L’écriture poétique n’est pas donnée à tout le monde, en particulier lorsqu’on décide de s’extirper du carcan des conventions. C’est cependant un art dans lequel excelle Nicholas Giguère puisque ses textes n’hésitent pas à bouleverser la forme et à tirer, à gros boulets iconoclastes, sur une bienséance étriquée.
Il avait déjà secoué l’imaginaire de plusieurs avec son recueil Queues, publié en 2017, dans lequel il pourfendait les préjugés et les clichés conformistes entourant la sexualité. Il récidive de plus belle avec ce nouveau recueil, dans lequel il combine les tourments de l’âme et « les graffitis des toilettes publiques » au sein d’un même creuset littéraire.
« une séance de fisting qui vire / à la dentelle et au crochet / un village gai / propre / sur Sainte-Catherine devastated love / où j’ai subi une colonoscopie / par Monsieur Mufler / ceci n’est pas une chanson d’Annie Brocoli. »
« VENTE DE GARAGE / mon cœur pour 0,25 $ / le reste proposez / je suis open / et ouvert de partout / au pire / crissez-moi aux vidanges. »
Une écriture écorchée vive qui percute en plein cœur et dont la violence constitue un véritable bras d’honneur social, tout en distillant une sensibilité à fleur de peau.
« mon cœur gît / dans la rivière / mon corps se prostitue / oui / mais où sont les / portes ? »
INFOS | Fucked up story / Nicholas Giguère. Saint-Laurent : Hurlantes, 2025, 79 p. (Poésies)