Mercredi, 10 septembre 2025
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    One’s own room Inside Kabul de Caroline Gillet et Kubra KhademiFemmes prisonnières chez elles 

    Avertissement de la part d’une relationniste du Festival pour le chroniqueur que je suis juste avant d’entrer dans la salle où est présenté One’s own room Inside Kabul de Caroline Gillet et Kubra Khademi : «ne pas mentionner dans le nom de la jeune femme dont on entendra la voix dans cette immersion au cœur de Kaboul. Elle a pu fuir l’Afghanistan mais reçoit aujourd’hui des menaces de mort. » Le ton est donné!

    NDLR : Cet été, notre journaliste Denis-Daniel Boullé était au Festival d’Avignon 2025. Voici l’un des textes sur l’une des œuvres inspirantes qui l’ont marqué… lors de son voyage.

    Une salle toute en longueur habitée par une longue table sur laquelle on retrouve un grand nombre d’assiettes et de plats richement colorés comme si nous étions invité.e.s à participer à une cérémonie festive. Le long de la longue table, des coussins où le public est invité à s’asseoir après s’être déchaussé. La lumière se tamise, quatre écrans s’allument, puis une voix off. Une jeune femme, en toute clandestinité, raconte son quotidien, des instants de sa vie, enfermée dans la maison de laquelle elle n’est pas sortie depuis des années. La prise de pouvoir par les Talibans en 2021 et l’application ultra-rigoriste de l’Islam a eu comme première conséquence d’enfermer dans leurs foyers des millions de femmes afghanes. La salle de séjour devient alors le seul endroit de résistance clandestine pour les femmes.

    Une voix dans la nuit. La jeune femme raconte ses journées, ses rêves d’étudier, son désir de sortir, dans le noir de sa chambre pour ne pas être vue, ouvrir la fenêtre de sa chambre et regarder le ciel de Kaboul. Ce qui lui fait dire un jour de pluie « Il pleut et j’ai l’impression que le ciel pleure sur Kaboul ». Son seul avenir, se voir contrainte à un mariage arrangé. En contrepoint, sur les écrans au mur, des images de la vie quotidienne dans les rues de Kaboul. Ne circulent que des hommes, accentuant ainsi le contraste avec toutes ses femmes invisibilisées, effacées. La voix de la jeune femme sonne comme un SOS, une bouteille jetée à la mer pour rappeler leur existence.

    Avant de devenir une installation immersive, les messages sont devenus des podcasts en deux saisons, « Inside Kabul » et « Outside Kabul » diffusés sur France Inter avant d’être adaptés en film d’animation pour la BBC et France TV. 

    Une piqûre de rappel afin que ces femmes ne soient pas oubliées. Et peut-être pour que nous ne nous contentions plus d’une simple indignation… stérile. 

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