Lundi, 24 mars 2025
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    Le poids du silence et des non-dits

    Rien qu’une pièce du suédois, Lars Norén, dans une mise en scène signée Brigitte Haentjens et le choix est simple, on y a va les yeux fermés jusqu’au lever de rideau! Bien évidemment, dans la grande tradition scandinave, Lars Norén, est un dramaturge sombre. Les thèmes qu’il touche depuis des années sont tout d’abord la captation du monde ambiant qu’il décortique au scalpel. Les zones d’ombre se révèlent sous une cruelle lumière, les non-dits deviennent tout d’un coup assourdissant et donnent cette étrange partition : Sang. Mais comme l’auteur l’a plusieurs fois déclaré, si ces textes sont sans espoir, il espère qu’en réaction le public aura l’espoir de s’engager pour que ça change. 

    La situation : un couple d’origine chilienne réfugié à Paris après le coup d’état militaire de Pinochet de 1973. Elle est grand reporter et lui, psychiatre et porte la douleur de l’absence de leur fils. Ils ne l’ont pas laissé au Chili comme le résumé de la pièce l’indique sur le site de l’Usine C, celui a plutôt été enlevé. Leur couple ne les porte plus. Lui, a des aventures sexuelles avec de jeunes hommes. Jusqu’au moment où débarque un jeune qui percera nombre d’abcès du couple. Un dramaturge suédois, dans une mise en scène d’une québécoise, avec deux personnages exilés dans une grande capitale occidentale. Celles et ceux qui percevront à peine voilés, les thèmes de l’immigration et de l’intégration, du poids des racines, ne se seront pas trompés.  

    Pour Christine Beaulieu, qui incarne la journaliste, c’est une plongée dans un univers qu’elle ne connaît pas. «Je n’ai pas du tout vécu des événements aussi difficiles que cette femme dans ma vie, ni même abordé un personnage aussi intense, explique l’auteur et l’interprète de J’aime Hydro, elle et son mari n’arrivent pas à regarder vers le futur et à guérir les blessures, et donc il y a une très grande pesanteur et dureté dans leur relation qui touche au tragique».  Lars Norén n’hésite pas à plonger dans les profondeurs les plus secrètes des âmes, réveillant les blessures toujours portées en toile de fond par des événements sociaux et politiques. Si Christine Beaulieu travaille pour la première fois avec Brigitte Haentjens, ce n’est pas le cas pour Sébastien Ricard.  

    Le comédien, qui joue le rôle du psychiâtre, a été de nombreuses créations de Brigitte Haentjens, comme La nuit juste avant les forêts, et Dans la solitude des Champs de coton de Koltès ou encore Richard III d’après Shakeaspeare. Les personnages intenses, perdus, aux propos violents ne l’effraient pas. D’autant que ce psychiatre exilé lui parle profondément.

    «Chez Norén, l’intime et le politique sont indissociables, et pour ces deux personnages qui sont des militants, toute la difficulté est de s’ancrer dans leur société d’accueil, de savoir comment militer, auquel s’ajoute l’enfant disparu», commente Sébastien Ricard, «le tout dans une langue forte et pour une histoire diaboliquement ficelée». Au moment d’écrire ces lignes, Christine Beaulieu, Sébastien Ricard, ainsi que les deux autres comédiens, Alice Pascual et Émile Schneider, sont en pleine répétition. Avec la metteur en scène, ils continuent l’exploration des continents noirs des personnages eux-même le miroir des continents noirs de notre société actuelle. 

    SANG de Lars Norén, du 28 janvier au 15 février 2020, à l’Usine C. 
    + supplémentaires 18 + 19 + 20 FÉV 19h
    Mise  en scène : Brigitte Haentjens.  
    Infos et billets usine-c.com  

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