Lundi, 9 septembre 2024
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    Plutôt rire que pleurer avec Géolocaliser l’amour, lecture dessinée de et avec Simon Boulerice

    Si Simon Boulerice se présente comme une personne insouciante et sans ambition, sa feuille de route semble illustrer tout le contraire ! Après avoir adapté son autofiction Géolocaliser l’amour en série Web, l’auteur prépare désormais une performance illustrée de son œuvre qui suit, par coups de poèmes narratifs, les aventures plus ou (surtout) moins fructueuses d’un Simon qui explore les applications de rencontre.

    D’un livre à une série télé, Géolocaliser l’amour est maintenant en format scénique ! Comment en es-tu arrivé là ?
    SIMON BOULERICE : J’aime toujours dire que je ne suis pas un puriste dans la vie et que je pense qu’une histoire peut naitre dans différents écrins. Je suis vraiment de type « vase communicant ». J’aime toujours naviguer entre le théâtre, le roman, la série télé… Et ce projet-là, je pense qu’il représente bien ma diversité et mon anti-purisme.

    Juste avant la série Web, un peu avant la pandémie, on m’a proposé de faire une lecture de ce texte-là dans le cadre de Québec en toutes lettres. C’est un festival littéraire où on essaie de faire des espèces de happening d’événements autour de la littérature, de la rendre très vivante. Élodie Cuenot faisait la mise en lecture de ce texte-là. Moi, je jouais dans une église. J’aimais ça, être dans un lieu sacré avec un texte profane ! Il y avait aussi Richard Vallerand qui dessinait en temps réel et Millimetrik, un DJ de Québec. La réaction a été fabuleuse. Il y a quelque chose qui s’est passé ce soir-là. L’été passé, on l’a repris dans un festival à L’Assomption. Ça a vraiment marché. Ce soir-là, je me sentais comme une rockstar. Ça riait beaucoup. Et il se trouve que Juste pour rire était dans la salle ! Moi, je ne suis pas quelqu’un qui a tant d’ambition. Je sens que les choses m’arrivent et j’aime ça dire « oui » à des affaires stimulantes.

    Je pense que quiconque est passé par les applications de rencontre se reconnait là-dedans, dans l’espèce de buffet à volonté qui nous est proposé, le vertige que ça représente… Mais c’est un spectacle qui m’emballe parce que je pense que ça peut faire du bien de rire collectivement de tout ça, même si on n’est pas queer. Ça demeure quand même universel, le désir d’être aimé et le sentiment d’être incomplet. Même si on est hétéro et même si on n’a pas l’âge d’avoir une application de rencontre, on peut quand même s’y reconnaitre. Donc je pense que ce spectacle peut être rassembleur.

    Tu présentes ton spectacle au festival Juste pour rire, mais tu y partages également des moments d’échec et de vulnérabilité. Considères-tu Géolocaliser l’amour comme étant un projet plutôt triste ou plutôt drôle ?
    SIMON BOULERICE : Je trouve qu’il me représente beaucoup ce livre-là, et pas juste parce que j’y prête mon nom. Dans ce cas, c’est beaucoup à cause du ton. C’est de l’autofiction, mais il y a beaucoup d’inventions. Il y a beaucoup de choses que j’ai empruntées. Comme c’est dit dans le livre, tout n’est pas vrai, mais tout pourrait être vrai. Tout est sincère.

    Par contre, le ton est très près de ce que je suis, c’est-à-dire qu’il y a beaucoup d’humour, et beaucoup de tristesse. Je vais généreusement autant dans l’humour que dans le drame. J’ai eu un professeur à un moment donné au cégep qui disait — et je lui donne raison — que le plus grand titre de tous les temps c’est « La détresse et l’enchantement » de Gabrielle Roy. Il nous disait : « Une vie, c’est constitué de ça : c’est constitué de détresse et d’enchantement, et parfois dans la même minute. » Je me suis toujours rattaché à ça.

    Ça ouvre la porte à beaucoup de vulnérabilité et moi je n’ai jamais de problème à montrer mes vulnérabilités. Je trouve que souvent c’est payant, ça m’a souvent servi. C’est aussi ce que j’aime en tant que public : j’aime quelqu’un qui s’ouvre sur ses imperfections. J’ai toujours trouvé que quand il y a trop de vernis, ça ne me touche pas. Je reconnais le talent, mais il n’y a pas d’aspérité et j’aime les aspérités.

