Encore une fois, de faux propos homophobes circulent sur les réseaux sociaux au nom d’athlètes australiens. L’organisation Swimming Australia a demandé à Meta — la société mère de Facebook et Instagram — de retirer de nouvelles publications attribuant à tort des déclarations anti-LGBTQ+ au nageur olympique Kyle Chalmers. Le champion, médaillé d’or aux Jeux de Rio, est le deuxième nageur australien à être visé par ce type de désinformation. Il y a deux semaines à peine, sa coéquipière Mollie O’Callaghan avait elle aussi vu de fausses citations haineuses circuler sous son nom.
Une fausse nouvelle virale et toxique
Le faux message, encore visible sur Facebook au moment d’écrire ces lignes, utilise une mise en page de type breaking news pour donner l’illusion d’un reportage authentique. On y lit notamment que Chalmers aurait menacé de quitter l’équipe nationale australienne si des « athlètes LGBT » y participaient, et qu’il aurait qualifié la fierté gaie de « stupide ». Ces propos inventés vont jusqu’à attaquer la nageuse trans américaine Lia Thomas, l’accusant d’être une « fraude » — un discours directement issu de la rhétorique anti-trans la plus virulente en ligne.
Le même procédé avait été utilisé pour créer de fausses citations attribuées à O’Callaghan, toujours à propos de Thomas, qui en 2022 est devenue la première femme trans à remporter un championnat universitaire de natation de la NCAA. Depuis, elle est devenue malgré elle un symbole de la croisade conservatrice contre l’inclusion des athlètes trans.
Swimming Australia rétablit les faits
Dans un communiqué officiel, Swimming Australia a tenu à démentir catégoriquement ces propos : « Des citations fabriquées circulent actuellement sur les réseaux sociaux au sujet de Kyle Chalmers. Il n’a jamais été interviewé par Swim Hub ou Swim Aquatics et n’a jamais commenté les athlètes LGBT ou transgenres », précise l’organisation.
L’association a également rappelé que Meta avait déjà été informée de ces fausses nouvelles il y a deux semaines, lors du précédent incident, et qu’elle tarde à retirer les publications litigieuses.
« Chalmers et Swimming Australia ont de nouveau demandé que les publications soient retirées », conclut le communiqué.
Ce n’est pas la première fois que la fédération australienne doit intervenir : elle avait publié un message similaire à la suite du canular impliquant Mollie O’Callaghan, précisant que l’athlète n’avait jamais tenu de propos sur les personnes trans.
Meta critiquée pour sa gestion de la haine en ligne
Ces fausses citations surviennent dans un contexte de relâchement du contrôle des contenus haineux chez Meta. En janvier dernier, son directeur général Mark Zuckerberg annonçait une refonte de la politique de modération de l’entreprise, promettant de « restaurer la liberté d’expression » tout en supprimant plusieurs équipes de vérification indépendante des faits.
Zuckerberg affirmait vouloir réduire la « politisation » de la modération et s’inspirer du modèle de Community Notesutilisé par X (anciennement Twitter), propriété d’Elon Musk.
« Nous revenons à nos racines, en simplifiant nos politiques et en restaurant la libre expression », déclarait-il. Mais ces changements ont été largement dénoncés par les groupes de défense des droits LGBTQ+, qui y voient une porte ouverte à la désinformation et à la haine.
Selon un rapport publié en 2024 par GLAAD, Meta échoue systématiquement à modérer les contenus transphobes extrêmes : insultes, théories du complot sur les personnes trans, apologie des thérapies de conversion — autant de publications toujours accessibles sur Facebook et Instagram.
Quand la désinformation devient une arme anti-queer
L’affaire Chalmers illustre un phénomène grandissant : la désinformation ciblant les personnalités publiques perçues comme “alliées” ou simplement neutres face aux enjeux LGBTQ+. En attribuant de faux propos homophobes à des athlètes respectés, ces campagnes cherchent à semer la confusion, à isoler les personnes queer et à nourrir la polarisation sociale.
Pour Swimming Australiaaro, il s’agit autant de protéger la réputation de ses nageurs que de refuser la banalisation des discours haineux : un combat qui dépasse largement les bassins de natation.

