Nous vivons une époque lourde. Chaque fois qu’on allume la télé ou qu’on ouvre les réseaux sociaux, on est bombardé·e de mauvaises nouvelles qui, lorsqu’on est queer, peuvent avoir un impact direct et bouleversant sur notre vie.
Depuis son retour, l’administration Trump s’emploie à démanteler des droits durement acquis : attaques répétées contre les personnes trans, restrictions de liberté d’expression, reculs sur l’accès aux soins, et même tentatives de couper des millions de dollars de financement public destiné à la contraception.
Chaque événement majeur semble tôt ou tard se retourner contre la communauté LGBTQ+. L’exemple le plus criant est celui de la mort de Charlie Kirk. Bien que Kirk ait passé sa carrière à diaboliser les personnes queer et trans et à répandre des discours de haine, sa disparition l’a transformé en martyr, même aux yeux de célébrités qui se disaient alliées. Résultat : encore une fois, les personnes LGBTQ+ se retrouvent accusées, ciblées, ou instrumentalisées.
Après des années de progrès timides vers l’égalité, le Parti républicain — et plus particulièrement la mouvance MAGA — a renversé de nombreuses protections et planifie d’aller encore plus loin. Face à un tel climat, protéger sa santé mentale devient un défi immense pour les personnes queer et trans.
Des impacts psychologiques disproportionnés
Être marginalisé·e aux États-Unis n’a jamais été simple. Mais l’acharnement politique actuel frappe de plein fouet la santé mentale et le bien-être des personnes LGBTQ+. Les attaques contre nos droits et nos vies quotidiennes s’accumulent, et beaucoup vivent dans un état de tension permanente.
On observe une montée de l’anxiété, de la dépression, de la peur et du découragement. La spirale est aggravée par le cycle médiatique 24/7, qui entretient l’hypervigilance et l’impression de danger constant. Certain·e·s en viennent même à envisager de « revenir dans le placard » pour se protéger : garder un genre légal qui ne correspond pas à leur identité, restreindre l’accès à certains soins, ou effacer des signes visibles de leur différence par crainte d’être ciblé·e.
Comment protéger son équilibre mental
Il n’existe pas de recette unique, mais plusieurs pistes concrètes aident à préserver une certaine stabilité émotionnelle.
Miser sur la communauté
Le soutien collectif est essentiel. Créer et entretenir des espaces sécuritaires, que ce soit dans des groupes d’ami·e·s, des organismes communautaires ou auprès de professionnel·le·s allié·e·s, permet de briser l’isolement et de se sentir soutenu·e. Dans un contexte où les droits sont fragilisés, s’entourer devient un geste de survie.
Prendre des pauses du monde extérieur
Il est vital de décrocher de l’actualité et des flux d’informations. Partager des moments de légèreté est plus qu’un luxe : c’est un besoin. Organiser une soirée de création artistique ratée, un atelier de fanzine, une danse improvisée dans un parc — autant d’occasions de se rappeler que la joie existe encore et mérite d’être vécue.
S’offrir du repos et de la créativité
La machine médiatique est conçue pour nous épuiser. Refuser d’y participer en continu est une forme de résistance. Prendre du repos, dormir, ralentir, et s’investir dans des activités créatives — écrire, peindre, fabriquer, apprendre une nouvelle habileté — redonne un sentiment de maîtrise et nourrit l’estime de soi.
Trois gestes simples à faire dès maintenant
- Réduire son temps sur les réseaux sociaux : si une information est cruciale, elle finira par vous parvenir par d’autres canaux. Se protéger du défilement infini, c’est protéger son équilibre.
- Bouger et respirer : aller marcher, sans téléphone, simplement avec ses clés, permet de reconnecter avec soi-même et de relâcher la tension.
- Créer une bulle de sécurité : préparer une liste de personnes-ressources à contacter en cas de crise et s’assurer d’avoir un filet de soutien clair en cas de besoin urgent.
Tenir bon
Les temps sont sombres, mais céder au désespoir, c’est donner raison à celles et ceux qui veulent nous voir disparaître. Trouver refuge dans la communauté, cultiver la joie, protéger son repos et créer, même maladroitement, sont des actes de résistance. Il y a encore du beau dans le monde, et c’est précisément pour ça qu’il vaut la peine de se battre et de continuer à vivre pleinement.