats ne mentionnent pas s’ils s’agissaient de personnes trans.
La Journée communautaire dans le Village
Malgré la température pluvieuse, la journée communautaire aura été un franc succès. Ni l’humidité, ni de petites averses n’auront pu mettre une ombre sur la Journée communautaire dans le cadre de la Fierté Montréal 2016.
Fierté Montréal 2016 Journée communautaire photo Pierre Simard Fierté Montréal 2016 Journée communautaire photo Pierre Simard Fierté Montréal 2016 Journée communautaire photo Pierre Simard Fierté Montréal 2016 Journée communautaire photo Pierre Simard Fierté Montréal 2016 Journée communautaire photo Pierre Simard Fierté Montréal 2016 Journée communautaire photo Pierre Simard Fierté Montréal 2016 Journée communautaire
photo Pierre SimardFierté Montréal 2016 Journée communautaire
photo Pierre Simard
Dès la fin de la matinée du samedi, les kiosques étaient prêts, et tout au long de la journée, les visiteurs ont commencé à déambuler s’arrêtant devant les organismes présents. Même si la foule était moins nombreuse que l’année précédente, elle dépassait les attentes de la plupart des exposants compte tenu de la météo capricieuse. De St-Hubert à Papineau, tout ce que le Québec compte d’associations oeuvrant auprès et avec les communautés LGBTQ était présent. Et la fête était aussi au rendez-vous. Bravant les petites pluies, les groupes sportifs et cultures ont pu présenter leur «show» au public: danse country du club Bolo, chant choral, ou encore initiation sportive. Une véritable vitrine à ciel ouvert – même si couvert ce samedi – et une grande démonstration de la vitalité du communautaire, entre ceux qui oeuvrent à la sensibilisation et à l’information des réalités LGBTQ, à la lutte contre l’homophobie et la transphobie ou encore au soutien des familles homparentales et trans, à la reconnaissance des minorités ethnoculturelles LGBTQ, sans oublier la santé avec l’Avenue verte entre Saint-Thimotée et Amherst. Une occasion pour la population de se familiariser avec la diversité mais aussi pour les organismes présents, la possibilité de rencontrer des élus et de partager avec eux les défis auxquels ils sont confrontés.
Comme le veut la coutume bien ancrée depuis 10 ans, la Journée communautaire s’est terminée par le traditionnel Cocktail communautaire offert au Cabaret Mado en présence des personnalités d’honneur de Fierté Montréal. tant les partenaires que les organismes communautaires ont fait preuve de créativité pour capter l’attention du grand public et susciter leur intérêt. Au total, c’est plus de 78 000 personnes qui auront été présentes lors de cette traditionnelle journée de la Fierté.