Mercredi, 15 octobre 2025
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    Luc Sénéchal, l’architecte de l’entreprise Le Monde Est Scone

    En septembre 2015, Luc Sénéchal ouvrait le café « De la brume dans mes lunettes », après des années à errer en architecture. Dix ans plus tard, il gère la destinée de l’entreprise Le Monde Est Scone qui commercialise certains des meilleurs scones en ville.

    Quel était ton parcours avant de devenir entrepreneur?
    Luc Sénéchal : J’ai étudié en Technologies de l’architecture au Cégep André-Laurendeau avec comme ambition de devenir architecte et de dessiner des gratte-ciels. J’ai toujours eu des idées de grandeur. Enfant, je voulais être astronaute, pape ou roi! (rires) Après mes études, j’ai commencé à travailler dans le domaine pendant 14 ans on and off. J’ai détesté ce milieu du plus profond de mon être. Je restais, parce que c’était relativement payant, mais tellement répétitif et cloisonné.

    Tu as aussi travaillé en politique, non?
    Luc Sénéchal : Oui, je suis allé travailler un peu plus d’un an entre Montréal et Québec pour Pauline Marois, lorsqu’elle est devenue cheffe de l’opposition. J’étais coordonnateur à la correspondance. Ce n’était rien de majeur, mais j’avais les pieds dans la place. Je goûtais au glamour que je souhaitais, mais derrière le rideau, c’était difficile avec les collègues et ce qu’on attendait de moi. Je ne suis pas resté longtemps.

    Je suis retourné en architecture environ deux ans. Un jour, lors de la rencontre annuelle avec mon patron, il a dit que je n’étais pas à ma place, qu’il était tanné de me voir flâner, perdre mon temps et être bête avec mes collègues. J’étais un excellent technicien, mais un mauvais employé.

    Comment as-tu décidé d’ouvrir un café?
    Luc Sénéchal : Après la rencontre avec mon patron, j’ai appelé ma mère, ma grande
    confidente. Elle m’a rappelé que j’avais longtemps rêvé d’ouvrir un restaurant. J’imaginais ça comme plan de retraite : être au bar, servir des verres à mes amis et jaser avec les clients. Elle a proposé de m’accompagner dans le processus. J’ai suivi un petit cours en développement de plan d’affaires et en septembre 2015, j’ai ouvert De la brume dans mes lunettes, qui s’appelle maintenant Brume café, sur Saint-Zotique.

    D’où vient le côté british de l’endroit?
    Luc Sénéchal : Après mes trois premières années en architecture, je me suis inscrit au baccalauréat en relations internationales et en droit international de l’UQAM. J’ai fait un échange à Leeds, en Angleterre, pendant neuf mois. Cela dit, je n’ai jamais pris de afternoon tea ni mangé de scones là-bas. Je suis allé devant le Bettys, une institution à York qui sert le afternoon tea, mais j’étais incapable de me le payer.

    À mon retour à Montréal, j’ai eu envie d’offrir un afternoon tea plus abordable et d’une grande qualité. Aujourd’hui, on l’offre à 32$ par personne, contrairement à 50 à 70$ par personne dans la majorité des endroits à Montréal.

    À quel moment as-tu songé à commercialiser les scones à l’extérieur du café?
    Luc Sénéchal : En 2018, le café était relativement bien rodé. Je faisais l’ouverture, je finissais en milieu d’après-midi, je relaxais au parc, j’allais au gym et je courrais, mais je m’ennuyais. Je savais qu’on vendait des scones en quantité industrielle au café, environ 1000 par mois à l’époque; aujourd’hui près de 3000 par mois. Je me suis dit qu’on pourrait en vendre autant dans plusieurs endroits. Malheureusement, j’ai eu tort au début.

    Comment ça?
    Luc Sénéchal : Le commerce de détail alimentaire est très difficile à percer. Il y a beaucoup de compétition. Les marges sont faibles. Les clients ne sont pas faciles d’approche. Il y a beaucoup de travail de terrain. Aujourd’hui, ça va super bien et le scone est reconnu, mais il y a eu un long travail d’éducation pour démontrer que ce n’est pas sec ni plate.

    Le scone peut remplacer le muffin, être mangé au déjeuner ou servir d’accompagnement pour un repas. On répétait ça sans arrêt dans les dégustations en épiceries. Je le fais beaucoup moins maintenant. Les gens connaissent la marque. Le passage à l’émission « Dans l’œil du dragon » a beaucoup aidé.

    En quoi vos scones se démarquent-ils?
    Luc Sénéchal : Pur beurre, ingrédients naturels, pas d’agent de conservation ajouté. Un scone, c’est simple en théorie, mais moins en pratique. Tout est une question de dosage. La pâte doit être à la fois feuilletée et dense, mais il ne faut pas trop la travailler pour éviter que ça fasse un pain. On respecte la tradition et on a rendu le scone attrayant avec nos différentes saveurs (fêta-épinard-citron, cheddar-onions verts, lavande-chocolat blanc, earl gey, etc.)

    Es-tu toujours impliqué dans le café?
    Luc Sénéchal : De loin. Je supervise le macro à distance, mais pas le micro. Je pose des
    questions pour savoir comment les choses évoluent, mais je fais confiance à mon équipe.

    Quel est l’impact de ta vie entrepreneuriale sur ta vie personnelle?
    Luc Sénéchal : Ce n’est pas une job facile. Je ne ferais rien d’autre, mais c’est un pensez-y bien. L’entreprenariat est exigeant émotivement. Quand l’entreprise fonctionne, c’est formidable, mais c’est de la gestion de problèmes au quotidien : absentéisme, approvisionnement, commandes trop grosses, livraison, retours de clients, problèmes de congélateurs, etc. L’idée qu’on se fait du domaine finit un jour ou l’autre par tomber comme un château de cartes. C’est très fragile. La réalité est plus complexe qu’on l’imagine. Il y a parfois une période de solitude et de renfermement. On devient tellement occupé par le travail qu’on ne voit plus nos amis. Durant les deux premières années, je travaillais 7 jours sur 7, de huit heures le matin à sept heures le soir. Ça s’est placé par la suite. En plus, mon chum est entrepreneur lui aussi : il a ouvert son propre café qui s’appelle Brume cantine. On parle tout le temps de job.

    Quels sont tes projets futurs?
    Luc Sénéchal : Je veux stabiliser la croissance. On vend nos produits dans 45 épiceries
    de la même bannière aux États-Unis et j’aimerais en avoir un autre semblable. On va développer le marché du Canada-anglais dès septembre. Je veux faire reconnaître Le Monde Est Scone comme un incontournable à travers le Canada et le monde.

    INFOS | https://lemondeestscone.com/
    https://www.labrumedansmeslunettes.com

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