La troisième conférence d’ÉGIDES se tiendra à Montréal, du 31 juillet au 3 août prochains. Recul des droits pour les communautés LGBTQ2S+ dans le monde, dont des pays de la francophonie, financement des organismes, etc., ÉGIDES a du pain sur la planche, mais plus que jamais aujourd’hui, c’est une voix qui peut se faire entendre et aussi poser des gestes pour contrer l’homophobie et la transphobie, tout en contribuant à tisser des liens.
Pour son directeur général, Michaël Arnaud, il faut remonter à la genèse d’ÉGIDES, qui a pour mission de briser l’isolement pouvant exister aussi bien entre les activistes que les entrepreneurs LGBTQ2S+ et les gouvernements des pays de la francophonie. ÉGIDES compte aujourd’hui plus de 200 organisations membres réparties dans 33 pays et territoires francophones, constituant ainsi pour plusieurs une force, mais aussi un ancrage et un soutien en matière de protection et de lutte pour les droits de nos communautés. La troisième conférence qui se tiendra à Montréal cet été accueillera des représentant.e.s des 33 pays membres. Selon Bruno Laprade, responsable des communications, l’année dernière « il y avait une forte représentation des pays du sud, et l’on espère que ce sera encore le cas pour cette année ».
La thématique choisie est : « Horizons LGBTQI francophones : transmettre, célébrer et préparer demain », peut-on lire sur l’affiche. « Tout d’abord, c’est l’occasion de faire un bilan, précise Michaël Arnaud, et de continuer avec notre objectif principal, c’est-à-dire de connecter des activistes et des entrepreneurs qui n’auraient pas l’occasion de se rencontrer autrement. Il existe des organismes semblables, mais dont la langue est l’anglais, alors qu’ÉGIDES est en français. » ÉGIDES veut ainsi renforcer le mouvement international francophone en mettant l’accent, lors de cette rencontre, sur les enjeux sécuritaires. « On assiste aujourd’hui à un recul important au niveau des droits. Des pays qui durcissent leur législation, on en compte actuellement une quinzaine aujourd’hui, continue Michaël Arnaud, et puis on assiste à une baisse du financement à l’international des organismes LGBTQ2S+, et cette conférence prend alors tout son sens et son importance. »

Deux des principaux bailleurs de fonds des organismes à travers le monde ont cessé leur
financement : les États-Unis et les Pays-Bas. « Aujourd’hui, le Canada, qui était en 3e position pour le financement, se retrouve en tête de liste », précise Michaël Arnaud. Est-ce la raison pour laquelle ÉGIDES consacre sa préconférence d’ouverture à la philanthropie ? « Nous avons décidé d’inviter des bailleurs de fonds de premier plan, aussi bien du secteur privé que du secteur public, ainsi que d’autres partenaires, pour partager les expériences et pouvoir avoir des approches innovantes et mieux soutenir des initiatives locales, en collaboration avec le Global Philanthropie Project, qui est un de nos partenaires de la première heure avec les rapports qu’ils font à chaque année sur le financement des mouvements LGBT dans le monde », de conclure le directeur général.
Plusieurs moments marqueront ces quelques jours chargés. On y abordera des thèmes variés, mais qui couvrent les préoccupations et surtout les inquiétudes actuelles. Par exemple, le fait de ne pas couper le continuum entre l’histoire des minorités de la diversité et les générations plus jeunes. Une table ronde est également prévue sur les « héritages » du colonialisme et la condamnation des cultures qui valorisaient des expressions et des identités de genre s’éloignant du modèle hétérosexuel. À l’autre bout du spectre se déroulera une préconférence jeunesse, lors de laquelle une cinquantaine de jeunes de différents pays se rencontreront, avec comme objectif la réalisation d’un balado et la rédaction d’un manifeste pour soutenir la jeunesse LGBTQI francophone. Couvrir tout l’arc-en-ciel de la diversité demande aussi de construire des narratifs différents pour ainsi s’opposer à la tendance des discours homophobes et transphobes diffusés à grande échelle sur les réseaux sociaux.
Ces enjeux pourront être abordés lors d’une table ronde intitulée, « Changer le narratif : contrer les discours anti-genres ». Au moment d’écrire ces lignes, la programmation complète et définitive de la conférence n’était pas tout à fait ficelée. Mais, pour tous ceux et celles qui s’intéressent un tant soit peu à la situation des LGBTQI, aussi bien dans les pays francophones que dans le monde, la conférence d’ÉGIDES permettra de dresser un portrait de l’état des lieux et peut-être d’apporter des pistes de solution, en plus d’affirmer toujours et encore la présence et les voix des minorités.
Reste une inconnue : plusieurs invité.e.s viennent de pays qui nécessitent un visa pour se rendre au Canada : « Nous avons le soutien et la collaboration du ministère des Affaires internationales, mais en bout de ligne, la décision d’émettre ou non un visa relève du pouvoir d’un agent d’immigration dans le pays d’origine », précise Michaël Arnaud. Espérons que les agents chargés d’émettre les visas feront preuve d’ouverture.
INFOS | La 3e conférence internationale d’ÉGIDES se tiendra à Montréal, du 31 juillet au 3 août prochains.
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