En arrêt de travail depuis un an après avoir subi un harcèlement lesbophobe accompagné de menaces de mort, Caroline Grandjean-Paccoud, professeure et directrice d’école dans le Cantal, s’est donné la mort à la rentrée scolaire.
Le 1er septembre, Caroline Grandjean-Paccoud, directrice et enseignante de l’école de Moussages (Cantal, Auvergne), s’est suicidée. Âgée de 42 ans, elle était en arrêt de travail depuis l’année précédente, éprouvée par un harcèlement lesbophobe répété. Les menaces de mort qu’elle avait reçues l’avaient conduite à alerter l’académie de Clermont-Ferrand et à refuser d’organiser la rentrée 2023.
« Aujourd’hui, le temps est au recueillement et au soutien de toute la communauté éducative. Par respect pour ses proches, nous ne ferons pas d’autres commentaires sur les circonstances de ce drame », a réagi l’académie. Une cellule d’écoute a été mise en place dans la circonscription.
Selon Le Parisien, l’enseignante avait contacté une plateforme de prévention du suicide avant de se jeter dans le vide, depuis un site escarpé.

Deux ans de harcèlement
Les premiers signes de harcèlement remontent à 2023. Le 13 décembre, un tag « Sale gouine » est découvert sur le mur du préau de l’école. De nouveaux graffitis apparaissent quelques mois plus tard, dont « gouine = pédophile », en mars 2024. En parallèle, la directrice reçoit des courriers anonymes injurieux dans sa boîte aux lettres.
Caroline Grandjean-Paccoud dépose plainte à cinq reprises. Mais en mars 2025, l’enquête judiciaire est classée sans suite. Le harcèlement et les menaces, eux, continuent. Selon 20 Minutes, le rectorat lui propose alors un changement d’établissement, qu’elle refuse. Elle reste en arrêt maladie depuis septembre 2024.
Une enseignante respectée
« Madame Grandjean-Paccoud, reconnue pour son engagement, était une figure respectée du Cantal. Après des menaces anonymes en 2024, elle était en arrêt, mais l’académie suivait de près sa situation, préparant son retour en tenant compte de ses souhaits », indique le rectorat, qui présente ses condoléances à son épouse, à sa famille, à ses collègues et à ses élèves.
Son ami, l’auteur de bande dessinée Christophe Tardieux (alias Remedium), lui avait consacré une œuvre intitulée Cas d’école, décrivant sa détresse. Selon lui, Caroline se sentait abandonnée par l’institution : « Elle a très mal vécu le classement sans suite de sa plainte et la promotion de l’inspectrice qui, à ses yeux, ne l’avait pas soutenue. Le fait qu’elle ait choisi le jour de la rentrée pour mettre fin à ses jours est un message. »

Réactions et enquête ouverte
Thierry Pajot, secrétaire général du syndicat des directeurs et directrices d’école (S2DE), abonde dans ce sens : « Ce harcèlement l’a détruite et elle a préféré dire stop. Elle n’a été soutenue ni par l’institution, qui voulait la déplacer contre son gré, ni par la mairie. »
De son côté, le maire de Moussages, Christian Vert, s’était exprimé en septembre 2024 dans un droit de réponse au quotidien La Montagne, affirmant avoir « déposé plusieurs plaintes et saisi le ministère » : « Je tiens à rappeler que, mon conseil municipal et moi-même, avons toujours agi dans la limite de nos moyens et pouvoirs pour soutenir l’enseignante et faire cesser ces agissements. »
L’Éducation nationale a annoncé l’ouverture d’une enquête : « La rectrice de l’académie de Clermont-Ferrand va saisir sans délai la formation spécialisée Santé, Sécurité et Conditions de Travail départementale afin qu’elle puisse conduire les investigations et formuler les préconisations nécessaires. »