Pomme, au cœur de l’hiver québécois

À 19 ans, Claire Pommet s’installe à Paris pour se consacrer à des études d’anglais, mais bifurque rapidement vers la musique. En 2016, celle qui devient Pomme sort le EP En Cavale, alors qu’elle n’a que 20 ans. Puis, l’année suivante, l’album À peu près. Enfin, en 2020, avec l’album Les failles (suivi de Failles cachées) l’industrie reconnait son talent; elle remporte une Victoire de la musique dans la catégorie album de l’année. Celle qui manie la guitare, l’autoharpe et le piano, vit à mi-temps, entre la France et le Québec. Alors qu’elle venait tout juste de poser pied en sol québécois, en novembre dernier, nous avons discuté avec l’auteure-compositrice-interprète lyonnaise de 24 ans.

Photo : EmmaCORTIJO


Contexte oblige, notre entrevue débute avec l’actualité pandémique. Peu avant le confinement lié à la COVID-19, Pomme était en tournée, en France, pour son plus récent album, avec son amie Safia Nolin qui assurait sa première partie: «On s’est retrouvées confinées toutes les deux chez mes parents dans la région lyonnaise. Du coup, on occupait nos journées à jouer de la musique pour ne pas trop angoisser.» Pomme a d’ailleurs lancé les Quarantine Phone Sessions, de courtes chansons anglophones, durant le confinement. «Je ne peux pas dire que ça été une période extrêmement créative, car je me sentais un peu obligée de proposer quelque chose, car tout le monde le faisait. J’ai de la misère à être inspirée sous la contrainte.»

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Photo : EmmaCORTIJO

Et pour l’avenir musical? «L’industrie du spectacle est vraiment atteinte à un niveau inégalé. Ce qui me manque, c’est la musique live, avec un public. Au bout d’un moment, pour se réinventer et être créatif, ça prend de l’argent et il n’y en a pas en culture, du moins en France… Dans mon cas, j’ai eu beaucoup de chance, car j’arrive à faire de la promo et maintenir un lien avec les gens; je suis contente d’avoir des plateformes qui me permettent de le faire.»

D’ailleurs, Pomme devait présenter une série de spectacles, au Québec, en mai dernier, mais la pandémie en a décidé autrement. Si le contexte le permet, cette série de spectacles sera présentée en février 2021. «C’est très peu probable que je joue avec mes musiciennes et ça fait chier, car ça aurait été la première fois que j’aurais performé avec mon groupe ici!»

Photo : EmmaCORTIJO


En 2019, Pomme disait à Télérama, «assumer très naturellement son homosexualité», puisque, ado, elle aurait aimé avoir des modèles. «En France, il y a moins de modèles queer et c’est à deux tranchants, car les médias parlent juste de ça. C’est normal que ça passe par là, mais au bout d’un moment, quand ça fait trois ans qu’on t’appelle la chanteuse lesbienne, ça devient pratiquement de la stigmatisation…» D’ailleurs, la chanson On brûlera est une référence au sujet, sans oublier la beauté visuelle du clip, avec cette métaphore de la jeune fille à l’escargot qui évoque la mise en scène de La jeune fille à la perle, de Vermeer.

«En fait, cette vidéo avait été prise sur le shooting photo de mon premier album, avec les scarabées. Je voulais des éléments qui dégoutent un peu les gens, pour faire le parallèle avec le rejet de l’homosexualité dans notre société. C’était un shooting photo, mais tous l’ont perçu comme un clip lorsque posté sur YouTube.» D’ailleurs, pour ses vidéoclips, Pomme s’investira, notamment avec l’anxiogène Anxiété, où elle prend part à sa conception, comme la majorité des clips tirées de l’album Les failles.

Enfin, Pomme n’hésite pas à s’afficher sur scène, par le biais de diverses collaborations. En 2019, lors d’un spectacle d’Angèle à Montréal, avec Safia Nolin, les trois femmes ouvertement lesbiennes interprètent On brûlera, dénonçant le regard de la société vis-à-vis de l’homosexualité. On ne voit guère le sujet du même œil, au Québec et en France, appuie la jeune femme: «L’ouverture d’esprit, globalement, est différente. La culture est différente. Comparativement à la France, les gens sont moins coincés du cul, ici, je dirais. J’ai l’impression que les minorités sont plus acceptées ici.»

Photo : EmmaCORTIJO


«Aussi, je me suis toujours sentie plus proche de la scène musicale d’ici et j’ai toujours voulu la découvrir, au même titre que la culture et la mentalité. Lorsque je suis venue ici, à 19 ans, je me suis sentie tout de suite dans mon élément», explique celle qui, au moment de l’entrevue, cherchait un chalet dans la forêt québécoise, pour une retraite de création. D’ailleurs, la campagne l’inspire, au même titre que la Belle Province. «Ça fait longtemps que je me projette au Québec…» Qui sait peut-être que les prochains albums de Pomme feront l’éloge de l’hiver québécois?

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INFOS | www.pommemusic.fr

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