Récemment, une publicité a retenu mon attention. Un appel à signer une pétition pour que l’on s’intéresse au sort des personnes LGBTQ à travers le monde. J’étais particulièrement touché puisque, depuis quelques semaines, cela fait partie des discussions que j’ai avec des ami.e.s.
On a beau être bien ici, compte tenu des actes homophobes et transphobes, institutionnalisés dans certains pays, promus, entre autres, par des groupes sociaux et religieux, on ne peut se réjouir de la situation actuelle mondiale. Des photos sur la toile circulent montrant la décapitation d’un homosexuel afghan par des Talibans, un acte barbare s’il en est, qui nous renvoie à notre propre impuissance d’inverser le cours des choses.
Que faisons-nous et que pouvons-nous faire pour changer les choses? Comment faire plus pour obtenir des résultats tangibles et que ces personnes puissent atteindre d’autres rivages où ils et elles se sentiront enfin en sécurité? Il existe au Canada des organismes qui viennent en aide aux personnes nouvellement immigrées, issues de nos communautés, comme à celles qui demandent le statut de réfugié suite aux persécutions subies dans leur pays d’origine en raison de leur orientation et/ou de leur identité de genre. Plusieurs de ces organismes se trouvent en Colombie britannique et en Ontario, dont les LGBTQ+ Refugee Programs et le Rainbow Railroad. En plus d’offrir des services aux réfugié.e.s LGBTQ, nouvellement arrivé.e.s sur le territoire et qui ont besoin d’aide, ces organismes offrent le parrainage aux personnes en danger. Au Québec aussi, un organisme s’est donné pour mission d’aider ceux et celles venu.e.s d’ailleurs, AGIR.
Mais, compte tenu des délais de traitement grandement allongés par la pandémie que nous vivons actuellement, même le parrainage collectif a ses limites. La personne en danger peut être arrêtée, emprisonnée, torturée, disparaître bien avant que sa demande soit acceptée et qu’elle puisse prendre un vol pour le Canada. Lors de chaque crise ou bouleversement politique, on s’inquiète avec raison pour les communautés LGBTQ. En ce moment, l’Afghanistan retient notre attention. Quel sera, là-bas, le sort des femmes, des minorités sexuelles? Déjà, nous savons qu’ils et elles seront les premières victimes à être soumises à des lois restreignant leurs libertés et qui mettront en danger leur intégrité physique et psychologique. Des lois qui sont en opposition totale avec les grandes chartes internationales sur les droits de la personne.
Nous ne sommes pas insensibles et nous montrons notre solidarité en signant des pétitions, en organisant parfois des manifestations devant des ambassades et des consulats, en nous réunissant aussi en colloques, et conférences, pour faire l’état des lieux, rappeler si ce n’était pas encore suffisant, à quel point la situation est désastreuse. On peut saluer la création d’Égides sous les auspices du gouvernement québécois qui tient à rappeler la situation des personnes LGBTQ dans de nombreux pays de la francophonie. Et on sait qu’il existe aux Nations Unies un expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Pour faire court, disons qu’on parle beaucoup du sort des minorités sexuelles et de genre, et c’est une bonne chose.
Pourtant, sur le terrain les résultats sont timides. Il suffit de se tenir au courant pour apprendre chaque semaine les exactions commises sur des personnes LGBTQ aussi bien par des autorités gouvernementales et religieuses que par des membres de la société civile dans des dizaines et des dizaines de pays.
Et, il se pourrait que le nombre d’exactions augmente au regard de la radicalisation de plusieurs pays à l’encontre des droits des femmes et de ceux des minorités sexuelles. Mais que pouvons-nous faire ? Démontrer notre solidarité par des pétitions ou des manifestations n’empêchent pas de dormir les gouvernements réactionnaires. Leurs convictions misogynes, homophobes, transphobes ne seront pas ébranlées ni par une énième chronique déplorant cet état de fait, ni même en faisant allusion au cœur totalement déchiré du chroniqueur.
Nos gouvernements (provincial et fédéral), comme d’autres gouvernements occidentaux, se targuent de défendre un certain nombre de valeurs touchant les droits de la personne. Ils les rappellent dans toutes les rencontres bilatérales et multilatérales. Mais ce rappel de dire aux dirigeant.e.s hostiles à ces mêmes droits que «C’est pas bien !» Est-ce suffisant? Pas sûr, en tout cas pas à court terme. Peut-être que dans deux ou trois générations verrons-nous des améliorations, mais pour le «ici et maintenant», on se donne une bonne conscience à peu de frais avec des rappels, bien inoffensifs, même s’ils sont exprimés d’un ton ferme.
Nous devons faire pression sur nos élu.e.s pour que des mesures tangibles réelles soient faites en direction des pays où la vie des femmes et des minorités sexuelles n’a aucune valeur. Nos élu.e.s ont la possibilité de prendre des sanctions économiques par exemple, ou encore, via leurs délégations à l’étranger, d’offrir une plus grande facilité à celles et ceux qui sont victimes d’oppression ou menacé.e.s, d’obtenir un visa pour le Canada et une protection durant le temps du processus.
Il est grand temps de demander des redditions de compte à nos gouvernements pour regarder ce qu’ils ont réellement réalisé en matière des droits de la personne à l’international, et ne plus se contenter de déclarations d’intention.