Longtemps oubliés, les homosexuels et lesbiennes ont été persécutés sous le nazisme. On estime qu’au moins 15 000 furent envoyés dans des camps de concentration pour cette raison.
Avant l’arrivée de Hitler au pouvoir, le positionnement du parti nazi sur l’homosexualité est resté longtemps ambigu. Le régime lui-même valorisait les relations masculines au sein d’unité comme la SA et la SS. Ernst Röhm, chef de la SA, était lui-même un homosexuel notoire. Néanmoins, un discours homophobe extrêmement virulent était porté par Henrich Himmler, nuance l’historienne. Il considérait que l’homosexualité était une forme de dégénérescence. L’homosexuel n’avait aucune valeur sociale.
Homosexuels déportés
Lorsque Hitler arrive au pouvoir en février 1933, toute ambiguïté est levée. En 1935, le paragraphe 175 du Code pénal allemand, condamnant les relations sexuelles entre les hommes en Allemagne, est aggravé. À partir de ce moment, les condamnations s’élèvent jusqu’à dix ans de prison et peuvent être associées à l’envoi en camp de concentration. Ce paragraphe ne s’appliquait qu’aux ressortissants du Reich, soit les Allemands et les habitants des territoires annexés comme l’Alsace-Moselle.
Environ 15.000 hommes ont été déportés dans des camps de concentration, où ils portaient le triangle rose. À peu près la moitié d’entre eux a péri dans les camps. Ils étaient souvent affectés aux compagnies disciplinaires, donc aux travaux les plus durs. Ils ont pu être victimes aussi d’expériences médicales supposées les guérir.
Le cas des lesbiennes
L’homosexualité féminine n’étant pas criminalisée lors de la refonte du paragraphe 175, la majorité des lesbiennes ont échappé à la répression, cela n’empêchant pas les discriminations. On voit qu’elles pouvaient perdre leur emploi. Certaines ont été envoyées en hôpital psychiatrique ou ont perdu la garde de leurs enfants. Néanmoins, on connaît des cas de femmes qui ont été déportées en tant que résistantes, qu’asociales, en tant que juives et en tant que lesbiennes, le lesbianisme constituant une circonstance aggravante.
Une longue reconnaissance
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le paragraphe 175 reste en vigueur en Allemagne, cela rendant extrêmement difficile le témoignage des victimes. Le premier témoignage d’un triangle rose, celui de l’autrichien Heinz Heger, est médiatisé en 1972. Il faut attendre les mouvements de libération gai et lesbien des années 1970 pour que le sujet commence à être abordé ouvertement et discuté dans le grand public.