En 2016, le Montréalais Thomas Shapiro a lancé un compte Instagram dédié à sa chienne, Tika, une petite levrette (le féminin de lévrier) qui défile une série de looks plus stylisés les uns que les autres. Cinq ans plus tard, Tika the Iggy compte plus d’un million d’abonnés. Elle a fait la couverture de Vogue et de Clin d’œil, en plus d’être mise en lumière par des dizaines de médias à travers la planète. Habituée d’être le centre de l’attention de ses gay dads, la vedette poilue doit partager leur attention depuis la naissance du premier enfant des amoureux, grâce à une mère porteuse, le 24 mars dernier. Retour sur un phénomène.
Thomas, quel était ton objectif avec Tika à l’origine?
Puisque je prenais vraiment beaucoup de photos d’elle, je voulais éviter que mes proches trouvent que j’exagère en les partageant toutes sur mon compte Instagram, alors j’ai créé un compte qui lui était dédiée. Je la trouve drôle et unique, et comme elle est une levrette vivant à Montréal, elle a besoin de vêtements pour se protéger de la température et des
intempéries. Je me suis donc amusé à l’habiller.
As-tu une expertise en mode ou en marketing?
Pas du tout! J’ai été danseur professionnel sur des bateaux de croisières, avant d’étudier en gestion du commerce et de travailler en développement web. Cela dit, j’ai toujours eu une passion pour les photos. J’ai fait des essais et erreurs jusqu’à ce que je trouve ce qui fonctionne.
En 2016, j’ai partagé une photo d’elle avec un ensemble de dinosaure vert et rose, qui a généré beaucoup d’attention. La compagnie qui produit le vêtement m’en a envoyé d’autres. Plusieurs entreprises l’ont imitée. Depuis, Tika a accumulé près de 300 morceaux.
Quand as-tu senti que quelque chose de spécial se produisait?
Lorsque j’ai commencé à recevoir un paquet de vêtements par semaine! Dans le temps, on avait 60 000 abonnés et je trouvais ça énorme pour un compte de chien. Je sentais que les gens qui la suivaient l’aimaient beaucoup et que ce n’était qu’une question de temps avant qu’une publication devienne virale, ce qui est arrivé en décembre 2020 avec la vidéo humoristique sur tous les looks qu’elle n’avait pas pu porter en pandémie.
Outre les collaborations avec les grands magazines, quels ont été les moments les plus mémorables?
Quand l’agent de la superstar Priyanka Chopra nous a contactés pour créer une vidéo dans son appartement londonien. Lorsque des vedettes comme Jennifer Aniston, Lizzo et Diane Keaton lui ont fait des clins d’œil sur les réseaux sociaux. Et bien sûr la vidéo que nous avons faite en prêtant la voix de Lorena Pages à Tika, qui a été vue plus de 35 millions de fois seulement sur TikTok…
Est-ce devenu ton travail à temps plein?
Je ne suis plus gêné de dire que j’investis 20 à 30 heures par semaine avec Tika pour prendre les photos, faire les retouches, trouver des idées et interagir avec nos collaborateurs. Cependant, j’ai conservé mon emploi de jour. Je veux que Tika demeure un loisir.
Heureusement, elle a une agente qui la représente et qui m’aide à filtrer les demandes. Ça enlève beaucoup de choses de mes épaules et je peux me concentrer sur les trucs amusants.
Au début du printemps, vous avez vécu un autre moment unique en accueillant votre premier bébé, Harisson Charles Shapiro. Raconte-moi le processus pour avoir votre enfant?
Mon mari et moi avons toujours su que nous voulions des enfants. Nous sommes ensemble depuis 2012 et mariés depuis juin 2018. En juillet suivant, nous avons entrepris les démarches pour avoir un bébé avec une mère porteuse. Le Canada a de très bonnes lois pour encadrer le processus, si bien que plusieurs parents australiens, britanniques et néo-zélandais viennent ici pour faire pareil.
Au pays, l’Ontario et la Colombie-Britannique ont les meilleures lois.
Au Québec, elles ne sont pas mauvaises, mais elles rendent les choses plus compliquées qu’elles ne le devraient, alors que c’est déjà un très long processus ailleurs. Ça nous a pris 30 mois entre le premier rendez-vous chez l’avocat et la naissance de notre fils.
Quelles étaient les différentes étapes?
Le processus avec l’agence canadienne qui nous a matché avec une mère porteuse, que nous ne connaissions pas avant, mais qui est désormais une bonne amie et qui va continuer à faire partie de notre vie. Puis, les rencontres avec la travailleuse sociale et la documentation légale avec nos avocats pour aboutir à un contrat de 30 pages. Ça peut sembler superflu de l’extérieur, mais on ne sait jamais. On voulait s’assurer que tout le monde soit bien protégé, autant nous que la mère porteuse. Ensuite, il y a eu l’étape en clinique de fertilité. À quelques reprises, les transferts d’embryons n’ont pas fonctionné, ce qui était arrache-cœur. On a eu des hauts et des bas, mais on tenait à continuer. Plus on apprenait à connaître la mère porteuse, plus on avait du plaisir à passer du temps avec elle. Évidemment, elle devait gérer beaucoup de choses physiquement et émotivement. On essayait d’être là pour la soutenir, même si on avait parfois l’impression de ne rien pouvoir faire.
Comment avez-vous vécu la naissance?
Notre fils est né par césarienne d’urgence avec cinq semaines d’avance, le 24 mars. Avec la COVID-19, tout est plus strict dans les hôpitaux. Et notre bébé est né, alors que l’Ontario venait de retourner en confinement. Malgré tout, on a pu être sur place. On tenait à être là pour soutenir la mère porteuse et rencontrer notre fils. Il est né à 11h08 et on le tenait dans nos bras à 11h20.
Comment Tika réagit au bébé?
Beaucoup mieux qu’on le croyait! Tika n’aime pas les enfants et elle dort habituellement 22h par jour. Elle ne vit que pour dormir! Pourtant, depuis l’arrivée du bébé, elle interagit beaucoup plus avec nous. Elle est très curieuse, délicate et amicale avec lui. C’est évident qu’elle apprécie sa présence.
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