Mercredi, 15 octobre 2025
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    Simon Boulerice revient de Cannes et retourne dans sa cuisine

    Gros printemps pour Simon Boulerice. Quelques semaines après son élimination à Big Brother Célébrités, l’auteur a publié Ma vie au micro-ondes — Récit d’infortunes culinaires et foulé le tapis rose de Canneserie avec son nouveau projet télé : une série policière queer !

    Tu reviens tout juste de Canneserie. Quel est cet événement ?
    Simon Boulerice : C’est la petite sœur du grand Festival de cinéma. Ça se passe aussi sur la Croisette avec une montée des marches. Le tapis n’est pas rouge, mais rose. Ça réunit le meilleur de la télévision à travers le monde. On était les seuls Québécois cette année. J’ai su que j’y allais après avoir été éliminé de Big Brother. Pendant quatre jours, chaque personne éliminée doit rester à l’hôtel, sans pouvoir parler à personne, sauf à son agent et aux joueurs déjà sortis.

    Quelle est la prémisse de ta nouvelle série M’infiltrer dans ta vie ?
    Simon Boulerice : C’est un mélange de série policière et de série queer. Ça part d’un truc que j’ai vécu en cinquième secondaire. J’étais dans mon cours d’anglais, un nouvel élève s’est assis à côté de moi, j’ai tenté de m’en faire un ami, mais le cours d’après, il s’est installé au fond de la classe. J’ai bien compris qu’il ne voulait pas être mon ami. Un mois plus tard, il a arrêté de venir à l’école. J’ai demandé à ma prof pourquoi et elle m’a dit que c’était un policier infiltré pour voir qui vendait de la drogue à l’école.

    Cette scène-là, on la retrouve au début. Dans la série, le jeune queer de 16 ans s’infiltre dans la vie du policier, le suit en filature après l’école et finit par comprendre que c’est un policier de 26 ans. C’est une histoire d’amitié improbable.

    Tu as connu du succès avec Six degrés et Géolocaliser l’amour. Tu as été encensé pour Chouchou. Est-ce que ça met de la pression ou ça donne confiance pour les projets suivants ?
    Simon Boulerice : M’infiltrer dans ta vie est le premier projet qui se concrétise depuis Chouchou (outre Martine à la plage, diffusée presque au même moment). Aucun des autres projets menés avec beaucoup de ferveur n’a fonctionné. Je n’étais donc pas en train de me demander si ma prochaine série serait aussi bonne et appréciée que Chouchou, mais plutôt : est-ce que je vais faire une autre série dans ma vie ?

    C’est compliqué, écrire pour la télé…
    Simon Boulerice : Pour des raisons qui nous échappent, on tire souvent la plug sur des projets. J’avais deux-trois projets qui m’emballaient énormément, mais qui n’existeront jamais. C’est dur pour l’ego, pour le cœur et pour la ferveur. Au Québec, je n’ai pas l’impression qu’un grand succès est garant d’une prochaine série diffusée. Je ressens une désillusion face à la télé. On écrit, on écrit et quand ça ne s’incarne pas, il y a quelque chose de désespérant pour le romancier que je suis : quand j’écris un roman, la finalité existe.

    As-tu pensé quitter la scénarisation ?
    Simon Boulerice : Quand j’ai su que M’infiltrer dans ta vie allait se faire, je venais de décider que j’arrêtais la scénarisation, en février 2024. Je me disais que c’était une parenthèse intéressante, amusante et payante, mais bizarre. Je pense encore que je ne suis pas fait pour la scénarisation. Une semaine après, deux projets se sont enclenchés : M’infiltrer dans ta vie et une autre qu’on tourne en septembre.

    Tu m’as expliqué récemment que ta productivité avait ralenti. Comment expliques-tu cela ?
    Simon Boulerice : Big Brother a considérablement ralenti mon rythme. J’étais trop habité par le jeu pour écrire sur autre chose. Pendant un mois et demi, j’ai mis sur pause ma créativité. Depuis que je suis sorti, j’ai de la difficulté à retrouver mon élan. Ça ne m’angoisse pas. J’avais peut-être un rythme un peu trop effervescent. J’ai envie d’y aller plus lentement. C’est soit de la fatigue, de la sagesse ou autre chose. Mon amoureux trouve ça assez sain.

    Parlons maintenant de ton livre, Ma vie au micro-ondes. Comment t’est venue l’idée d’utiliser ta relation à la cuisine pour explorer plusieurs aspects de ta personne ?
    Simon Boulerice : La cuisine est un lieu de référence et l’endroit où il y a le plus de vie dans une maison. C’est un espace formidable pour parler de notre rapport à la vie, aux autres et à la solitude. Longtemps, j’ai habité seul et je faisais moins d’efforts pour m’alimenter. Vivre à deux, ça veut aussi dire, avec mon amoureux qui cuisine, épaissir par amour parce que je me sens aimé par lui et je mange les repas qu’il concocte. C’est également une quête de soi : à 43 ans, est-ce possible de me sortir de mon absence d’autonomie dans la vie domestique ?


    À quel point ton chum a-t-il changé ta vie culinaire ?
    Simon Boulerice : D’abord, quand il est arrivé chez moi, on a rénové mon appartement complètement, y compris la cuisine. Il fait tout en cuisine et je mange des restants quand il est parti. Le livre est entre autres un hommage à mon chum et à sa générosité à mon endroit. Et, bien sûr, c’est un hommage à Jehane Benoît, que je fais débarquer dans ma cuisine pour me motiver comme une cheerleader. Je jalouse le génie de femmes comme elle et ma grand-mère, l’aisance avec laquelle elles allument un rond de poêle et cuisinent des plats.

    Tu t’amuses à faire des liens avec Jehane Benoît. Comment la décrirais-tu pour les néophytes ?
    Simon Boulerice : Elle a démocratisé la cuisine simple. Son parcours ressemble à celui de Julia Child, la grande papesse de la cuisine aux États-Unis. Au Canada, c’est Jehane Benoît. Elle a travaillé partout au pays. Elle s’adressait à tout le monde et elle donnait des conseils pour tous les budgets. Elle a parti une école de cuisine, écrit un livre de cuisine pour les enfants et démocratisé l’utilisation du micro-ondes, qui faisait peur aux gens en 1975. Cinquante ans plus tard, je trouvais ça l’fun de proposer ma version.

    INFOS | Ma vie au micro-ondes — Récit d’infortunes culinaires, par Simon Boulerice,
    Éditions Cardinal, Montréal 2025. Vous pouvez suivre Simon Boulerice sur Facebook et Instagram au @simonboulerice

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