Mercredi, 13 novembre 2024
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    La charia, loi islamique qui réprime l’homosexualité

    Le retour des talibans à la tête de l’Afghanistan fait craindre la réinstauration d’une version ultra-rigoriste de la charia, la loi islamique dont découlent des droits et devoirs pour les musulmans, diversement interprétée et appliquée dans les pays qui l’invoquent, mais l’homosexualité y est systématiquement réprimée.

    Au pouvoir entre 1996 et 2001, les talibans avaient imposé leur lecture de la charia, interdisant jeux, musique, photographies ou encore télévision. Les meurtriers étaient exécutés en public, les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, et celles jugées coupables d’adultère étaient fouettées et lapidées à mort, les homosexuels tués.


    Qu’est ce que la charia?
    La charia découle du Coran et de la Sunna (paroles et actes du prophète Mahomet) et comporte un ensemble de droits et de devoirs tant individuels que collectifs pour les musulmans. C’est un ensemble de règles, d’interdits et de sanctions issus de la tradition et de la jurisprudence. Elle peut régir les transactions financières, les infractions pénales, les affaires judiciaires mais aussi le droit de la famille, ou encore la tenue ou même l’alimentation des musulmans.

    Elle est interprétée et appliquée avec plus ou moins de rigueur dans certains Etats musulmans. La charia est source de législation dans des pays comme l’Egypte, le Koweït ou le Yémen, mais avec une application des sanctions très variable.


    Arabie saoudite: une application rigoriste
    Cette monarchie absolue est dotée depuis 1992 d’une Loi fondamentale assimilée à une Constitution, reposant sur la charia. L’homicide, le viol, le trafic de drogue, les attaques à main armée, la sorcellerie, l’adultère, la sodomie, l’homosexualité et l’apostasie sont passibles de la peine capitale. Le royaume a lancé des réformes économiques et sociétales en autorisant notamment les Saoudiennes à conduire. Mais il reste l’un des pays les plus restrictifs au monde pour les femmes.


    Soudan
    Durant les 30 ans de règne d’Omar el-Béchir (1989-2019), le Soudan a appliqué une version très rigoriste de la charia. Des milliers de Soudanaises ont été condamnées à de lourdes amendes et flagellées, pour «tenue indécente» ou consommation d’alcool, selon des membres de la société civile. En novembre 2019, les nouvelles autorités ont abrogé une loi visant les Soudanaises jugées coupables d’«actes indécents et immoraux», mais le reste de l’arsenal discriminant les femmes est resté en place.


    Brunei
    En 2013, le Brunei, petit sultanat richissime situé sur l’île de Bornéo, est devenu le premier pays d’Asie du Sud-Est à introduire progressivement la charia jusqu’en 2019 où le nouveau code pénal islamique est entré en vigueur. Celui-ci prévoit la lapidation pour homosexualité et adultère et l’amputation d’une main ou d’un pied pour vol. Toutefois l’application reste incertaine, la dernière pendaison remontant à 1957. Amnesty International a condamné le nouveau code pénal tout en soulignant que Brunei était « abolitionniste dans les faits ». Face aux menaces de boycott international, le monarque a décrété un moratoire sur les lapidations des homosexuels.


    Aceh: seule province indonésienne à suivre la charia
    Aceh, à la pointe de Sumatra, est la seule province à appliquer une version de la loi islamique en Indonésie, qui compte la plus grande population musulmane au monde. La flagellation y est une punition assez courante. L’adultère, les relations sexuelles hors mariage ou avec une personne du même sexe sont punies. La consommation d’alcool ou le jeu sont interdits. Le cinéma est banni, pour éviter les comportements « non islamiques ».


    Pakistan 
    La charia est en vigueur au Pakistan, mais rarement appliquée. Concernant l’homosexualité par exemple, passible de prison dans ce pays musulman conservateur en héritage d’une loi anti-sodomie datant de l’époque coloniale britannique, elle ne fait pas l’objet des exécutions dont elle serait passible selon la charia.


    Iran
    En Iran, où une République islamique a été instaurée en 1979 avec une législation fondée sur la charia, le meurtre, le viol, le vol à main armée, le trafic de drogue et l’adultère sont passibles de la peine capitale. Le Conseil des Gardiens est chargé de veiller à la conformité des lois avec la charia et la Constitution iranienne. Plusieurs cas de condamnation à mort d’homosexuels ont été rapportés ces dernières années sous prétexte de viol en général.


    Nigeria 
    La charia a été instaurée en 2000 dans 12 Etats du Nord nigérian provoquant des affrontements entre chrétiens et musulmans. Les tribunaux islamiques du nord du Nigeria fonctionnent parallèlement au système judiciaire étatique. Ils ont déjà prononcé des condamnations à mort pour adultère, meurtre ou homosexualité, sans qu’aucune exécution n’ait eu lieu jusqu’à présent.


    Le califat de l’EI 
    Avant son renversement en 2019, le groupe Etat islamique (EI) a imposé la charia sous sa forme la plus brutale dans son «califat» entre l’Irak et la Syrie. Le groupe extrémiste punissait le vol, la consommation d’alcool, l’adultère ou encore l’homosexualité en pratiquant décapitation, lapidation ou amputation. Des hommes, accusés d’homosexualité, ont été défenestrés. 

    Rédaction avec AFP

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