Sur scène, une chorégraphe et danseuse et un dramaturge, metteur en scène et comédien. S’installe entre eux une conversation qui les mènera à s’interroger et à interroger l’autre sur l’art, la création, l’interprétation et leur vie comme artiste. Le metteur en scène et comédien et créateur de Face à face, Jérémie Niel, s’est inspiré de Tête à Tête de et par Jean-Pierre Ronfard et Robert Gravel présenté en 1994 à l’Espace Libre. Le metteur en scène Jérémie Niel en compagnie de la chorégraphe Catherine Gaudet a décidé que cette rencontre improbable se ferait et il a invité la danseuse Louise Bédard, et le comédien Félix-Antoine Boutin à faire partie de l’aventure.
Ils et elles sont de plus en plus nombreux-ses à vouloir faire vivre aux spectateurs et aux spectatrices comment une œuvre naît, se construit. Quel est le travail qui se cache en arrière, les inspirations, les réflexions qui surgissent et qui tournent toujours autour du rôle de l’art dans nos vies, du rôle aussi du créateur, tout comme celui de l’interprète. Toute une «cuisine», qui est le plus souvent cachée. La recherche, les essais-erreurs, les grandes bouffées d’inspiration comme les soirs de désespoir où les concepteurs, comme les interprètes se demandent dans quelle galère ils ont embarqué, mais qui le lendemain, se remettent au travail avec la foi chevillée au corps d’obtenir enfin ce qu’ils et elles ont pensé, rêvé.
«C’est une inspiration libre de la pièce de Robert Gravel et de Jean-Pierre Ronfard, confie Jérémie Niel en entrevue, le moteur de départ avec une rencontre de deux artistes qui sont à la fois des créateurs et des interprètes. À partir de cette proposition, Catherine Gaudet et moi, nous nous sommes laissés une grande liberté». Au cours de l’entrevue, il est question de divagations sur l’art et la création, des questions que se posent les créateurs et des contradictions qui peuvent naître entre eux. Ils seront quatre sur scène à parler de ce qui les pousse à créer et comment ensuite ils accouchent d’une œuvre alors que tout au long du processus de la réalisation, le doute ne les quitte jamais. Et pour Jérémie Niel, en donnant à voir et entendre ces démarches différentes, il en sort «une poésie de la divagation et de la réflexion bien plus qu’une affirmation politique. Entre le doute du créateur et ce que le public peut voir dans une œuvre de fiction, on peut faire un parallèle et c’est ce qui nous intéressait dans notre démarche».
Le spectateur, la spectatrice découvrent alors ce qui lui est généralement caché, la gestation d’un projet, les premières esquisses qui prennent au fil du temps forme, les discussions entre les différents acteurs, accèdent dans des espaces où il et elle ne sont généralement pas ou peu autorisé.e.s à pénétrer, comme les coulisses, et les salles de répétitions. «Il y a d’ailleurs plus de coulisses montrées que de spectacle, ajoute le comédien Félix-Antoine Boutin, au cours de notre conversation, et c’était l’intérêt car nous sommes partis de rien, à part la proposition évoquée par Jérémie, nous avions une page blanche devant nous, c’était stimulant mais en même apeurant».
Pour rester au plus près de ce que peut être la genèse d’une création, il fallait que les quatre interprètes-créateurs soient ensemble. «Le texte s’est construit de différentes manières, continue Jérémie Niel, il y a des parties qui se sont construites à quatre, à partir d’improvisation, d’autres à deux, mais aussi à partir de textes qui ont déjà été écrits. Certains par Félix-Antoine, d’autres par Catherine, par Louise et par moi, mais tout c’est fait en studio».
Mais lors des représentations, il y aura encore des espaces pour l’improvisation, tout en respectant des conventions pour éviter un éparpillement. «Je travaille toujours avec des parties improvisées même sur des pièces très écrites, explique Jérémie Niel, dans ma dernière pièce, Noir, il y avait des scènes improvisées. Les comédiens savaient qu’ils devaient passer par cinq idées principales. Mais à l’intérieur de ces idées, ils pouvaient à tout moment sortir de leur texte, cela donne une autre texture, une rencontre avec une parole préparée et une autre plus spontanée».
Quand Jérémie Niel et Catherine Gaudet se sont rencontrés avec ce projet, ils ont cherché quels seraient les artistes qui pourraient embarquer dans cette recherche et cette exploration hors norme. Ils se sont tournés vers celles et ceux avec qui ils avaient déjà travaillé et avec qui ils avaient déjà développé une complicité. «Ce sont Catherine et Jérémie qui m’ont invité, précise Félix-Antoine Boutin, et j’ai tout de suite accepté car j’aimais qu’il soit question dans le même temps de création et d’interprétation, et de pouvoir échanger tout au long du processus».
Pour le public, aucun secret ne sera dévoilé, mais il pourra découvrir les chemins souvent tortueux des auteurs, dramaturges, chorégraphes et interprètes, qui les conduisent un jour à cette mise en danger, choisie, voulue, souhaitée de se retrouver un jour sur scène.
Face-à-Face de Jérémie Niel
6. 7. 8. 9 avril 2021 > 19 h
10. 11 avril 2021 > 14 h + 19 h
La Chapelle Scènes Contemporaines
Billets : 20 à 30 $ (taxes incluses)
https://billetterie.lachapelle.org/dates.aspx?owner=103&language=FR&codeEvent=FAF2020-2021