C’est un peu la question à laquelle tente de répondre le film d’Olivier Peyon. Adapté du roman largement autobiographique de Philippe Besson, Arrête avec tes mensonges est moins une adaptation stricte qu’une version complémentaire du livre, bien que tous deux racontent une relation blessée, entre honte, passion masculine et dialogue entre deux générations reliées entre elles par un secret de famille.
Stéphane Belcourt, romancier célèbre, parraine le bicentenaire d’une célèbre marque de
cognac. C’est aussi l’occasion pour lui de revenir dans la ville où il est né, le lieu qui a forgé l’homme qu’il est devenu. Lors d’une séance de dédicaces, il rencontre Lucas, le fils de Thomas son premier amour. Cette rencontre ravive les troubles d’un passé qui le hante encore.
Comme dans le livre de Philippe Besson, il y a dans le film un dialogue entre les cultures, entre les âges et les modes de vie, quitte à ne pouvoir partager ce «dialogue» longtemps. Le film est saisissant dans l’interprétation de ses comédiens (en particulier Guillaume de Tonquédec et Victor Belmondo), enveloppant la douleur concrète et (in)visible. La rencontre entre Stéphane et Lucas ravive par flash-back les souvenirs du plus vieux, et ce de la première rencontre jusqu’à leurs adieux. On comprend dès lors les enjeux — mais aussi les tabous autour — de cette relation.
La prestation de Guillaume de Tonquédec dégage une innocence et une candeur touchante à la limite de la vérité. Victor Belmondo se positionne quant à lui comme un guide sur la route des souvenirs de Stéphane.
Les paysages du Sud de la France et un Julien de Saint-Jean en bum à moto rendent hommage au film Les Roseaux sauvages d’André Téchiné, alors que le visage de Victor Belmondo se veut le plus beau réceptacle de ce film, notamment dans l’avant-dernière scène.
Arrête avec tes mensonges navigue dans les eaux de la nostalgie. L’enjeu du film est de comprendre comment cette relation s’est terminée de manière radicale, alors qu’elle semblait belle et infinie, ne laissant qu’un vide dans le cœur du romancier. Stéphane et Lucas vont, l’un comme l’autre, tenter de trouver des réponses à travers leurs questionnements.
Révélateur d’un monde où il est difficile de s’assumer pleinement — monde où l’on avance masqué — le film s’intéresse à la dualité entre mensonge et histoire. Et se demande si une histoire est simplement une manière d’extérioriser une vérité difficile à assumer. N’est-ce pas le propre de l’écrivain de manier l’art des mots ? C’est ce qu’explique d’ailleurs Stéphane, qui raconte dans le film la genèse de son amour pour l’écriture lorsqu’il était enfant imaginant la vie d’inconnus qui croisaient sa route. Sa mère insensible face à la fantaisie dont il faisait preuve lui répétait «Arrête avec tes mensonges» qu’il interprétait par «Arrête avec tes histoires»…
INFOS | Arrête avec tes mensonges d’Olivier Peyon (Fr, 1h38) avec Guillaume de Tonquédec, Victor Belmondo, Jérémy Gillet, Julien de Saint-Jean, Guilaine Londez… Sortie sur les écrans, le 5 mai.
Pour lire notre entrevue avec Guillaume de Tonquédec et Olivier Peyon