Publié pour la première fois en 1988, et disponible en français dès 1991, ce roman a soulevé un enthousiasme sans nom à l’époque : certains, comme Edmund White, n’hésitant d’ailleurs pas à la qualifier de « meilleur roman jamais écrit par un auteur anglais sur l’homosexualité »!
Le prétexte est relativement simple : l’action se déroule en 1983 et met en scène William Beckwith, un jeune aristocrate de 25 ans qui se fait devoir de goûter aux multiples plaisirs de la chair que les hommes éveillent en lui.
Nous sommes avant l’arrivée du sida et aucune limite n’est donc présente à l’esprit de qui que ce soit et l’auteur ne se gêne d’ailleurs pas pour décrire avec moult détails de multiples parties de jambes en l’air.
Alors que William suit un bel Arabe dans des pissotières, la fellation promise se transforme plutôt en un bouche-à-bouche pour sauver un vieil homme qui s’est écroulé sur le carrelage. Le rescapé se révèle être un lord, Charles Nantwitch, qui a caché son homosexualité pendant la majeure partie de sa vie et qui demande subséquemment à William d’écrire ses mémoires, levant ainsi le voile d’une histoire secrète des plaisirs masculins pendant la première moitié du 20e siècle et dressant de troublants parallèles entre les comportements de cette époque révolue et ceux qui sont contemporains : sexualité, lutte des classes, homophobie.
Ceci l’amène à remettre en question la perception qu’il avait d’un passé, somme toute assez récent, ainsi qu’à révéler des liens troublants entre l’histoire de sa famille et celle de Charles. La langue et le sexe sont crus et poétiques à la fois dans la même veine que La ligne de beauté publié en 2004 et qui a remporté le prestigieux Man Booker Prize.
L’ouvrage n’était plus disponible depuis plus de dix ans et Albin Michel présente ici une toute nouvelle traduction établie en collaboration avec l’auteur.
Un roman captivant qui enchaîne les époques et les émotions avec virtuosité.
La piscine-bibliothèque / Alan Hollinghurst. Paris : Albin Michel, 2015. 544p.
