Ce que nous avons perdu dans le feu

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Meurtres à répétition, violence et drogue sont le pain quotidien d’une Buenos Aires glauque et misérable dans laquelle chacun des personnages semble être englué, à la recherche de réponses inaccessibles. Malgré tout, cette détresse est ici sublimée par le dessin de Lucas Nine.

Adaptation graphique de quatre des nouvelles du recueil éponyme de Mariana Enriquez, la bande dessinée propose un étrange alliage visuel de peintures et de photographies, qui ouvre sur un univers déformé, aux couleurs décaties, où la laideur de l’âme est révélée au détour de chaque recoin sombre.

Qu’il s’agisse d’une jeune femme qui prend pitié d’un enfant esseulé, d’un tueur en série qui décime des enfants dans l’indifférence des pouvoirs publics, d’une femme qui soupçonne son voisin des pires atrocités ou de l’enquête entourant la mort d’un adolescent, le récit présente une misère et une violence dont chacun cherche à échapper.

À noter que le premier récit met en scène Lala, la meilleure coiffeuse du quartier, qui a délaissé son passé d’homme uruguayen pour embrasser la réalité d’une femme brésilienne. On peut regretter, à l’instar des nouvelles dont la bande dessinée s’inspire, que chaque récit se conclue sur une fin ouverte, laissant planer un doute sur la réalité de ce qui nous a été présenté. Ne s’agirait-il pas simplement d’une affabulation ?

Une œuvre qui nous entraîne dans une folie perturbante, magnifiée par la beauté graphique des dessins de Lucas Nine, mais donc la lecture n’en commande pas moins d’avoir l’âme bien accrochée.

INFOS | Ce que nous avons perdu dans le feu / Mariana Enriquez, récit & Lucas Nine, dessins. Paris : Éditions du sous-sol, 2025, 100 p.

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