Jeudi, 3 octobre 2024
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    La St-Valentin vue par un itinérant affectif

    Avec les temps incertains que nous traversons, il est bien difficile de se soumettre aux jeux des prédictions pour 2021. Le confinement et les mesures sanitaires s’inscrivent dans nos habitudes et l’on a mis dans la boîte aux souvenirs toutes nos façons d’être ensemble et de le fêter.

    Et on ne sait toujours pas quand nous reviendrons à une vie dite normale, entendre «comme avant la pandémie». Après des fêtes de fin d’année réduites à la portion congrue, il est évident que la fête de la St-Valentin sera, elle aussi, revue et corrigée en fonction des restrictions que nous vivons actuellement. Ceux qui me connaissent savent que je suis un itinérant affectif. J’ai expérimenté toutes les formes de couple, joué toutes les positions et pas seulement sexuelles, connu les bonheurs de la vie conjugale, tout comme les trahisons, les petites comme les grandes, que j’ai subies mais aussi que j’ai fait subir. Avec le temps, je me suis rendu compte avec déception que le couple n’était pas ma tasse de thé. Un peu excessif dans mon comportement, il fallait que toute relation soit plus grande que nature avec bien évidemment des feux d’artifice de plaisir mais aussi des éruptions volcaniques de déchirement. Avec le temps, c’est lassant. Et comme toute routine m’ennuie, l’installation dans un petit bonheur conjugal m’enchaîne rapidement et je ne pense plus qu’à fuir avec le – presque – premier venu, avec celui qui m’offrira des émotions façon montagnes russes à la Ronde. Sans oublier que lorsque j’étais en couple je ne m’interdisais pas d’autres relations sur un mode mineur aux couleurs de l’amitié, mais sexe compris.

    Célibataire aujourd’hui, au sens où l’entend l’état civil, j’ai exploré par mon histoire toutes les arcanes du couple, les plus ensoleillés comme les plus sombres. Au point où sans diplôme, je pourrais devenir thérapeute de couple, coach de vie conjugale, conseiller matrimonial pour tous les Roméo et Juliette en herbe qui voudraient un accompagnement dans leurs premiers pas de la vie amoureuse. J’ai même pensé écrire Le couple pour les nuls, tellement je me reconnaissais dans la catégorie. Qu’on se rassure, je préfère l’expérience participative à l’enseignement. Je n’ai jamais suivi les conseils de mes proches comme des plus éloignés, et me sentirais bien présomptueux d’aller en distribuer aux autres.

    Revenons à la St-Valentin, même si je rêve d’écrire un jour une chronique sur la fête des divorcé.e.s. ou encore sur celles et ceux qui sont non en couple Je ne suis pas contre cet événement qui coupe la langueur monotone du mois de février qui le sera encore plus avec le confinement. Une période qui contraint beaucoup de couples à devoir passer plus de temps ensemble, télétravail oblige, en partageant le même espace. Un bon moyen de se retrouver qui en a ravi beaucoup en ayant du temps enfin à se consacrer l’un à l’autre. Pour d’autres, l’obligation de se croiser vingt-quatre heures sur vingt-quatre, a mis en relief tout ce qui chez l’autre irritait sans pouvoir y échapper. Une promenade avec le chien ou encore le jogging matinal ne suffisent plus à supporter le ou la conjoint.e. La tasse de café que l’autre laissait traîner qui faisait sourire, devient une verrue dans le salon qui hérisse le poil. Tout peut devenir source de conflits, et surtout de conflits à répétition. Le confinement peut être une chance comme un enfer.

    Je ne suis pas contre la St-Valentin même si je déplore que nos sociétés valorisent toujours le couple comme fondement d’une vie réussie. Dès notre plus jeune âge, on nous prépare à cette idée de partager sa vie ou une partie de celle-ci avec un.e autre qui sera tout pour nous, le temps d’une vie ou… le temps d’une nuit. Bien sûr, plus question de mariage forcé, arrangé, consenti ou non. Plus question d’alliances dont les plus grands bénéficiaires seraient chacune des deux familles, ni de transmission du nom du père ou du patrimoine familial. On préfère les petits cupidons qui transperceraient le coeur au détour d’un regard de deux innocent.e.s prêt.e.s à se donner corps et âme. De mon côté, j’ai plus souvent donné mon corps que mon âme. On préfère que les hasards de la vie déterminent qui se mettra avec qui en espérant que les cupidons aux flêches ardentes ne soient pas trop défoncés ou trop farceurs au moment de bander leur arc. Car une fois leur flêche décochée, ils ne sont plus là pour accompagner le couple dans la construction de son petit nid douillet prévu selon la coutume pour durer très, très longtemps.

    On nous prescrit jusque dans la publicité à être en couple. La famille et les ami.e.s se mêlent souvent de nous en enseigner les rudiments, et nous n’avons comme modèles que celui de nos parents et de ceux d’autres membres de la famille, ce qui n’est pas toujours un bon exemple à suivre. En fait, on se débrouille le plus souvent sur le tas, on teste la vie à deux comme des cobayes surtout quand après les premiers mois fusionnels, la vie dans sa réalité, débarassée de petits cœurs flottants au-dessus du couvre-lit recouvert de pétales de rose, nous rattrape. Le poison de la flêche des cupidons ne fait plus autant effet. Et l’on se rend compte que même le plus beau des princes charmants peut péter au lit, être de mauvais poil le matin au réveil.
    Il est temps de passer à la seconde phase, celle de l’adaptation et des accommodements raisonnables pour que ce sentiment très fort qui vous unit à l’autre ne s’effiloche pas et surtout ne se transforme pas en cauchemar.

    Les psy de tout poil et de toute école vous le diront, le dialogue reste le meilleur moyen de surmonter les écueils, petits et grands, qui émaillent la vie de chaque couple. Il y a des tas de sites gratuits qui vous expliqueront avec moultes détails et exemples comment favoriser le dialogue au sein du couple pour qu’il soit productif pour chacun.e des conjoint.e.s et pour
    le couple. Alors peut-être que le 14 février prochain, si vous n’êtes pas las des soupers en tête-à-tête de confiné.e.s, vous en profiterez pour faire le point sur votre relation avec calme, sérénité, et sincérité en ayant comme seul but, celui de lui redonner un peu plus de vie, de mordant, en fait de vous redonner le goût d’en prendre encore pour 10 ans et même plus si affinités continues. C’est tout le mal que je vous souhaite pour ce moment spécial de l’année de la part d’un célibataire pas tout à fait endurci.

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