Warren Fischer et Casey Spooner, les deux membres du groupe électro-clash américain Fischerspooner, ayant fait les belles heures des années 2000 avec leurs trois premiers albums #1, Odyssey et Entertainment, n’ont pas l’air décidé à faire plus de concessions que par le passé.
Leur nouvel album Sir, sorti le 16 février dernier et entièrement produit par Michael Stipe de R.E.M. (on y croise aussi le producteur BOOTS), est une collection de titres homoérotiques électroniques envoûtants, composés par Spooner et Stipe, à l’endroit même où ils ont… baisé pour la première fois! Alors que le simple TopBrazil, qui s’accompagne d’un clip torride (une once de Depeche Mode, une tonne de corps musclés), remporte un succès évident dans les bars gais et les événements danse du circuit party, on a chatté avec le principal intéressé, Casey Spooner.
Pourquoi avoir mis si longtemps pour sortir un nouvel album de Fischerspooner ?
J’ai pris autant de temps que nécessaire. Et entre temps, j’ai créé beaucoup d’autres choses, en art visuel entre autres. L’industrie musicale est ultra lente également: sans blague, je suis prêt depuis février 2016!
Comment décrirais-tu Sir?
C’est une évolution. Nous sommes restés fidèles à nos racines musicales, mais Michael Stipe m’a poussé à aller plus loin, tant en termes de la composition des chansons que du chant comme tel..
Quelles ont été tes influences et tes motivations pour écrire cet album?
J’avais juré ne jamais refaire d’album. L’industrie musicale n’a pas été très tendre avec moi. Je préfère le monde de l’art. Mais Warren (Fischer, l’autre moitié de Fischerspooner, ndr.) m’a demandé de tester quelque chose tout de même et de travailler sur une chanson. Il était clair que nous partagions encore une alchimie. Donc j’ai fait ce nouvel album, parce que je crois plus en ma capacité de création qu’en ma perspicacité en affaires.
Tu as dit de cet album qu’il était «agressivement gai». Aussi, Michael Stipe et toi teniez à ce qu’il soit très clair que tu chantais à propos de relations homosexuelles, spécifiquement entre hommes. Pourquoi vouloir rendre ça évident dans les textes et les clips?
Quand le genre n’est pas spécifié dans une chanson, personne n’imagine qu’il s’agisse d’une histoire queer. Tout le monde part du principe que c’est hétérosexuel. Donc, afin de raconter correctement mon histoire, je devais rendre ça très clair que cet album parle d’amour gai, entre hommes.
Tu dis préférer le monde de l’art, tu as par ailleurs déclaré t’y sentir plus libre. Tu ne te sens pas libre dans l’industrie musicale?
L’industrie de la musique a beaucoup de règles, de formats systématiques. Quand je travaille dans le monde de l’art, l’effort est bien plus centré sur la création. Tu peux y faire tout ce que tu désires. À vrai dire, c’est même encouragé. Je ne retrouve pas les mêmes encouragements et soutiens dans la musique. J’y travaille car tu peux t’y connecter avec un public plus large. C’est à peu près tout!
C’était comment de travailler avec Michael Stipe et BOOTS?
Casey SpoonerMichael est l’un de mes plus vieux amis et mon premier amant. J’ai énormément de respect pour lui, c’est un merveilleux artiste. Il m’a guidé dans l’écriture de cet album et m’a encouragé à partager plus que jamais. Il m’a libéré en quelque sorte. Et il m’a aidé à exprimer ces nouvelles histoires queer. BOOTS est quant à lui arrivé à la toute fin d’un processus de deux ans, et a ramené une nouvelle excitation sonore dont nous avions besoin. Il a été un grand mentor et un soutien émotionnel, lui, qui comprend l’industrie musicale d’aujourd’hui. J’adore son travail avec Beyoncé et j’étais super enthousiaste à l’idée de travailler avec lui. Il a également ramené le génial Stuart White au mixage, qui a eu un très gros impact sur les six simples. Je me compte chanceux d’avoir travaillé avec ces gars si talentueux!
SIR de Fischerspooner