    Par tes nombreux projets, tu trouves un public auprès de nombreuses générations. Vois-tu une pression ou une difficulté à « gérer » ces différentes générations ?
    SIMON BOULERICE : Ça me rend heureux. Il n’y a pas grand-chose de calculé dans ce que je fais. Je n’ai pas tant d’ambition. Je ne suis pas quelqu’un qui réfléchit autant que je devrais peut-être. Il y a une forme d’insouciance chez moi. Je ne suis pas préoccupé par ça. J’aime essayer plein de choses. Je me dis juste : « Qui m’aime me suive ». Mais évidemment, plus tu rejoins de monde et plus tu prêtes le flanc, plus tu reçois des commentaires plus désobligeants parfois. Le gars de l’émission Cette année-là, c’est moi et ça me représente bien. Mais le gars de Géolocaliser l’amour aussi c’est une autre partie de moi. Et vous avez le droit de pas tout aimer de moi. Je n’aime pas tout de moi non plus ! Ma multiplicité, je la montre facilement et je suis à l’aise avec ça. Cette insouciance, je trouve que ça me sert.

    Comptes-tu aller en tournée avec ce spectacle ?
    SIMON BOULERICE : Pour vrai, je suis vraiment ouvert à tout. J’aime ça surfer sur des vagues ! C’est un spectacle que, chaque fois que je l’ai présenté, j’ai trouvé ça l’fun, j’ai eu du plaisir. Je viens du théâtre. J’aime le côté vivant, le côté mouvant. Et je me dis que c’est super léger comme spectacle, on est trois, et on peut le faire partout. On a juste besoin d’un grand écran et d’une console sur le côté. On est comme une trinité : une table avec le dessinateur, une table avec le DJ et moi en plein milieu avec mon tabouret et mon cartable.

    Je n’ai pas le souhait actif que ça se prolonge, mais j’ai le souhait que ce soit un début, parce qu’on est emballé par le spectacle. Donc s’il y a des échos favorables on va aller de l’avant et je serai bien content. Mais sinon, ça sera ça et je pourrai me dire : « J’ai fait la Place des Arts avec un petit roman d’autofiction un peu grivois, un peu salace ! »

    Quel conseil aimerais-tu donner à quiconque voudrait s’aventurer sur Grindr ?
    SIMON BOULERICE : Je ne donne pas beaucoup de conseils dans la vie en général, je suis plus du genre « Essaie ! ». Je me suis forgé une carapace petit à petit. Je ne veux pas démoniser ces affaires-là. Il ne faut pas prendre ces choses-là au sérieux. Si tu ne prends pas trop ça au sérieux, tu ne seras pas trop bouleversé quand on va te ghoster. Parce que c’est ça la réalité : on ne cherche pas tous les mêmes affaires, il y en a qui sont très rapides… Il faut en rire, il faut tourner ça un peu au ridicule. Je sais que ça fait de la peine, parce que c’est des rencontres qui sont avortées.

    Si tu fais ça tout seul ça peut être triste, mais si tu vis quelque chose de blessant, décante, ventile avec un ami. Je pense qu’il faut avoir du lâcher-prise. Il ne faut pas y mettre trop son cœur, pas livrer tout son cœur rapidement, parce que ça reste du virtuel et c’est facile d’usurper des identités, d’être blessant, etc. Le voilà, mon conseil : se protéger un petit peu en tournant ça parfois au ridicule. Mais, soit dit en passant, j’y crois, qu’on puisse trouver l’amour là-dessus !

    INFOS | GÉOLOCALISER L’AMOUR : LECTURE DESSINÉE DE ET AVEC SIMON BOULERICE, le 21 juillet 2023 à 19h au Studio Hydro-Québec du Monument National

    *** Notez bien, Juste pour rire Montréal a procédé à un changement de salle pour le spectacle de Géolocaliser l’amour de Simon Boulerice qui devait initialement présenté au Théâtre Maisonneuve de la Place-des-Arts ; La date demeure la même, soit le 21 juillet. NOUVELLE HEURE : 19h

    La représentation aura lieu au :
    Studio Hydro-Québec du Monument National
    1182, boulevard Saint-Laurent Montréal, QC H2X 2S5


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