Prendre part au FTA c’est plus qu’être spectateur-rice de spectacles de danse ou de théâtre, c’est avant tout vivre une expérience qui nous sort de notre zone de confort. C’est une immense ouverture sur le monde remplie de découverte où s’entremêlent l’imaginaire débridé de créateur-rices qui sont en prise directe sur notre monde, nos réflexions, nos inquiétudes, mais aussi nos rêves. Nos utopies, peut-être les réalités de demain.
Il est des propositions qui ne laissent pas indifférent. Loin du bruit et de la fureur de notre monde actuel, Jérémie Niel propose Au cœur de la rose (généalogie d’une tristesse) un huis-clos où les drames se vivent de l’intérieur entre la quête de changement et la quiétude triste mais rassurante de l’inertie. L’auteur de la pièce est Pierre Perrault plus connu par son œuvre cinématographique et télévisuelle que comme auteur de théâtre et de poésies. La langue de Pierre Perrault a séduit Jérémie Niel qui s’attache autant par le texte que la mise en scène, l’environnement sonore a nous arrachés au bruit et à la fureur. Au plus près de l’introspection sur nos désirs, nos peurs, nos tristesses et sur un possible destin dont nous serions maîtres.
Avec The Cloud, nous sommes dans un univers décalé, irrévérencieux porté par deux comédien.ne.s et créateur.rice.s, Alexis O’Hara et Atom Cianfarani (sans oublier leur chien chanteur, Brutus) qui se veulent anti-capitalistes, et queer. Au cœur de leur création, l’effondrement écologique avec en parallèle l’espace de stockage numérique que constitue le « nuage ». L’absurdité de nos comportements y est pointée avec humour et sans moralisme. Un spectacle satirique roboratif à ne pas manquer.
Avec Nigamun/Tunai, le dépaysement sera assuré pour ce voyage au cœur de cultures si proches de nous et pourtant si mal connues. Nigamon et Tunai signifient chant en anishinaabemowin et en inga. Pour les deux créatrices, Émilie Monnet et Waira Nina, leader politique et culturelle de la nation inga, la nature est partie prenante des peuples autochtones de l’Amazonie jusqu’à la forêt boréale et l’on peut retrouver cette musique à travers les chants. Et au-delà du voyage, la résistance à l’extractivisme des compagnies minières qui dévastent les territoires ancestraux de leurs communautés. La révolte des ânes avec asses.masses. Un troupeau d’ânes réduits au chômage dans une société post-industrielle, s’engagent dans une quête pour récupérer leurs emplois. Le tout sous la forme d’une journée de gaming dans un jeu en 10 épisodes. Une expérience ludique interactive, où le public est invité à participer et à devenir les performeurs et performeuses. Un spectacle où l’union fait la force contre le pouvoir. Les créateurs Patrick Benkarn et Milton Lim redonnent un sens plein à ce que veut dire la solidarité.
Enfin, avec Rinse, La danseuse et chorégraphe bundjalung (Australie) et ngapuhi fa (Aotearoa/Nouvelle-Zélande), Amrita Hepi s’intéresse aux commencements. Les commencements de tout, que ce soit de l’amour, d’un pays, ou même la première bouchée d’un repas. Entre la danse et les mots, son corps devient un lieu de mémoire de ces premières expériences, qu’elle explore et qu’elle évoque sur scène, mêlant les récits, les rythmes et les registres différents dans ce solo enlevant.
INFOS | FTA Du 22 mai au 6 juin 2024 https://fta.ca
LIRE AUSSI : 18e édition du FTA : une fenêtre ouverte sur la danse et le théâtre d’ici et d’ailleurs – Fugues