Avec le film américain With A Kiss I Die, Ella Kweku incarne le célébrissime personnage de Juliette Capulet. Qu’à cela ne tienne, la tragédie de Shakespeare est ici transposée en romance lesbienne flirtant avec des vampires, qui évoluent dans la Grèce contemporaine. L’adaptation est on ne peut plus non conventionnelle! Entrevue avec l’actrice, modèle et chanteuse originaire des îles Canaries.
Le film With a Kiss I Die propose une interprétation inhabituelle de Romeo & Juliette de Shakespeare. Quelle fut ta réaction initiale à la lecture du script?
À la base, je voulais produire le film. Je ne pensais pas être considérée pour jouer le rôle de Juliette, de toute façon, puisque je suis noire. Mais l’histoire était très originale et la fin m’a émue, alors j’ai voulu aider à ce que le projet prenne vie.
Justement, la distribution (transposition d’un personnage historiquement blanc) et la thématique lesbienne interraciale sont rafraichis-santes. Il est encore trop peu fréquent de voir des femmes de couleur jouer des rôles de premier plan et les femmes lesbiennes de couleur sont d’autant plus rarissimes dans le cinéma grand public (nous n’avons pas encore vu un film acclamé tel Moonlight). En ce sens, crois-tu que With a Kiss I Die participe à la représentation de la diversité?
Je pense que nous sommes encore loin d’être pleinement représentées dans la diversité, surtout dans le cinéma grand public et c’est généralement parce que les producteurs et les studios ne veulent pas prendre de risques. Ils basent la distribution des films sur une mentalité marketing, donc ils demeurent prudents et vont avec ce qui a fonctionné avec les audiences grand public par le passé, ce qui explique pourquoi cela prend autant de temps pour entamer le chapitre de la diversité. Le risque de percer de nouveaux marchés est souvent laissé au courage des cinéastes indépendants et je suis fière de constater que With a Kiss I Die contribue dans cette direction..
Le réalisateur du film, Ronnie Khalil, est un comédien et cinéaste arabo-américain qui «connaît bien les difficultés liées au fait d’être catalogué». Avec le film, il exprime avoir «embrassé la diversité sans hésitation, un geste naturel pour quelqu’un qui avait également travaillé pendant des années à diversifier Hollywood». Khalil a été nommé l’un des«40 Arabes les plus puissants de moins de 40 ans». Comment était-ce de travailler avec lui, sur le plateau?
J’admire les risques que Ronnie Khalil a pris pour écrire et tourner un film comme celui-ci. Je respecte cela depuis le début. Sur le plateau, je me suis sentie très protégée grâce à lui et à Paola Cetares, notre productrice, ce qui m’a donné la liberté de performer à mon meilleur. C’est tout ce que je n’aurais jamais pu souhaiter!
Filmée sur les magnifiques îles grecques de Mykonos et de Santorin, la direction photo du film est superbe. Dans ce décor, tu es charismatique et rayonnante. D’ailleurs, tu es chanteuse et modèle (ayant participé à plusieurs campagnes et à l’émission Spain’s Next Top Model). D’ailleurs, ce n’est que ta première apparition au grand écran et tu incarnes judicieusement cette romance lesbienne. Était-ce intimidant?
Eh bien, quelqu’un a fait ses devoirs… Merci d’avoir pris le temps de faire de la recherche sur moi, ce n’est pas le cas de tous! Le fait que tu me décrives de cette façon me fait bien paraitre et me fait sentir sexy! Jouer dans une romance lesbienne ne m’a pas intimidée. Je ne me suis même pas introduite dans la peau de mon personnage en la pensant lesbienne. C’était tout simplement pour moi une personne qui tombe en amour avec une autre. Je crois que l’amour, c’est l’amour et qu’il n’a pas de genre. Je me considère hétérosexuelle, mais tomber en amour avec une belle jeune femme comme Paige Emerson (qui joue Faryn) fut, en fait, très facile… C’était une partie prenante de mon personnage et je l’ai vécu pleinement. Je n’aurais pas pu autrement.
Au final, With a Kiss I Die est un drame sur deux femmes fortes qui apprennent à vivre pour elles-mêmes, leur amour et ce en quoi elles croient. Que penses-tu des personnages lesbiens dans les films grand public: sont-ils bien représentés ou stéréotypés?
Lorsque nous voyons des personnages lesbiens dans les films grand public, ce qui n’est pas souvent le cas, je pense qu’ils se penchent vers le stéréotype. Les personnages deviennent comme des «jetons», remplissant le quota de la diversité, au lieu de nous laisser voir, comme il se devrait, un être humain vrai et complexe, peu importe son orientation sexuelle. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de jouer Juliette, sans la placer dans une boîte. Ceci n’aurait fait que me limiter et la créativité ne devrait pas avoir de limites.
With a Kiss I Die est disponible depuis le 28 août en version numérique
www.withakissidie.com
Plus d’informations sur Ella Kweku
www.ellakweku.com