Vendredi, 31 octobre 2025
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    La recherche pour documenter nos réalités, Tara Chanady du RLQ

    Chercheuse, détentrice d’un doctorat et directrice du Réseau des lesbiennes du Québec (RLQ), et nouvellement maman, Tara Chanady est emballée à l’idée de mettre sa vaste expérience au service de la communauté lesbienne qui lui est si chère.

    Elle a complété un doctorat en communications à l’Université de Montréal en 2021 et un postdoctorat à l’École de santé publique de l’UdeM en 2022, avec une spécialisation en santé mentale et dépendances dans le milieu LGBTQ+. Tout au long de son parcours, elle a dû se battre pour convaincre les autres de la valeur de ce qu’elle faisait. « Quand j’ai commencé dans le milieu académique en 2012, c’était tellement rare de trouver quelqu’un qui travaillait sur les enjeux LGBT, les [enjeux] lesbiens encore moins, raconte la chercheuse.

    Les connaissances sur les lesbiennes étaient tellement dévalorisées. Au bac, il y avait même un directeur de programme qui m’avait dit : “Pourquoi tu fais ça ? Ça ne sert à rien.” Ça m’a vraiment marquée. »

    Cette dévalorisation des enjeux queers — particulièrement ceux touchant la communauté lesbienne — entraîne un « trou phénoménal » dans les connaissances académiques sur la communauté, selon Tara Chanady. Elle explique que la recherche joue un rôle fondamental dans la survie des organismes comme le RLQ. Sans recherches, pas de données.

    Sans données, pas de compréhension de l’ampleur des différents phénomènes touchant une communauté. Sans compréhension, il est difficile de bâtir des dossiers pour demander des subventions ou faire du plaidoyer politique et médiatique. Sans subventions ni visibilité politique ou médiatique, peu ou pas de programmes en soutien aux communautés marginalisées.

    « Ça sert aussi à documenter nos réalités, tout simplement, poursuit-elle. C’est important de pouvoir exister, de ne pas être exclu.e.s de la communauté scientifique. Aussi, des recherches vont parfois faire des reflets sur des choses que d’autres personnes vivent, comme les enjeux de santé mentale, de violences conjugales. Le fait de rendre ces choses-là visibles, c’est super important. »

    Avec le RLQ, dont elle est devenue directrice en 2023, elle a lancé une vaste étude sur les communautés lesbo-queers au Québec, qui a par la suite été intégrée dans un projet pancanadien. Le RLQ a aussi tenu un colloque sur les enjeux lesbiens à Montréal en mars 2024, une initiative que Tara Chanady prévoit répéter l’année prochaine. Pour elle, en plus de combiner deux de ses passions — la recherche et l’événementiel —, ces expériences lui ont montré l’importance de la recherche au sein même de la communauté lesbo-queer, faite « par et pour » ses membres. « C’était vraiment très intéressant… d’analyser nos identités à travers les barrières linguistiques, à travers les barrières générationnelles. C’est quelque chose qu’on peut juste faire par et pour [notre propre communauté], je trouve. On comprend des nuances qu’on ne peut pas comprendre quand on ne fait pas partie de ces communautés-là. »

    Ses recherches ont permis de soulever, entre autres éléments, un déclin dans l’usage même du terme « lesbienne » par les jeunes femmes appartenant à la communauté LGBTQ+. Les femmes de 30 ans et plus ont davantage tendance à s’identifier comme « lesbiennes » que les plus jeunes, qui se voient plutôt reflétées dans le terme « queer ». Elle ne voit pas ce phénomène comme une menace pour la communauté lesbienne en tant que telle.

    « On essaie d’y aller de la façon la plus inclusive possible. On représente les femmes et les personnes de la diversité sexuelle. On inclut la communauté trans, à 100 %, c’est non négociable. Pour nous, ça fait juste notre force. » Toutefois, le RLQ compte bien garder le mot « lesbiennes » dans son nom, par respect pour ses racines dans le mouvement des droits gais et lesbiens des années 1990 et pour les personnes qui s’y identifient.

    « C’est effectivement un grand défi… de maintenir des barrières sécuritaires où tout le monde se sent bien, que les gens sentent qu’ils ne perdent pas leur espace, tout en accueillant les autres, relate-t-elle. Il y a eu des débats… mais je pense qu’on a réussi à trouver un bon terrain d’entente. » En septembre dernier, le RLQ a ouvert un appel aux propositions pour son colloque sur les solidarités lesbo-queers, prévu en mars 2026 à Montréal, qui marquera aussi ses 30 ans d’existence.

    INFOS | Pour en apprendre plus, écrivez un courriel à [email protected]
    https://rlq-qln.ca/fr

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