Samedi, 4 octobre 2025
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    J.K. Rowling suggère de prendre en photo des femmes trans dans les toilettes et de publier les images en ligne

    L’autrice J.K. Rowling, connue pour ses prises de position contre les droits des personnes trans, a suggéré de surveiller l’utilisation des toilettes pour femmes en prenant et en diffusant des photos des personnes qui s’y trouvent.

    La déclaration a été faite sur la plateforme X (anciennement Twitter), en réponse à une internaute lui demandant comment elle comptait « faire respecter l’accès aux toilettes publiques ».

    Cette question surgit alors que plusieurs organismes et institutions ont récemment modifié leurs politiques à la suite d’un jugement de la Cour suprême britannique en avril. Selon l’interprétation actuelle de la Commission pour l’égalité et les droits humains (EHRC), seules les personnes correspondant à leur sexe « biologique » auraient accès aux toilettes non mixtes.

    « Assez facilement, en fait », a répondu Rowling. « Les hommes décents restent à l’écart, comme ils l’ont toujours fait, donc on peut supposer que ceux qui n’y sont pas autorisés représentent une menace, puisqu’ils ne respectent pas la sécurité, la vie privée et la dignité des femmes et des filles. Prendre des photos, signaler et publier l’image de ces hommes en ligne, ce sera du gâteau. »

    Ses partisans ont applaudi cette proposition, mais plusieurs internautes ont dénoncé cette incitation à prendre des photos de personnes dans un lieu privé.

    « J.K. Rowling appelle maintenant ouvertement au harcèlement public des femmes trans et de toutes celles et ceux qui ne passent pas son test personnel de “décence” », a réagi une utilisatrice de X. « Prendre en photo des inconnu·e·s et publier leur image en les désignant comme des menaces ? Ce n’est pas du féminisme. C’est une forme de vigilantisme paranoïaque. »

    Une autre personne a écrit : « Vous voulez prendre des photos de gens dans les toilettes ? Réalisez-vous à quel point c’est tordu et malsain ? »

    Un autre message soulignait : « Joanne [le prénom de l’autrice], ce que vous encouragez est illégal. Photographier des gens à leur insu et diffuser leur image viole clairement leur droit à la vie privée. »

    Les conséquences du resserrement des règles concernant l’accès aux toilettes selon le sexe assigné à la naissance se font déjà sentir. Des membres de la communauté LGBTQ+, incluant des lesbiennes cisgenres qui ne correspondent pas aux stéréotypes de la féminité, en subissent les effets. En mai dernier, une femme a été expulsée des toilettes pour femmes d’un hôtel à Boston par un agent de sécurité, qui croyait qu’elle était un homme.

    La conjointe de l’autrice jeunesse Jessica Walton a également été confrontée à des situations similaires, tout comme la poète Eloise Stonborough. Lors de la Semaine de la visibilité lesbienne, qui suivait de peu le jugement de la Cour suprême, la députée travailliste Kate Osborne a déclaré être fréquemment mégenrée à cause de son apparence, exprimant son inquiétude face à une aggravation de la situation.

    Le jugement controversé a statué que la Loi sur l’égalité de 2010 devait être interprétée en fonction du « sexe biologique ». Dans la foulée, l’EHRC a émis des recommandations précisant que l’accès aux espaces non mixtes devait se faire selon le sexe biologique. Cela signifie, par exemple, qu’une femme trans n’aurait pas le droit d’utiliser les toilettes pour femmes, et qu’un homme trans ne pourrait entrer dans celles des hommes. Dans certains cas, l’EHRC recommande aussi d’interdire l’accès aux installations pour hommes aux femmes trans, et vice versa.

    Plusieurs organisations, dont l’Association anglaise de football, le Conseil du cricket pour l’Angleterre et le pays de Galles, le parlement écossais et l’Autorité de régulation financière ont déjà pris des mesures pour restreindre l’accès aux espaces genrés selon l’identité de genre des personnes trans.

    La présidente de l’EHRC, la baronne Kishwer Falkner, a même affirmé que le droit à la vie privée d’une personne trans « ne s’applique pas » lorsqu’il est question d’accès aux toilettes selon le genre. Devant le Comité parlementaire des femmes et de l’égalité plus tôt ce mois-ci, elle a affirmé s’être appuyée sur des avis juridiques allant en ce sens, soutenant que l’article 8 de la Loi sur les droits de la personne n’était pas applicable ici.

    L’organisme a toutefois dû reconnaître qu’une clause de son guide, affirmant qu’il est « obligatoire » pour les employeurs de fournir des toilettes non mixtes, était erronée. En réponse à une mise en demeure de l’organisme juridique Good Law Project, les avocats de l’EHRC ont précisé que la formulation correcte était la suivante : « Lorsque des installations séparées sont légalement prévues pour les “hommes” et les “femmes”, cela signifie pour les hommes et femmes biologiques. » Si une toilette est dans une pièce séparée, avec une porte verrouillable de l’intérieur, l’employeur est en règle.

    L’EHRC mène actuellement une consultation publique de six semaines sur les modifications à apporter à son Code de pratique, destiné à aider les fournisseurs de services et les organismes publics à appliquer la Loi sur l’égalité. D’abord limitée à deux semaines, la période de consultation a été prolongée jusqu’au 30 juin, après des critiques. Un groupe trans prévoit de faire pression sur les parlementaires cinq jours avant cette échéance.

    Les organisateur·trice·s annoncent déjà que cette mobilisation pourrait être la plus grande action LGBTQ+ dirigée vers les député·e·s depuis la lutte contre la section 28.

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