Standstill : langue acérée et fume-cigarette allongé !

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Mélange de polars et de science-fiction, la bande dessinée Standstill nous entraîne dans le sillage d’un dur à cuire dont les armes de prédilection sont un fume-cigarette et une langue bien acérée. Qui est-il et quelles sont ses intentions ? Difficile à dire, si ce n’est qu’il laisse derrière lui les corps sanguinolents de nombreux malfrats. Réalisé par Lee Loughridge et Andrew Robinson, le premier numéro nous entraîne dans un bar miteux où les manières affectées et la chemise fleurie de notre antihéros détonnent et soulèvent de nombreux sarcasmes.

Lorsque les motards le qualifient de « sweetheart » (choupinette), il prend plaisir à leur asséner une vérité qui vient ébranler leur machisme. Leur look est basé sur celui de Marlon Brando dans le film The Wild One (1953), que l’acteur a lui-même emprunté aux bars de cuir gais qu’il fréquentait à l’époque (un fait historique avéré).

Cette révélation a, bien évidemment, tout pour leur déplaire et alors que, dans une scène très phallique, on lui enfonce un canon de fusil dans la bouche, sa fin semble assurée. Pourtant, il disparaît soudainement des lieux et, quelques minutes plus tard, ne reste sur place qu’une montagne de cadavres et un seul survivant décontenancé, un couteau ensanglanté entre les mains. Leur bourreau a disparu après avoir confirmé à un mystérieux interlocuteur que « c’est fait, ils ont eu ce qu’ils méritaient ».

En parallèle, on suit les démêlés de Colin Shaw qui, malgré un divorce en cours, est avant tout préoccupé par le vol de l’une de ses créations : un appareil qui permet de stopper l’écoulement du temps. Une mystérieuse agence gouvernementale s’intéresse finalement à cette histoire et lui demande de se joindre à l’enquête. Évidemment, les chemins des deux hommes sont appelés à se croiser, mais il est difficile d’anticiper ce qui en résultera.

Dès sa première apparition, notre assassin (qui demeure anonyme) se révèle irrésistible par son côté goguenard qui assume pleinement des maniérismes surannés : le fume-cigarette, le petit doigt levé lorsqu’il élève sa tasse, son sourire en coin et l’intelligence de ses mots d’esprit. Il est par ailleurs doté d’un corps d’athlète et, malgré ses appétences meurtrières, il semble avoir un solide code moral, n’hésitant pas, par exemple, à neutraliser un voisin de siège qui harcèle une hôtesse de l’air.

La BD est magnifiquement illustrée par Andrew Robinson qui utilise avec brio des couleurs vives afin d’élever la charge dramatique de certaines scènes ou de mettre l’accent sur un personnage précis. De nombreuses et splendides doubles pages ponctuent le premier numéro de cette série de huit qui se révèle déjà un grand coup de cœur. Difficile de cerner l’intrigue ou la motivation des personnages, mais on est déjà complètement accroché.e.s !

INFOS | Standstill / Lee Loughridge & Andrew Robinson. Portland : Image, 2024 (no 1 de 8), 64 p.

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